Né le 6 avril 1923 à Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine), fusillé le 23 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; étudiant en lettres et en langues orientales ; militant communiste ; résistant au sein des FTPF.

Pierre Schlup
Pierre Schlup
Arch. PPo. GB 188 cliché du 25 mars 1943
Arch. PPo. GB 188 cliché du 25 mars 1943
Pierre Schlup habitait chez ses parents, 208 rue de Rueil à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Son père, Georges, était modeleur ; sa mère, Jeanne, née Lecerf, était institutrice. Sa sœur était mariée avec Robert Mailles. Il fit de brillantes études, obtint son baccalauréat de philosophie, poursuivit en lettres et en langues orientales. En octobre 1941, il adhéra à la société d’éducation physique et de gymnastique La Sauvegarde, à Bois-Colombes. Il fit la connaissance de Roger Poncelet, qui habitait aussi Colombes. Celui-ci était le dirigeant de la Jeunesse communiste de la région Paris-Ouest. Avec d’autres militants, ils distribuèrent des tracts au stade de Colombes au cours d’une manifestation sportive.
En juillet 1942, le poste de responsable régional à la propagande fut confié à Pierre Schlup. Il s’occupait de la répartition du matériel, caché dans une épicerie d’Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise). Ce dépôt fut découvert par la police début novembre 1942. Pierre Schlup fut muté à la même époque aux Francs-tireurs et partisans (FTP). Il fit la connaissance de Manuel Laumônier, chef d’un groupe de six hommes, qui fut arrêté le 17 décembre 1942.
Pierre Schlup avait de multiples contacts, notamment avec Claudius Müllembach. Sous le nom de Garnier, il dirigea un groupe d’une dizaine de FTP, en liaison avec Roger Comte. Ils étaient les deux seuls permanents.
Quatre dépôts servaient à entreposer du matériel. L’un était rue de La Rochefoucauld à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) ; le deuxième rue d’Argenteuil à Sannois (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), loué depuis le 1er mars 1943 par Pierre Schlup sous le nom de Garchery ; le troisième rue du Nord à Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) ; le dernier rue d’Aguesseau à Boulogne-Billancourt.
Plusieurs actions furent menées. Le 16 janvier 1943, vers 19 heures, un coup de feu fut tiré contre le capitaine Muller à l’angle des rues de Trévise et La Fayette (Paris, IXe arr.) ; le capitaine fut admis à l’hôpital Lariboisière (Xe arr.) dans un état peu grave. Le 4 février vers 23 heures, avenue Laurent-Cély à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine), une baraque en bois utilisée autrefois par la DCA fut incendiée par Louis Dir et Claude Müllembach. Le 17 février, Constant Le Maître et Raoul Jamin, munis de poudre, mirent le feu à des baraques de la DCA, quai de Boulogne à Boulogne-Billancourt. Le rapport hebdomadaire du 22 février 1943 des Renseignements généraux mentionna cet acte en le minimisant, disant qu’il s’agissait d’un incendie dû à la malveillance. L’un des baraquements fut entièrement détruit, le plancher du second fut brûlé.
Le 19 février, Pierre Schlup et Gilbert Aliémart, armés chacun d’un pistolet automatique, partirent à Paris dans l’intention de tirer sur un soldat allemand. Ils croisèrent un sous-officier de l’armée de l’air boulevard de Rochechouart (IXe arr.). Pierre Schlup tira sur lui avec son pistolet et le tua. Des militaires allemands ripostèrent, sans les toucher. Les deux hommes prirent la fuite par la rue Viollet-le-Duc.
Le 14 mars à 9 heures, une station de distribution d’essence située 2 route de la Reine à Boulogne-Billancourt fut attaquée à la grenade. Elle était occupée par les Allemands. Roger Comte lança la grenade, Pierre Schlup et Raoul Jamin, armés, assuraient sa protection. Un soldat allemand et un civil français furent blessés.
Le 20 mars, au lieu-dit La Vache noire, sur la route d’Orléans à Bagneux, Raoul Jamin, Roger Comte et Pierre Schlup ordonnèrent sous la menace de leurs armes au conducteur d’une Traction Avant Citroën de s’arrêter ; le propriétaire et son passager furent maîtrisés. Le véhicule devait être camouflé dans le local de la rue La Rochefoucault, mais il était trop long et Raoul Jamin l’abandonna boulevard Flandrin à Paris.
