Né le 16 septembre 1900 à Paris, fusillé comme otage le 6 septembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; cinéaste ; membre de la Grande Loge de France.

Fils d’Emmanuel et d’Henriette, née Appel, Edmond Brucker demeurait 30 rue de Villeneuve à Garches (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Il fut secrétaire, boursier, courtier en grains, artiste, cinéaste selon les sources. Franc-Maçon, il fut membre de la Grande loge de France (GLF), adhérent de la loge no 372, L’Acacia, Orient de Paris.
Le 12 août 1941 vers 14 heures à l’angle de la place de la Bourse et de la rue des Colonnes, il se disputa avec Henri G., publiciste, membre du Rassemblement national populaire (RNP) personne qu’il connaissait. Le ton monta, Henri G. déclara à l’adresse d’Edmond Brucker : « Heureusement que les Allemands ont pris une ordonnance pour nous débarrasser des juifs ». Deux témoins dont un journaliste assistèrent à la scène. Selon le journal collaborationniste Le Matin, Edmond Brucker riposta, se précipita sur lui, le déséquilibra en criant : « Sale collaborateur ! »
Appréhendé par un gardien de la paix, il fut emmené au commissariat du quartier Vivienne-Gaillon (IIe arr.), en compagnie d’Henri G. La police enregistra l’incident, les deux hommes rentrèrent chez eux. Le lendemain, un officier allemand de la Gestapo, alerté probablement par Henri G., se présenta au commissariat. Il demanda des explications sur l’incident et donna l’ordre d’arrêter Edmond Brucker. Arrêté chez son frère, rue Tronchet (VIIIe arr.), son incarcération eut lieu le 6 septembre 1941 à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.).
Le Matin titra le 17 août, en page une : « Les agressions juives se multiplient ». Les jeunes juifs étaient dénoncés comme vivant de « trafics inavouables, de marché noir. [...] De l’arrogance, les juifs en sont aujourd’hui venus à la provocation. Assurés qu’ils se disent de l’impunité, ils ne menacent plus, ils frappent ». Edmond Brucker était accusé d’avoir frappé « sauvagement » Henri G. et d’avoir voulu lui « crever les yeux ».
Le 3 septembre 1941, le sergent Ernst Hoffmann fut légèrement blessé à l’omoplate gauche par un coup de feu alors qu’il entrait dans l’hôtel Terminus, 5 rue de Strasbourg, Paris (Xe arr.). Selon les autorités allemandes, cet attentat ne pouvait être que l’œuvre d’un communiste ; le 6 septembre le commandement militaire allemand annonçait qu’en représailles trois otages : Eugène Anjubault, communiste ; Jean Meichler, leader de la IVe Internationale et Edmond Brucker, dont l’origine juive était précisée, venaient d’être passés par les armes au Mont-Valérien.
Edmond Brucker fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 6 septembre 1941 Division 39, ligne 4, n° 3 puis transféré le 18 juillet 1947 au cimetière de Garches (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Son nom fut gravé sur le monument aux morts de la ville, ainsi que sur la stèle comportant cent soixante-quatorze noms posée en 1947 sur le parvis de l’entrée de la GLF 8 rue Puteaux (XVIIe arr.) : « Aux Francs-Maçons de la Grande Loge de France persécutés 1939-1945. Que leur mémoire demeure à jamais sacrée ». Son nom figure aussi sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Le ministère des Anciens Combattants le reconnut « Mort pour la France » le 24 septembre 1945.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 1752, 77W 40. — DAVCC, Caen, otage B VIII dossier 2 (Notes Delphine Leneveu et Thomas Pouty). — Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit.. — Le Matin, 17 août 1941. — Le Matin et Le Petit Parisien, 6 septembre 1941. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Site Internet CDJC. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason

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