Né le 16 mars 1915 à Montmorillon (Vienne), fusillé le 26 février 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; typographe ; militant communiste, résistant FTPF.

Alexandre Dallais
Alexandre Dallais
Fils d’Alexandre, mécanicien, mobilisé et de Françoise, née Hureau, son père mourut probablement de blessures à la suite des combats de la Première Guerre mondiale. Alexandre Dallais fut adopté par la Nation le 19 mars 1922 par jugement du tribunal civil de première instance de Paris. Il épousa Adèle Le Faucheur, bobineuse, le 23 janvier 1937 en mairie de Montmorillon, le couple eut un enfant. La famille vivait 50 rue du Général Roguet à Clichy (Seine, Hauts-de-Seine).
Le 18 octobre 1942, cinq inspecteurs de la Brigade spéciale n° 1 interpellaient Charles Grosperrin, nommé récemment responsable interrégional des FTP de la région parisienne. Selon le rapport de la police, lors de la fouille, un "passe" était trouvé sur lui, avec l’adresse de Jeanne Colombier, 23 rue du Docteur Émile-Roux à Clichy. Les policiers appréhendaient celle-ci à son domicile le lendemain. Alexandre Dallais fut arrêté chez lui le 19 octobre, il militait dans l’appareil illégal du Parti communiste depuis 1941, travaillait dans une imprimerie et avait tiré des tracts à l’insu de son patron. Il gérait un dépôt de matériel au 33 de la rue Victor-Hugo, dans la même ville, des tracts y furent découverts. Son domicile fut perquisitionné, des papillons et des imprimés de questionnaires biographiques saisis.
La sœur d’Alexandre Dallais, couturière à domicile fut aussi appréhendée chez son frère. Son domicile fut fouillé en son absence. Le lendemain, alors qu’elle regagnait son domicile, elle constatait la disparition de cinq rouleaux de tissus, de dix-huit paquets de tabac, de bouteilles de vins fin, de son poste de T.S.F. et de quatre mille francs en espèces.
Lors de son passage dans les locaux des Brigades spéciales, Jeanne Colombier vit Alexandre Dallais « odieusement brutalisé » par un inspecteur. Internée par les Allemands le 18 décembre 1942 au camp des Tourelles boulevard Mortier, XXe arr., puis transférée le 16 février 1943 à celui de La Lande (Indre-et-Loire) et enfin à Poitiers (Vienne), d’où elle fut libérée à la fin août 1944, à l’âge de cinquante-trois ans. Cécilia Garcia, quarante-huit ans, de Clichy fut aussi arrêtée, elle aurait servi de liaison avec le parti communiste et fourni des cartes de pain à des Espagnols qui en étaient dépourvus. Elle fut écrouée au dépôt, ensuite à Fresnes à la disposition des allemands, puis internée administrativement aux Tourelles. Elle fut relaxée le 1er septembre 1943.
Le 8 janvier 1945, Adèle femme d’Alexandre Dallais témoigna et porta plainte. Dans les locaux des Brigades spéciales, son mari avait été frappé, à coups de nerf de bœuf, jusqu’à ce qu’il perde connaissance, il était resté deux jours sans pouvoir remuer. Sa sœur fit de même, elle attesta que lors de son arrestation, il fut giflé par l’un des inspecteurs. Lors de la perquisition domiciliaire effectuée en l’absence de sa femme, furent volés cinq rouleaux de quarante mètres de tissu, huit mètres de lainage pour manteau, dix-huit paquets de tabac, quelques bouteilles de vin fin, un poste de T.S.F., quatre mille francs en espèces, ainsi que des denrées alimentaires.
Conduit au dépôt, puis livré aux Autorité allemandes, incarcéré à Fresnes, Alexandre Dallais fut déféré le 16 février 1943 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas, VIIIe arr., con Châteaumeillantdamné à mort « pour intelligence avec l’ennemi », il fut exécuté le 26 février au Mont-Valérien.
Alexandre Dallais fut inhumé après-guerre au cimetière de Clichy, dans le carré des fusillés. Son nom figure sur le monument des fusillés et des morts en déportation, place de la République à Clichy, ainsi que sur le monument aux morts de Montmorillon, où une rue de sa ville natale porte son nom.
Adèle sa femme mourut à l’âge de soixante-quatre ans le 8 octobre 1975 à Châteaumeillant dans le Cher.
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Le Journal de guerre de l’Abbé Stock évoque sa mort.
"Vendredi 26.2.43
10 exécutions
Visites à Fresnes. Y suis prévenu de 10 exécutions. Suis resté pendant le déjeuner. Visité plusieurs dans la 3ème division.
Les noms des 10, pour activités de francs-tireurs, détention d’armes, etc. : Leblanc Georges, Aubervilliers, rejeté (mon assistance).
Lefranc Frédéric, Aubervilliers, ni confessé ni communié, mais ai prié avec lui au poteau, belle mort.
Gargam Marcel, Aubervilliers, s’est confessé, a communié son frère est prêtre. Belle mort. Rabot Gabriel, prié au poteau, me donna un peigne et mourut les mains jointes. Femme alsacienne.
Berthelot Marcel, rejeté.
Récouraut ]Recourat Victor, s’est confessé, a communié, belle mort.
Dupont Lucien, le chef, beaucoup d’attentats sur la conscience, communiste des pieds à la tête, chanta l’Internationale et dit en allemand : « Ich bin glücklich, für mein Vaterland sterben zu können » (Je suis heureux de pouvoir mourir pour mon pays). Rejet. Il se fichait de la mort, a joué chaque jour avec la vie pendant 14 mois. Etait complètement captivé par les idées bolcheviques.
Grosperrin Charles, très calme, s’est confessé, a communié.
Dallais Alexandre, a refusé, habite 34, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, Paris Vème. Bolzer Pierre, de St-Ouen, refusa tout secours spirituel. Avait appris le jour même la naissance de son fils. Né le jour où il fut condamné à mort.
Enterrés tous les dix au cimetière d’Ivry, 47ème division 1ère ligne."
Sources

SOURCES : Arch. PPo, KB 30, KB 50, KB 87, KB 96, PCF carton 13, 77 W 5357-301497. – Arch. DAVCC Caen, boîte 5 B VIII dossier 4 (notes de Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des hommes.- Site Mémorial GenWeb. – État civil, Montmorillon, Site Internet Match ID.

Iconographie
Phhtographie : Arch. PPo. GB 147 (D.R.)

Daniel Grason

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