Pierre Brossard, responsable des cadres du Parti communiste, fut arrêté par les policiers de la Brigade spéciale no 1 (BS1) le 3 mars 1943. Lors de la perquisition, des fiches biographiques furent saisies et l’enquête mena, notamment, à Pierre Schlup. Celui-ci fut appréhendé le 22 mars 1943 par des inspecteurs de la BS2, celle qui était chargée de la répression antiterroriste.
En douze jours, les policiers arrêtèrent trente-sept personnes. Cette répression était l’une des conséquences de ce qui allait devenir l’« affaire Brossard ». Le rapport hebdomadaire des Renseignements généraux en date du 29 mars 1943 indiquait qu’à la suite de Pierre Brossard deux cent vingt-huit personnes avaient été appréhendées. Quand il fut arrêté, Pierre Schlup était armé, et la police saisit deux agendas annotés et douze feuillets manuscrits relatifs à l’activité clandestine du groupe. Conduit à la préfecture de police, il fut interrogé, battu à plusieurs reprises.
Les perquisitions effectuées entre le 22 mars et le 2 avril 1943 permirent aux policiers de saisir à Boulogne-Billancourt et à Sannois : quatre pétards de mélinite, un pain explosif avec détonateur, un fusil-mitrailleur Sten, cent litres d’acide sulfurique, des pièces détachées pour la fabrication de grenades, quatre barils de goudron, un tonneau de chlorate de potasse, un lot de cartouches et de chargeurs pour fusils de guerre, dix-neuf cartes d’identité professionnelles, différents documents, des fiches biographiques, des tracts...
Les sept pistolets de calibre 6,35 mm et 7,65 mm ainsi que le parabellum 9 mm saisis lors des arrestations et des perquisitions furent analysés par le laboratoire de la police. Les trois rapports du chef de service de l’identité judiciaire furent adressés au commissaire principal de la BS2, ils se concluaient tous de la même façon : « Avec ces armes nous avons effectué des tirs de comparaisons. Les balles et les douilles recueillies ne présentent aucun point commun avec celles [qui ont été] examinées au cours des affaires des attentats antérieurs. »
Incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne), Pierre Schlup comparut le 5 octobre 1943 devant le tribunal du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), qui le condamna à mort, ainsi que treize autres résistants. Tous furent passés par les armes au Mont-Valérien. Pierre Schlup a été fusillé à 12 h 15. Il était âgé de vingt ans. Il fut inhumé dans le carré militaire 47, rang 1, no 6 du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Jeanne, sa mère, témoigna le 23 janvier 1945 devant la commission d’épuration de la police. Elle précisa qu’elle avait vu son fils lors de sa détention à Fresnes. Il lui avait confié qu’il avait été frappé à coups de nerf de bœuf pendant son séjour dans les locaux des BS.
Les parents de Pierre Schlup, Georges et Jeanne étaient considérés dans un rapport des Renseignements généraux comme « des militants communistes notoires ». Ils étaient membres de l’association des familles de fusillés et de massacrés de Colombes. Georges fut arrêté le 24 janvier 1951 lors d’une manifestation organisée par le PCF, contre la présence du général Eisenhower à Paris, celui-ci venait d’être nommé commandant suprême de l’OTAN.
Jeanne Schlup fut élue conseillère municipale sur la liste du parti communiste de 1945 à 1959, devint directrice d’école. Le couple s’engagea dans la lutte pour la paix en Algérie et l’indépendance du peuple algérien. En février 1959, une lettre anonyme dénonça à la police le couple qui hébergeait depuis novembre 1956, un jeune algérien accusé d’être membre du FLN. Elle signa la déclaration du 5 janvier 1970 condamnant l’intervention des armées du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie en 1968, cette initiative était initiée par le groupe Unir - Débat pour le Socialisme.
Sources

SOURCES : Arch. PPo, PCF carton 8, 13, 14, BA 1748, BA 1798, BA 2216, BA 2117, BA 2299, KB 6, KB 18, KB 29, KB 63, KB 77, KB 82, KB 95, KB 96. – DAVCC, Caen, Boîte 5, B VIII 4, Liste S 1744-327/43 (Notes Thomas Pouty). – Arch. mun. Gennevilliers, La Voix populaire, 4 juin 1949. – FMD, Livre-Mémorial, op. cit.Unir. Débat pour le socialisme, juillet-août 1970. – L’Humanité, 25 janvier 1951. – Arch. mun. Colombes. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet Les Plaques commémoratives.

Daniel Grason

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