Né le 26 décembre 1922 à Trignac (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé le 23 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; machiniste de plateau ; résistant au sein des FTPF.

Fils de Constant Le Maitre, chaudronnier, et de Zénaïde, née Ménard, natifs de Montoir, Constant Le Maitre obtint son CEP à l’issue de sa scolarité. La famille vint habiter 183 quai Galliéni à Boulogne-Billancourt. Le père de Constant était un militant communiste travaillant chez Renault. Constant fils travaillait comme machiniste de plateau aux studios Continental Film à Billancourt, une société créée en 1940 par Joseph Goebbels, ministre de la propagande du IIIe Reich, dont l’objectif était de garder la mainmise sur la production cinématographique des pays occupés. Son père fut interné administrativement pour son appartenance au Parti communiste, puis déporté le 6 juillet 1942 à destination d’Auschwitz (Pologne) où il mourut le 2 septembre 1942.
En décembre 1942, à la piscine Blomet (XVe arr.). Pierrot, un copain, lui déclara : « pour que ton père soit libéré, entre au Front national ». Une invitation à agir. Constant Le Maitre fils savait que son père était déporté, mais il devait ignorer qu’il était mort. Il accepta d’adhérer au Front national. Pierrot lui présenta Guyot (Claudius Müllembach) qui lui fit rencontrer Théo (Raoul Jamin) qui dirigeait un groupe Francs-tireurs et partisans français (FTPF). Constant Le Maitre reçut le pseudonyme de Laurent.
En janvier 1943, il eut avec Théo un rendez-vous dans une rue de Gennevilliers. Un résistant inconnu leur remit des armes qu’ils stockèrent dans un dépôt 26 rue de La Rochefoucauld à Boulogne-Billancourt. Il ne participa qu’à une seule action, le 17 février, avec Raoul Jamin et un autre membre de l’organisation : ils incendièrent deux baraques de DCA de l’armée allemande à l’aide de poudre sur le quai de Boulogne à Boulogne-Billancourt. L’un des baraquements fut détruit, le plancher de l’autre brûla. À plusieurs reprises, Constant Le Maitre lança des tracts du Front national devant les portes d’entrées des usines.
Il fut appréhendé le 1er avril à l’intérieur du dépôt d’armes rue de La Rochefoucauld par trois inspecteurs de la BS2. Quelques minutes plus tôt les policiers avaient arrêté Raoul Jamin, et le dépôt était découvert depuis trois jours. À l’intérieur du local, les policiers saisirent : une boîte d’allumeurs et trente pétards, des engins destinés à faire sauter des voies ferrées ; une centaine d’engins incendiaires, deux poignards, trois rouleaux de cordons Bickford, une boîte de cartouche calibre 6,35 mm, deux cents cartouches pour des armes de guerre, un distributeur de détonateurs, quatre boîtes de crayons allumeurs, deux grenades Mills, deux détonateurs, huit cônes d’explosifs, un pistolet parabellum, trois chargeurs, des tracts du Parti communiste. Aucun document ou objet suspect ne fut trouvé au domicile de ses parents. Mais les circonstances de son arrestation le condamnaient d’avance.
Emmené à la préfecture de police, Constant Le Maitre y fut interrogé et retenu huit jours dans les locaux des Brigades spéciales. Il soutint qu’il ne savait pas que le Front national était dirigé par des communistes. Il fut livré aux Allemands, incarcéré à la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Le 5 octobre 1943, il comparut devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Il fut condamné à mort pour « activité terroriste » par un tribunal militaire allemand, et fusillé le 23 au Mont-Valérien. Il fut inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine.
Après la Libération, sa mère Zénaïde déclara qu’elle n’eut pas la possibilité de lui rendre visite lors de sa détention et qu’elle ignorait s’il y subit des sévices. Elle déposa plainte contre les inspecteurs qui arrêtèrent son fils. Constant Le Maitre eut son nom gravé sur une plaque commémorative à l’entrée de la mairie de Boulogne-Billancourt, aux côtés de vingt autres fusillés de la ville.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 2117, BA 2299, KB 69, KB 105, PCF carton 14 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste. – DAVCC, Caen, boîte 5 B VIII, dossier 4 (Notes Thomas Pouty). – Archives de la CCCP : Notes Ravery. –Arch. dép. Loire-Atlantique, 305 J . — FMD, Livre-Mémorial, op. cit. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Trignac.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 183.

Daniel Grason, Jean-Pierre Ravery

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