Né le 22 mars 1914 à Bourges (Cher), fusillé par condamnation le 11 mai 1942 à Bourges (Cher) ; tourneur.

Albert Girouille
Albert Girouille
Coll. Suzanne Girouille
Reproduit dans Alain Rafesthain, La Résistance aux mains nues, op. cit.
Fils d’Auguste Girouille, soldat au 37e Régiment d’artillerie, et de Georgette Richoux, sans profession, Albert Girouille était tourneur à la Société nationale de constructions aéronautiques du centre SNCAC (actuelle MBDA). Pendant l’Occupation, il habitait, avec sa femme Suzanne Dieu (mariée le 3 août 1939) et leurs fillettes, 44 route de Nevers à Bourges dans un quartier ouvrier où beaucoup disposaient d’un petit jardin ; Auguste aimait chasser dans la plaine environnante. Il était père de cinq enfants nés en 1934 (Albert), 1935 (Jacqueline), 1939 (Colette), 1940 (Gilberte) et 1941 (Christiane).
Les Allemands avaient interdit la chasse et une des premières mesures en cette zone occupée a été d’obliger les habitants à remettre aux occupants toutes leurs armes à feu. Girouille refusa de se dessaisir des trois fusils de chasse qu’il avait réussi à acheter alors qu’il n’avait guère de moyens financiers. Ses fusils furent démontés, graissés, enveloppés dans des journaux et des chiffons puis enterrés dans son jardin une nuit de juin 1940. Son dossier du DAVCC donne une autre version : « Il travaillait dans des établissements militaires et avait réussi à voler trois fusils de guerre et des munitions dans les stocks, plus des métaux qu’il avait volés à l’usine. »
Victime d’une dénonciation, surveillé en avril 1942 par les Allemands, il fut arrêté le 28 avril 1942 à 5 heures du matin par des agents de la Sipo-SD. Torturé, il se tut mais les Allemands découvrirent la cachette au fond du jardin. Son nom apparaît dans les dossiers du Tribunal allemand de Bourges comme "receleur" de métaux. Quatre travailleurs "occupés au Schrottkommando à Bourges pour la Maison Weniger", ont été condamnés à six mois de prison chacun pour vol de vieux métaux et de bagues en cuivre de grenades (600 kg) vendus au "receleur Girouille".
Accusé d’avoir également caché un fusil de chasse, Albert Girouille fut emprisonné à Bourges et le 6 mai, condamné à mort par le tribunal allemand FK 589 de Bourges pour "détention illégale d’armes et vol" ; en effet les armes ayant été réquisitionnés elles auraient dû être entre les mains de l’armée d’occupation.
Un recours fut aussitôt introduit devant le Haut commandement militaire en France qui , le 11 mai, confirma la sentence et ordonna l’exécution . Le soir même à 19heures 30, les clients du café Minet, place de la Pyrotechnie virent un camion allemand découvert où Albert Girouille était assis sur son propre cercueil .
Fusillé à Montifaut, polygone de Bourges. Il fut inhumé au cimetière Saint-Lazare, fosse 421. Un soldat de la Wehrmacht, Paul Novara, écrit aussi Nowara, d’origine polonaise, membre du peloton d’exécution, refusa de tirer sur Girouille ; l’officier décida qu’il serait fusillé et inhumé au côté de celui-ci, fosse 420.
Le lendemain 12 mai, sa soeur Odette Girouille se rendit à la prison du Bordiot où elle apprit officieusement l’exécution de son frère ; mais ce n’est que le 3 juin que la Feldkommandantur demanda au préfet de prévenir la famille.
Le 25 août 1942, Suzanne Girouille, sa femme, appelée à identifier le corps de son mari, vit l’administration du cimetière déterrer deux cercueils.
La mention « Mort pour la France » lui fut attribuée le 16 juin 1942.
Son nom figure sur la stèle commémorative des fusillés de Montifaut, à Bourges.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Notes Maurice Renaudat. – Alain Rafesthain, La Résistance aux mains nues, Royer.passé simple, 1997. – Musée de la Résistance nationale, fichier des familles de fusillés. – État civil. - Arch. Dép. Cher, 1 W 360, Tribunal militaire allemand de Bourges.

Jean-Claude Bonnin, Claude Pennetier

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