Né le 10 août 1892 à La Sauvetat (Puy-de-Dôme), fusillé le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; chef d’atelier ; militant communiste ; résistant FTPF.

Le père de Paul Chatrousse était propriétaire et sa mère, sans profession. Paul Chatrousse épousa, le 15 novembre 1919, Suzanne Juge ; ils eurent un enfant. Ils habitaient au 15 boulevard Voltaire, et depuis avril 1940 en pavillon au 25 rue Marius-Breton, à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine). Il travaillait comme chef d’atelier à la Société industrielle pour l’aviation (SIPA), 27-31 rue du Pont à Neuilly (Seine, Hauts-de-Seine), une usine de deux cent cinquante ouvriers.
La Brigade spéciale d’intervention (BSI) du commissariat de Colombes arrêta le 13 décembre 1942, Charles Gourio, manœuvre, demeurant à Bois-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Il était en possession d’une liste de huit personnes ayant versé de l’argent pour une femme d’emprisonnée, mère de quatre enfants. L’affaire prit de l’ampleur et le commissaire de Colombes demanda du renfort. Les BSI des commissariats de Puteaux, Courbevoie, celle des Renseignements généraux prêtèrent main-forte, sous l’autorité du commissaire divisionnaire de Boulogne-Billancourt. Quatre-vingts militants et militantes communistes furent appréhendés entre le 14 et le 31 décembre 1942. Les policiers apprirent que le responsable « masse » de l’usine SIPA se nommait Chatrousse dit Papin.
Les policiers se présentèrent le 24 décembre 1942 à la SIPA. Le directeur convoqua Chatrousse, qui arriva dans le bureau directorial, accompagné de quatre ouvriers. D’autres comprirent que la police allait l’arrêter et ils quittèrent leur poste de travail. Certains pénétrèrent dans le bureau, munis de barres de fer, selon la police. Les policiers dégainèrent leurs pistolets sans toutefois les utiliser. Sous la protection des ouvriers, Paul Chatrousse prit la fuite. Le fugitif n’était pas un inconnu des forces de répression, il était signalé comme un propagandiste, distributeur de tracts communiste et une perquisition le 12 novembre, à son domicile s’était révélée infructueuse. Quatre ouvriers furent arrêtés ce 24 décembre, conduits au commissariat de Neuilly et relâchés le soir même.
Un dispositif policier fut déployé pour contrôler la sortie des travailleurs. Les policiers se rendirent alors compte que cinquante-quatre ouvriers avaient quitté l’usine en empruntant d’autres issues. Les complices de Chatrousse étaient donc parmi ceux-là. André Paupy, trente-trois ans, de Clichy, fut suspecté car il avait alerté les ouvriers. Il était connu pour avoir déclenché une grève le 29 septembre 1938 aux Établissements Thomson-Houston, à Paris. Il était soupçonné d’avoir participé à un attentat par bouteilles incendiaires aux usines SOGA, à Paris, le 19 septembre 1941 ; une perquisition fut effectuée trois jours plus tard à son domicile par la police allemande ; il subit un interrogatoire au siège de la Kommandantur, place de l’Opéra, et fut relaxé peu après.
Après cette alerte, Paul Chatrousse entra dans l’illégalité. Responsable interrégional, il fut arrêté le 10 août 1943. Il disposait de deux domiciles clandestins à La Courneuve (Seine, Seine-Saint-Denis), 2 rue Lucienne et 23 avenue Victor-Hugo. Dans ce dernier refuge, un pistolet 6,35 mm fut découvert, ainsi que des documents sur les FTP. Il devait comparaître le 23 octobre 1943 devant la Section spéciale de la cour d’appel de Paris en compagnie de trente-neuf arrêtés de décembre 1942. Le 1er octobre 1943, Paul Chatrousse était condamné à mort pour « aide à l’ennemi » par le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Passé par les armes le 6 octobre au Mont-Valérien, il fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Il y eut trente fusillés ce jour-là ; leurs noms furent gravés sur une plaque à l’entrée du cimetière parisien d’Ivry : « À la mémoire des victimes du nazisme fusillés le 6 octobre 1943. Souvenez-vous », ainsi que sur le monument aux morts de la commune d’Issy-les-Moulineaux.
Sa femme Suzanne porta plainte le 7 mars 1945 contre les inspecteurs responsables de sa mort.
Il fut homologué, à titre posthume, sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Sources

SOURCES : Arch. PPo, BA 2056, BA 2297, KB 53, KB 102. – DAVCC, Caen, Boîte 5 B VIII dossier 4 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb.

Daniel Grason

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