Né le 3 mai 1922 à Paris (XIIe arr.), fusillé par condamnation le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; menuisier, poseur de stores ; militant communiste ; résistant, chef de groupe FTPF.

Fils d’Émile, chef d’atelier, et de Gabrielle, née Duval, François Marais alla à l’école primaire, où il obtint son CEP. Il habitait chez ses parents 9 allée de l’Ermitage à Livry-Gargan (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis) et exerçait la profession de poseur de stores aux Établissements Chapon à Paris.
Il participa le mercredi 13 août 1941 à une manifestation organisée par les Jeunesses communistes de la région Paris-Est à proximité du métro Havre-Caumartin pour protester contre la présence des troupes allemandes. Les policiers arrêtèrent dix-sept jeunes parmi lesquels François Marais. Interrogé, il affirma qu’il n’avait jamais appartenu avant la guerre à une organisation communiste ; il en était de même en ce mois d’août 1941. Il expliqua aux policiers que vers 16 h 30, il avait quitté son travail au pont de Neuilly pour se rendre rue de Provence à Paris (IXe arr). acheter des pièces nécessaires à un montage électrique aux Magasins Prix Uniques. Ne trouvant pas le matériel qu’il souhaitait, il alla ensuite aux Magasins du Printemps et aux Galeries Lafayette.
Au moment où il allait regagner la station de métro Opéra en passant boulevard Haussmann près de la rue Glück (IXe arr.), il rencontra Jean-Louis Rapinat. Il affirma qu’il se trouvait à cet endroit – lieu d’une manifestation communiste – par hasard. Les policiers lurent les déclarations de Jean-Louis Rapinat où celui-ci affirmait que, quatre jours auparavant, François Marais lui avait remis un bulletin « Semaine du Sacrifice de la Jeunesse au profit des emprisonnés » accompagné de neuf timbres à placer. François Marais rétorqua que la déclaration de Jean-Louis Rapinat était fausse. Les policiers présentèrent alors une feuille saisie à son domicile où étaient notés des horaires de réception de TSF. Il indiqua qu’il s’agissait là des horaires de Radio Moscou qu’il releva lui-même pour son « profit personnel » déclara-t-il. Il y eut une confrontation avec Jean-Louis Rapinat. Chacun resta sur ses positions.
Les policiers adressèrent la procédure et les scellés au conseiller Karl Boemelburg, commandant SS-sturmbannführer qui dirigeait la Sipo et la Gestapo sur le territoire français. Seize des dix-sept jeunes arrêtés furent incarcérés à la prison du Cherche-Midi, à Paris (VIe arr.), l’un d’entre eux, Désiré Bertieau étant parvenu à s’enfuir le 14 août alors qu’il était détenu au Dépôt.
Le 23 août 1941 les seize détenus comparurent devant une cour martiale allemande, rue Saint-Dominique, à Paris (VIIe arr.).
Trois d’entre eux furent condamnés à mort pour « intelligence avec l’ennemi » : André Sigonney, Raymond Justice et Jean-Louis Rapinat, qui furent fusillés le 26 août 1941 au Mont-Valérien.
Quatre jeunes gens, Émile Grout, Marcel Ancelin, Daniel Chandon et Rémy Toutin furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité, ainsi que Désiré Bertieau qui lui fut condamné par défaut. Émile Grout mourut le 27 octobre 1941 à la prison de Rheinbach (Allemagne).
François Marais et les huit autres inculpés furent acquittés, mais internés administrativement à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ou Voves (Eure-et-Loir). Libéré à une date inconnue, François Marais reprit contact avec le Parti communiste. Il demeurait 7 rue Jules-Vallès à Pavillons-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis) et épousa le 24 octobre 1942 Rachel Marcu.
Deux inspecteurs interpellèrent Marcel Kaufmann le 8 juin 1943. Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, il fut matraqué, battu par des cogneurs de la BS2. Il reconnut sa participation en compagnie de François Marais à l’attentat à la grenade le jour même contre le Soldatenheim (foyer militaire allemand) de Maisons-Alfort (Seine, Val-de-Marne).
Deux policiers arrêtèrent François Marais le 19 août 1943 vers 19 h 50, sur la plateforme de l’autobus 120 à la hauteur de la porte de Vincennes. Il portait sur lui une matraque plombée et une fausse carte d’identité au nom de Félix Morvan. Les policiers saisirent à son domicile clandestin 10 place de la République au Perreux (Seine, Val-de-Marne), deux pistolets de 7,65 mm, trois revolvers, plusieurs chargeurs et des cartouches de différents calibres. Des documents concernant son activité furent trouvés. Des interrogatoires se déroulèrent sur plusieurs jours. François Marais était le chef d’un détachement Francs-tireurs et partisans (FTP). Outre l’attaque de Maisons-Alfort, il avait participé à un attentat à la grenade contre une automobile allemande le 12 mai 1943 et au cambriolage d’un pavillon à La Varenne-Saint-Hilaire (Seine, Val-de-Marne). Il était chargé par l’organisation d’effectuer la surveillance de plusieurs fonctionnaires de police.
Le 27 août 1943, il fut transféré dans le quartier allemand de la prison de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). François Marais, Louis Wallé, Marcel Kaufmann, Peter Snauko, Chuna Bajtsztok et Roland Vanoverschelde comparurent le 1er octobre 1943 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Ils furent condamnés à mort « pour activité de franc-tireur ». François Marais fut passé par les armes au Mont-Valérien avec ses cinq camarades le 6 octobre 1943 ainsi que son père Émile Marais, responsable de la région P 4 pour le Front national, et vingt-trois autres résistants.
Sa femme Rachel porta plainte le 26 février 1945 contre les inspecteurs qui avaient arrêté son mari, estimant qu’ils étaient responsables de sa mort.
La mention Mort pour la France fut attribuée à François Marais par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 30 août 1945.
Le nom de François Marais figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Le conseil municipal de Pavillons-sous-Bois donna à une allée le nom de François-Marais, dont le nom fut gravé sur le monument aux morts situé dans le cimetière de la commune, ainsi que sur la plaque « À la mémoire des victimes du nazisme fusillés le 6 octobre 1943 », apposée contre le mur du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. PPo., Carton 14 activités communistes pendant l’Occupation, KB 5, KB 54, KB 64, 77W 25. — DAVCC, Caen, Boîte 5, B VIII dossier 4 (Notes Thomas Pouty). — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — État civil.

Daniel Grason

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