Né le 16 mai 1923 à Vincennes (Seine, Val-de-Marne), fusillé le 20 novembre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier manœuvre ; résistant FTPF.

Michel était le fils de Louis, ingénieur électricien, et d’Émilie, née Winckler, sans profession. À l’issue de sa scolarité il obtint le CEP. Il travaillait comme manœuvre aux Établissements Krammer, avenue du Maine, à Paris (XIVe arr.), et demeurait chez ses parents 4 bis rue Antonin-Bourdelle (XVe arr.).
Le responsable des cadres du Parti communiste, Pierre Brossard dit Philibert, fut arrêté le 1er mars 1943. Lors de la perquisition les inspecteurs de la BS1 saisirent entre deux cent cinquante et trois cents fiches ou notices biographiques de militants communistes, dont celle de Pierre Schlup. Celui-ci fut appréhendé le 22 mars 1943 par la BS2 antiterroriste. Emmené dans les locaux des BS à la préfecture de police, il fut sévèrement frappé à coups de nerf de bœuf. Sa chute entraîna celle d’une quarantaine de membres des groupes FTP.
Arrêté le 23 mars, Roger Comte dit Duriez révéla qu’un de ses anciens camarades d’école, Michel Gatebois, fut présenté par lui à Pierre Schlup. Il minimisa son propos : « Je ne crois pas qu’il ait accepté les propositions de Pierre Schlup car, après avoir causé avec lui, il ne s’est pas rendu au rendez-vous fixé. » Les policiers ne se précipitèrent pas pour appréhender Gatebois, d’autres étaient davantage impliqués que lui au sein des FTP, et ils arrêtèrent une douzaine d’entre eux.
À l’heure du repas, le 28 mars à 12 h 30, au domicile de ses parents, deux inspecteurs de la BS2 appréhendèrent Michel Gatebois. Fouillé, il était porteur d’un carnet où étaient notés des rendez-vous. Emmené au siège des BS à la préfecture de police, il confirma son appartenance aux FTP par l’intermédiaire de Roger Comte qui lui présenta les FTP comme une « organisation patriotique ». Il ajouta : « J’ai toujours ignoré qu’il s’agissait d’une organisation communiste ». Il rencontra Roger Chevy dans un café de la Porte Clichy qui le présenta à Pierre Schlup.
Il fut chargé de reconnaître si des entrepôts de bois situés Pont-Mirabeau, Paris (XVe arr.), rue de Rémusat et avenue de Versailles, Paris (XVIe arr.), étaient bien gardés. À terme, une équipe de FTP devait y mettre le feu. Il rendit compte de ses observations et n’eut plus aucun contact. Il ne possédait aucune arme et ne prit part à aucune autre action. Ses rendez-vous passés et ses observations des entrepôts étaient portés sur son carnet.
Incarcéré au quartier allemand de la prison de Fresnes, jugé par le tribunal du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), il fut condamné à mort pour « activité de franc-tireur » et exécuté le 20 novembre 1943 au Mont-Valérien.
Son inhumation eut lieu dans le carré des corps restitués au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Dernière lettre
 
"Fresnes, 20 novembre 1943
Ma chère pauvre maman,
La confirmation pour ma condamnation à mort a été confirmée et signée par le tribunal militaire allemand. J’attendais mon recours en grâce, il a été rejeté. Je dois être fusillé aujourd’hui le 20 novembre 1943 à 8h.
Je n’ai pas beaucoup de chose à te dire ma pauvre maman, mais ma dernière pensée sera pour toi. Je sais que je t’ai fait un peu de peine dans ma vie, mais cette fois-ci je plaide les circonstances atténuantes. Je n’ai pas eu beaucoup de veine aussi bien dans le travail que lorsque j’ai voulu entreprendre quelque chose, et je suis certain que tu me pardonnes.
Tu m’as demandé de faire un vœu quand tu es venue à la visite. Je ne sais pas si j’ai bien compris mais sans doute c’était une promesse que je devais faire à Dieu. Cette promesse était de ne pas être en « bise bise » avec mon pauvre Papa et cette promesse je l’ai faite.
Je m’en vais content et malheureux de te quitter car je n’ai rien sur la conscience.
Tu remercieras monsieur Lefort pour ses déplacements. Tu diras à Bernard et à Loulou que je les ai toujours aimés et de tout mon cœur.
Je ne trouve pas les mots qui conviendront mais je sais que tu les devineras.
Donc, adieu ma pauvre maman et frères et Père et tous les amis. Je saurais mourir comme un Français doit mourir.
Michel.
Je viens de recevoir la visite de l’aumônier. Je vais recevoir les derniers sacrements ! J’ai toujours été copain avec le bon Dieu, c’est pour cette raison que j’irai droit au ciel avec « Mamé ».
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 2117, BA 2299, KB 1, PCF carton 8 rapports hebdomadaire sur l’activité communiste. – DAVCC, Caen, Boîte 5 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil. — Notes de Jean-Pierre Ravery.

Iconographie
PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 179.

Daniel Grason

Version imprimable