Né le 9 octobre 1921 à Paris (Xe arr.), fusillé le 9 mars 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier manœuvre ; résistant membre de l’Organisation spéciale (OS) appelée après la guerre Les Bataillons de la jeunesse.

Robert Peltier
Robert Peltier
Plaque sur le monument aux morts de Goussainville
Plaque sur le monument aux morts de Goussainville
Carré militaire du cimetière de Goussainville
Carré militaire du cimetière de Goussainville
Plaque à l'Assemblée nationale
Plaque à l’Assemblée nationale
Dernière lettre. Archive familiale Aurélia Mouedeb sa fille. Site du Mont-Valérien.
Dernière lettre. Archive familiale Aurélia Mouedeb sa fille. Site du Mont-Valérien.
Fils de Marcel, outilleur, et de Georgette, née Oury, confectionneuse, Robert Peltier demeurait chez ses parents au 3 rue Danton à Goussainville (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) ; il était l’aîné de trois enfants. Son père était militant au Parti communiste. À treize ans, en 1934, il fit partie d’un groupe des pionniers ; il adhéra aux Jeunesses communistes (JC) en 1935.
Les années du Front populaire furent marquées par l’enthousiasme en l’espoir d’un avenir meilleur. Robert Peltier connut d’autres jeunes de sa génération lors de manifestations populaires, d’initiatives, de sorties camping. La rupture du Pacte germano-soviétique soulagea nombre de communistes ; le 22 juin 1941, les armées nazies attaquèrent l’Union soviétique, l’Armée rouge subit défaite sur défaite. Le Parti communiste décida alors le passage à l’action armée, en s’appuyant sur les jeunes.
De la bonne volonté et beaucoup de volontarisme ne pouvaient combler l’absence de formation militaire et la pauvreté de l’armement, constitué d’armes de récupération de faible portée qui s’enrayaient souvent. Pierre Georges, futur colonel Fabien, impulsa la formation des Bataillons de la jeunesse en région parisienne. Ils étaient composés de plusieurs groupes ; au total, une quarantaine de jeunes et une poignée d’adultes.
En juillet 1941, Gilbert Brustlein recruta Robert Peltier. Il travaillait comme ouvrier pour la maison Dehé à Orry-la-Ville (Oise) ; cette entreprise était chargée de l’entretien des voies ferrées. Les membres du groupe travaillaient, ce qui représentait un handicap pour mettre sur pied une opération. La plupart des membres du groupe se connaissaient, habitaient le XIe arrondissement de Paris à l’exception de Peltier et de Fernand Zalkinov (XXe arr.).
Robert Peltier participa dans la nuit du 12 au 13 août 1941 au vol d’outils à tire-fond servant à déboulonner les rails à Orry-la-Ville. Connaissant très bien les lieux, il accompagna Roger Hanlet, Tony Bloncourt et Christian Rizo. Dans la nuit du 14 au 15 août, il fit partie d’un groupe conduit par Gilbert Brulstein et trois autres combattants ; à Argenteuil, ils tentèrent de faire dérailler un train mais un fil de sécurité sectionné par méconnaissance déclencha l’alarme et provoqua la fuite des hommes. Le 23 août, la tentative de sabotage d’un poste de repérage des avions à Goussainville avec Gilbert Brustlein, Pierre Milan, Roger Hanlet, Tony Bloncourt, Christian Rizo et Jacques d’Andurain se conclut par un nouvel échec.
Après l’action du 21 août 1941 au métro Barbès où Fabien, accompagné par Brustlein, tua l’officier allemand Alfons Moser, quatre tentatives d’assassinats contre des sous-officiers et officiers allemands suivirent ; un capitaine fut abattu le 15 septembre ; les autres opérations furent des échecs. Treize policiers de la 1re Brigade mobile de la police judiciaire et un membre des Brigades spéciales dirigés par un commissaire étaient sur la piste de plusieurs membres des Bataillons de la jeunesse. À Nantes, le 20 octobre 1941, Guisco Spartaco dirigeait le groupe, constitué de Marcel Bourdarias et de Gilbert Brustlein. Ce dernier abattit le lieutenant-colonel Hotz, Feldkommandant de la ville.
