Né le 4 mai 1921 à Paris (XVIIIe arr.), condamné à mort, fusillé le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur mécanicien ; membre des Jeunesses communistes ; résistant FTPF.

Fils de Paul, modeleur, et de Jeanne, née Labrousse, Alexandre Honvault vivait chez ses parents, 50 rue des Cités à Aubervilliers (Seine, Seine-Saint-Denis). Il suivit l’école primaire, savait lire et écrire, passa un brevet professionnel. Il vécut son adolescence à Lesquin-lez-Lille (Nord), adhéra à la Jeunesse communiste en 1938 et prit part aux grèves de cette année-là. Il quitta le Nord pour Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine), travailla à la société Le Matériel téléphonique (LMT) qui fabriquait des centraux et chez Bréguet dans l’aéronautique.
Après la guerre, il regagna le Nord, fut employé dans une entreprise allemande, puis regagna la région parisienne au printemps 1941. Il travailla chez Barbier Bénard Turenne (BBT) à Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis), spécialisé dans la fabrication d’optiques pour phares, et distribua des tracts du Parti communiste à l’intérieur de l’usine. Dans le courant de l’été 1942, il fut embauché chez Caudron-Renault à Boulogne-Billancourt, qu’il quitta en novembre pour travailler chez des amis dans une ferme, en Bretagne. Il regagna Aubervilliers en avril 1943. Il fut contacté par Yves, responsable politique des Jeunesses communistes de la région Nord. Alexandre Honvault devint responsable régional à l’organisation. Il fut en contact avec Pierre (Pontoise), Robert (Champagne-sur-Oise), Hubert (Saint-Denis). L’appareil technique était rue des Écoles à Aubervilliers, et la police le démantela fin avril. Le contact avec l’organisation clandestine fut rompu.
En juillet ou août 1943, Marie Sicard, une vague connaissance de ses parents, lui présenta Bernard Colas, qui habitait un hôtel de La Courneuve (Seine, Seine-Saint-Denis), près du carrefour des Six-Routes. Ce dernier le mit en relation avec Paul Chatrousse, en vue d’un travail. Bernard Colas ignorait tout de l’activité clandestine de Chatrousse, dit Boudet. Alexandre Honvault reprit ainsi contact avec l’organisation clandestine, et fut mis en relation avec Henri, Jean le Rouquin, Le Sourd, Bourgeois et Max (André Chassagne*).
Henri lui attribua le pseudonyme de Julien, et lui donna l’ordre de se rendre le 9 octobre 1943 à La Varenne-Saint-Hilaire (Seine, Val-de-Marne) pour y cambrioler un pavillon temporairement inoccupé. Alexandre Honvault prit le train à la gare de la Bastille vers 13 heures et arriva une heure plus tard. Jean le Rouquin l’attendait à la gare ; ils rejoignirent les membres de l’équipe venus en vélo. Ils entrèrent dans le pavillon par effraction afin de le cambrioler. Sur la table du salon, l’un posa un papier sur lequel il écrivit au crayon : « Avec nos remerciements, à la prochaine et merci. » Dans la cour, trois bicyclettes, une remorque et de nombreux paquets ficelés étaient abandonnés. Les plaques d’identités des vélos portaient les noms de Pierre Liebecq, François Marais et Robert Chapuis, la remorque ne portait pas d’immatriculation. Ils étaient venus avec des provisions ; ils mangèrent des victuailles, burent des bouteilles de vin trouvés sur place, s’attardèrent... et décidèrent de dormir sur place.
Vers 21 h 30, des voisins remarquèrent que de la lumière filtrait du pavillon du 65 avenue Albert-Ier, et soupçonnèrent la présence d’inconnus. La gendarmerie, prévenue, se rendit sur les lieux et demanda des renforts au commissariat de Saint-Maur-des-Fossés. Un voisin sortit et demanda à un homme ce qu’il faisait auprès de la vanne extérieure du compteur d’eau ; un autre faisait les cent pas sur la berge de la Marne ; l’un sortit une arme. Maurice Q. n’insista pas.
Gendarmes et policiers étaient sur les lieux vers 22 h 45. Des hommes étaient dans la cave. Les policiers crièrent « Hauts les mains ! » L’arme de Chassagne s’enraya, il prit des mains celle d’Honvault. Des coups de feu furent échangés. Alexandre Honvault fut blessé d’une balle dans la cuisse droite, il leva les mains en l’air et s’effondra à terre. Quant à André Chassagne*, il fut blessé de deux balles. Les policiers trouvèrent quelques balles dans les poches d’Alexandre Honvault, un trousseau de sept clefs, une musette contenant un vilebrequin, une chignole, une pince, deux forets et une pince-monseigneur. Les deux hommes furent transportés à l’hôpital de Créteil. Le commissaire de Saint-Maur-des-Fossés procéda aux premières constatations, et enregistra les déclarations des appréhendés. Alexandre Honvault était inconnu de la police.
Des inspecteurs emmenèrent les deux hommes à l’hôpital de la Pitié (XIIIe arr.). Les interrogatoires furent menés à leur chevet par le commissaire de la BS2 Jean Hénoque. Les méthodes n’étaient pas celles du commissaire de Saint-Maur-des-Fossés. Il y eut plusieurs interrogatoires ; le 19 août, soit dix jours après son arrestation, Alexandre Honvault retraça son parcours, et fit part de ses contacts.
Transférés dans le quartier allemand de la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne), Alexandre Honvault, André Chassagne*, Émile et François Marais, Louis Wallé, Marcel Kaufmann, Peter Snauko, Chuna Bajtsztok, Maurice Pirolley et Roland Vanoverschelde comparurent le 1er octobre 1943 devant le tribunal du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), et furent condamnés à mort « pour activité de franc-tireur ». Alexandre Honvault fut passé par les armes avec ses camarades le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien.
Après la Libération, il fut inhumé dans le carré des corps restitués au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Son nom figure sur le monument aux morts d’Aubervilliers et sur la plaque « À la mémoire des victimes du nazisme fusillés au Mont-Valérien le 6 octobre 1943 » apposée contre le mur du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine.
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Dernière lettre
 
6 octobre 1943.
Mes chers parents,
Ma chère mère,.
Mon père bien-aimé,
Soyez forts. comme je le suis. Soyez courageux. Encore une fois, soyez courageux. Dans une ’lettre précédente, je vous avais annoncé ma condamnation. J’espérais néanmoins la clémence. Maintenant, plus d’espoir pour ma vie, Je vais mourir, en héros, en patriote, en soldat d’une France qui sera demain libre, forte, heureuse
A l’exemple, je confirme les paroles de Gabriel Péri : « Je meurs pour préparer des lendemains qui chantent », je meurs avec la conviction d’avoir fait mon devoir, de Français, de ne point être compté parmi les lâches. Je sais aussi qu’il reste assez de camarades pour continuer la lutte jusqu’à la libération...
Votre fils bien-aimé,
Alexandre
Gloire aux camarades !

I
Sources

SOURCES : Arch. PPo., Carton 15 activités communistes pendant l’Occupation, 77W 128. – DAVCC, Caen, Boîte 5 B VIII dossier 4 (Notes Thomas Pouty). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Paris (XVIIIe arr.).

Daniel Grason

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