Né le 13 avril 1901 à Valenciennes (Nord), fusillé le 21 mars 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; architecte, professeur, directeur de l’École d’architecture de Paris ; résistant membre du réseau de renseignements Phill.

Fils de Eugène et de Léa, née Polard, Fernand Fenzy épousa le 27 juillet 1922 à la mairie du VIe arrondissement de Paris Lucienne Ducœur-Joly, vingt-six ans, née à Brou (Eure-et-Loir). Le couple eut un fils, Daniel, né en 1923 à Paris (XIVe arr.).
Du recrutement d’Arras, classe 1921, Fernand Fenzy était sergent de réserve au titre du génie. Lors de la déclaration de guerre, il fut affecté spécial à la fabrication des masques à gaz. Démobilisé en juillet 1940, séparé de sa femme, il vivait seul 12 rue Émile-Duclaux (XIVe arr.).
Directeur de l’École d’architecture de Paris, architecte, il était associé avec M. Carreau, architecte communal d’Antony (Seine, Hauts-de-Seine), tous les deux disposant de bureaux au 44 avenue d’Orléans dans la même ville. Il était vice-président de la Société des architectes diplômés de l’ École spéciale d’architecture fondée en 1868 qui regroupait cent quarante-sept adhérents.
Robert Fenzy fit partie dès juin 1941 du réseau de renseignements Phill qui travaillait pour l’Intelligence Service, et qui devint le réseau Alibi. Un cabinet dentaire où exerçait un autre membre du réseau, Georges Paulin, servait de plaque tournante. L’homme qui tenait le cabinet dentaire, Durren-Berger, était surveillé par la police française comme pro-nazi. En fait, il était également un agent occasionnel du 2e bureau, il ignorait les activités de Paulin et réciproquement.
Durren-Berger, d’origine alsacienne, parlait couramment l’allemand et le cabinet dentaire était fréquenté par une clientèle allemande, notamment par l’ambassadeur Otto Abetz ; Hermann Brandt dit Otto, chef de l’Abwehr en France ; Von Stülpnagel, commandant des troupes allemandes ; Daniel Dubois, numéro 1 français de la Gestapo à Paris ; plusieurs consuls etc.
Georges Paulin et l’architecte Fernand Fenzy avaient un ami commun, un ingénieur suisse, surveillé comme pro-nazi par les services de police français. Il était aussi un agent occasionnel du 2e bureau. Il parla. Alors qu’il effectuait un déplacement dans le département du Nord, Fernand Fenzy fut arrêté le 1er novembre 1941 par des membres de la Gestapo française dirigée par Bonny et Lafont. L’agent Phill 704 fut livré aux Allemands, tabassé, torturé. Les interrogatoires se succédèrent.
Incarcéré dans le quartier allemand de la prison de Fresnes, Fernand Fenzy comparut le 20 mars 1942 devant le tribunal militaire du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), en compagnie de cinq autres membres du réseau : Georges Paulin, ingénieur, dentiste ; Jacques Kellner, carrossier ; Étienne Stéphane, dessinateur ; Roger Raven, ferreur. Il y eut cinq condamnations à mort pour « espionnage et aide à l’ennemi » et une peine aux travaux forcés à perpétuité à l’encontre de Marius Roubille, qui, déporté à Mauthausen (Autriche), mourut le 11 avril 1945 à Gusen.
Fernand Fenzy et ses compagnons furent passés par les armes le 21 mars 1942 au Mont-Valérien. Son nom figure sur les monuments aux morts d’Antony et du Plessis-Robinson, sur la plaque commémorative des morts de 1939-1945 à l’École d’architecture de Paris (254 boulevard Raspail, XIVe arr.). Il fut nommé sous-lieutenant FFI à titre posthume.

L’abbé allemand Franz Stock l’évoque dans son Journal de guerre :
« Samedi 21.3.42
Matin, appris à Fresnes que 6 [prisonniers] doivent être fusillés dans l’après-midi, je les préparai lentement à la nouvelle, 5 avaient été condamnés la veille, sentence immédiatement confirmée.
Paulin, Georges, 1, place du 14 juillet, Malakoff
Raven, Roger, 89, rue des Boulets, XIe
Kellner, Jacques, 80, rue Spontini, XVIe
Étienne, Robert, 2, rue du théâtre, XVe
Fency, Fernand, 10, square de Port Royal, XIIIe [en fait FENZY]
Gourdain, Raymond, 175, rue Boutillerie, Amiens
Les 5 premiers se confessèrent et communièrent, le dernier était arrivé la vieille d’Amiens, où condamné à mort, mais exécuté à Paris, n’était pas baptisé, athée, mourut ainsi, sans assistance religieuse. Les autres écrivirent des lettres avant, étaient plein de courage, départ de Fresnes à 3 heures, puis fusillés à 4 heures, enterrés à Ivry. »
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 77W 373, 77W 1216. – DAVCC, Caen, Boîte 5 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet Georges Paulin. – Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017, p. 73. — Mémorial GenWeb. – État civil.

Daniel Grason

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