Trois membres du groupe furent arrêtés le 30 octobre par la police : Roger Hanlet, Pierre Milan et Acher Semahya. Le premier parla, donna des renseignements. Fernand Zalkinov fut interpellé le lendemain. Le 1er novembre, Robert Peltier fut arrêté sur un chantier à Creil (Oise), incarcéré après son interrogatoire à la prison de la Santé (Paris). Ses parents furent arrêtés et internés.
Le journal collaborationniste Le Matin titra le 19 novembre : « Des terroristes auteurs d’attentats sont arrêtés. Mais un de leurs chefs, Gilbert-André Brustlein est en fuite. C’est un devoir national que d’aider à sa découverte ». Dans le corps de l’article, sa photographie fut ainsi légendée « Le bandit Brustlein ». Les nazis dénoncèrent un mythique complot « Judéo-Bolchévique ». Fernand Zalkinov, du fait de l’Occupation, n’eut pas la possibilité de poursuivre ses études ; il devint, par nécessité, ouvrier fourreur. Il devint, selon Le Matin « fourreur juif », et un des chefs du groupe.
Le procès des sept des Bataillons de la jeunesse se déroula au Palais Bourbon du 5 au 7 mars 1942 face à un conseil militaire allemand qui leur imputa dix-sept attentats. Gilbert Brustlein, né dans le XIIe arrondissement, d’origine alsacienne, fut présenté dans Le Matin comme un « Juif de Suisse, naturellement en fuite » donc, dans l’esprit du rédacteur, juif apatride et lâche. Albert Clément signa un article dans Le Cri du peuple avec en titre : « Les sept terroristes sont condamnés à mort ». Les sept hommes âgés de dix-huit à vingt-sept ans furent fusillés le 9 mars 1942 au Mont-Valérien.
Après la Libération, le nom de Robert Peltier fut gravé sur le monument aux morts de Goussainville et le conseil municipal donna son nom à une rue de la ville. Le 9 mars 2000, un hommage solennel fut rendu aux sept combattants, soixante ans après le procès du Palais-Bourbon. Ils furent décorés de la Médaille militaire, de la Croix de guerre avec palme et de la Médaille de la Résistance à titre posthume. Laurent Fabius, président de l’Assemblée nationale, présida la cérémonie.
Une plaque commémorative rappelle qu’ils sont « Morts pour la France ».
Dans sa dernière lettre adressée à ses grands-parents, Robert Peltier écrit : « Soyez sûrs que je suis mort en Français qui ne voulait que le bien de ses compatriotes et de sa patrie. »
Orthographe d’origine
 
Chers Grands parents
Cher Oncle Robert
Je vous envoie cette lettre d’adieu car avec mes parents vous êtes ma seule famille. J’ais passez avec vous de bons moments malgrés les grognement de Grand-père car près de vous je me rappellais ma tante Maud elle que j’ais tant aimé.
Soyez sûrs que je suis mort en Français qui ne voulais que le bien de ces compatriotes et de sa Patrie.
Je vous embrasse une dernière fois.
Votre petit-fils
et neveu
Robert
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 2117, Carton 12, rapports hebdomadaires sur l’activité communiste, 77W 120, 77W 1519. – DAVCC, Caen, Boîte 5 Liste S 1744-141/42 (Notes Thomas Pouty). – Le Matin, 19 novembre, 20 novembre 1941, 5 mars, 6 mars, 7 mars et 15 mars 1942. – Le Cri du peuple, 7 mars 1942. – J.M. Berlière, F. Liaigre, Le sang des communistes. Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée. Automne 1941, Fayard, 2004. – Eric Alary, Un procès sous l’Occupation au Palais-Bourbon, mars 1942, Assemblée nationale, 2000. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil (Xe arr.).— Site Héros de Goussainville.

Daniel Grason

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