Né le 25 décembre 1922 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), fusillé le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; employé de bureau ; résistant FTPF.

Marcel Kaufmann en 1938
Marcel Kaufmann en 1938
Fils d’Oscar et de Berthe, née Droméré, Marcel Kaufmann alla à l’école primaire, poursuivit des études et obtint le brevet commercial. Il demeurait chez ses parents au 22 rue Victor-Hugo à Nancy. Il travailla comme employé de bureau à la société Socosel jusqu’au 1er février 1943. Désigné au titre du Service du travail obligatoire (STO) pour travailler sur les chantiers de l’organisation Todt à Sainte-Marguerite, près de Saint-Nazaire (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), il s’y rendit le 13 février, resta deux jours, gagna Paris, décidé à ne plus revenir. Il alla vivre chez sa cousine Denise Halbique. Sa mère envoyait de l’argent pour couvrir ses frais.
Chez sa cousine, il fit connaissance avec Joseph Gauthier qui l’informa de sa prochaine entrée dans une organisation anti-allemande. Il accepta quand il apprit que son père venait d’être interné sur ordre des autorités allemandes. Gauthier lui remit une lettre de recommandation à l’intention de Mireille (Berthe Laskar), marchande de primeurs rue Montorgueil à Paris (Ier arr.). Il fut présenté à Théobald Rochais, restaurateur près de la place Saint-Michel (Ve arr.). Plusieurs rendez-vous eurent lieu avec Gilbert (Maurice Bécasse), c’était une façon de le tester. Il rencontra enfin Dédé (Chuna Bajtsztok), chef de groupe. Marcel Kaufmann, militant désormais appointé, devint Petit, matricule 4058.
Il raconta à sa cousine qu’il avait un travail, la quitta, loua une chambre à l’hôtel Bel-Air, 102 boulevard de Picpus (XIIe arr.). Il fit connaissance du Rouquin (François Marais), chef de détachement, effectua avec lui et Pierre Lescot (Roland Vanoverschelde) des repérages des hôtels hébergeant des Allemands à Vincennes (Seine, Val-de-Marne). Le 31 mai était prévue une action initiatique pour Marcel Kaufmann. Accompagné de Roland Vanoverschelde, François Marais, Geneviève et Maurice Bécasse, il devait lancer une grenade contre une maison de tolérance près des Arts-et-Métiers fréquentée par les soldats allemands, mais le lieu était fermé.
Le 6 juin 1943, Maurice Bécasse lui annonça un attentat pour le 8 contre le Soldatenheim (foyer militaire allemand) de Maisons-Alfort (Seine, Val-de-Marne) ; il allait pouvoir ainsi faire ses preuves. Le 8 juin 1943 vers 20 h 30, protégé par deux résistants à pied, Roland Vanoverschelde à vélo lança une grenade anglaise Mills contre le Soldatenheim, quai d’Alfort, et prit la fuite. Du fait de l’explosion, des éclats de verre blessèrent un gardien de la paix de service devant l’établissement ; à l’intérieur, il n’y eut que peu de dégâts. Des passants et un soldat allemand s’élancèrent à la poursuite du cycliste, François Marais en protection fit feu. Le bruit de l’explosion et les coups de feu alertèrent deux gardiens de la paix de service sur le pont de Charenton, l’un d’eux pensa à un attentat. Il aperçut les deux hommes en fuite, s’élança à leur poursuite, un agent en bicyclette sur le pont fit de même, un passant à vélo se joignit aux poursuivants.
Un gardien arriva à proximité des fuyards et les somma de s’arrêter. Marcel Kaufmann se retourna et lui envoya une grenade en guise de réponse ; l’explosion blessa le passant. Les deux résistants en fuite empruntèrent la passerelle d’Alfortville où se trouvait un gardien qui était hors de son service. Surpris, il laissa passer le premier homme, mais aidé par l’un de ses collègues il maîtrisa Marcel Kaufmann. Emmené au commissariat de Charenton et fouillé, il fut trouvé porteur d’une fausse carte d’identité au nom d’André Marchand et d’une lettre adressée à Denise Halbique. Dans sa chambre un plan de Paris, plusieurs lettres adressées à André Marchand, des enveloppes ainsi que deux feuillets avec des rendez-vous furent saisis.
Des inspecteurs de la BS2 furent chargés des interrogatoires que dirigea le commissaire principal Jean Hénoque. Les coups se succédèrent, Marcel Kaufmann donna les signalements de François Marais, Maurice Bécasse, Roland Vanoverschelde et Geneviève Bécasse qui transportait armes, explosifs et les remettait aux hommes. Berthe Laskar et Théobald Rochais furent interpellés, leurs domiciles perquisitionnés sans succès ; une confrontation eut lieu avec Marcel Kaufmann, tous les deux le traitèrent de menteur. Entre le 8 et le 18 juin, il y eut une dizaine d’arrestations, dont celles de Roland Vanoverschelde, Chuna Bajtsztok et Julia Grisot d’Allence.
Marcel Kaufmann fut transféré dans le quartier allemand de la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). François Marais, Louis Wallé, Peter Snauko, Chuna Bajtsztok, Roland Vanoverschelde et Marcel Kaufmann comparurent le 1er octobre 1943 devant le tribunal du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), et furent condamnés à mort « pour activité de franc-tireur ». Marcel Kaufmann fut passé par les armes avec ses camarades le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien.
Marcel Kaufmann fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 6 octobre 1943, division 40, ligne 47, n° 59 puis transféré le 10 mai 1947 à Nancy. Son nom fut gravé sur la plaque « À la mémoire des victimes du nazisme fusillés le 6 octobre 1943 », apposée contre le mur du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine. Son nom figure aussi sur la cloche commémorative du Mont-Valérien.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., Carton 14, activités communistes pendant l’Occupation, 77W 671. — DAVCC, Caen, Boîte 5/B VIII dossier 4 (Notes Thomas Pouty). — Site Internet Mémoire des Hommes. — Site Internet CDJC. — MémorialGenWeb. — État civil. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason

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