Né le 25 octobre 1923 à Troyes (Aube), fusillé le 30 avril 1944 à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.) ; ouvrier agricole ; membre du Front national, résistant FTPF.

Bernard Bosmayer à l'âge de 18 ans.
Bernard Bosmayer à l’âge de 18 ans.
Fils de Julien, manœuvre, et de Léonie, née Gaucher, bonnetière, sa mère le reconnut le 12 janvier 1924. Bernard Bosmayer fut pupille de l’Assistance publique. Il demeurait à Landreville (Aube) où il exerçait sa profession d’ouvrier agricole.
Bernard Bosmayer dirigeait le groupe Ferrouil qui comptait onze FTP. Ces hommes faisaient partie du détachement Guy Môquet avec le groupe Stalingrad composé de huit combattants dirigé par André Ott. Le détachement de la Marne de treize hommes était commandé par Claude Courvoisier et comprenait deux groupes : Pellerin, dirigé par André Leloup, et Patrie, dirigé par Gaëtan Senlis. Ces deux détachements étaient dirigés par un chef de compagnie, Robert Massé.
Du 21 octobre 1943 au 24 février 1944, ces trente-trois hommes menèrent dans l’Aube et dans l’Yonne cent huit actions dont vingt et une pour se procurer du ravitaillement, dix cambriolages de mairies probablement pour récupérer des tickets d’alimentation et dix-huit bureaux de tabacs. Deux tentatives de meurtres échouèrent, mais dix-huit assassinats suscitèrent beaucoup d’émoi dans la population, si bien que les actions furent assimilées à celle de la « bande à Robert » (Robert Massé).
La police nationale opérant dans la Marne arrêta Bernard Bosmayer arme au poing le 25 février 1944 à 4 heures du matin dans une ferme à Étourvy avec quinze de ses camarades. L’armement se composait de sept revolvers, deux fusils-mitrailleurs, des mousquetons et des munitions.
Incarcéré à la maison d’arrêt de Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne), puis à la prison de la Santé (Paris), Bernard Bosmayer comparut avec vingt-huit autres accusés le 30 avril 1944 devant une cour martiale composée du Directeur du service pénitentiaire et de deux assesseurs, qui siégèrent dans la prison de la Santé. Le tribunal se déclara incompétent pour vingt d’entre eux. Neuf jeunes d’un maquis de l’Aube et de l’Yonne, âgés de dix-neuf à vingt-trois ans, originaires de l’Aube, de la Marne et de Suresnes furent accusés d’actions de résistance armée, de destruction de récoltes et de vols. Albert Finance, Bernard Bosmayer, Guy Hénault,Alfred Godefroy, Casimir Malak, Gaëtan Senlis, Robert Massé, Claude Courvoisier et André Ott furent condamnés à mort, fusillés immédiatement par des miliciens dans un chemin de ronde de la prison à 6 h 40 du matin.
Une note des Renseignements généraux donna quelques échos des exécutions. Certains condamnés crièrent « Vive de Gaulle ! », « C’est malheureux d’être fusillés par des Français », « Je voudrais mourir avec un drapeau bleu, blanc, rouge portant la Croix de Lorraine ». Sur le chemin qui menait au lieu de la fusillade, ils chantèrent « La Marseillaise ». Ils appartenaient probablement à la résistance gaulliste. Après l’exécution, des détenus qui assistèrent de leurs cellules à la fusillade ou qui entendirent le bruit des balles, chantèrent « L’Internationale » et scandèrent « Assassins ! » à l’adresse des bourreaux.
Bernard Bosmayer fut inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Le dimanche 28 avril 1946, rue Jean-Dolent, devant la prison de la Santé, une plaque de marbre fut dévoilée : « Derrière ces murs 18 patriotes antifascistes furent exécutés sur les ordres d’un Gouvernement au service de l’ennemi. Ils sont morts pour que vive la France. Français, n’oubliez jamais ! ». Quarante-huit heures plus tard, l’Humanité en rendait compte en page une, par une simple photographie légendée, en « l’honneur de 18 patriotes guillotinés ou fusillés » dont Bernard Bosmayer.
Des années après la Libération, les passions n’étaient pas apaisées, Le ministère demanda que son nom figure aux côtés des morts de 1914-1918 sur le monument aux morts de Landreville dès le début de l’année 1960. Le maire répondit le 7 février au service départemental de l’Office national des anciens combattants que le conseil municipal « a décidé à l’unanimité de rester neutre afin de ne pas passionner l’opinion publique. Bosmayer a fait partie de la résistance avec toutes ses grandeurs et toutes ses exactions, ce n’est pas à nous de juger. C’est pourquoi nous demandons le strict statu quo ».
Bernard Bosmayer, ex-pupille de l’Assistance publique, bénéficiait pourtant d’un certain capital de sympathie. Le ministère des Anciens Combattants lui accorda la mention « Mort pour la France » le 18 juillet 1960. Les esprits évoluèrent et sur la place de la mairie de Landreville le nom de Bernard Bosmayer figure sur le monument aux morts aux côtés des morts de 1914-1918.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 2117, 77 W 813, 77 W 1340. – DAVCC, Caen, 21P 247689 (Notes Delphine Leneveu). – Dictionnaire historique de la Résistance, Sous la direction de F. Marcot, B. Leroux, C. Levisse-Touzé, Éd. R. Laffont, 2006. – Sébastien Touffu, La Résistance dans l’Aube, CRDP de Champagne-Ardennes-AERI, 2010. – L’Humanité, 30 avril 1946. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, DVDrom, AERI, 2013. – Mémorial GenWeb. – État civil.

Iconographie
Photographie familiale. (D.R.)

Daniel Grason

Version imprimable