Né le 26 février 1915 à Toulouse (Haute-Garonne), fusillé par condamnation le 21 novembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur-monteur à la SNCF ; résistant au sein des FTPF.

Fils de Pierre, chaudronnier, et d’Albine, née Bourgail, repasseuse, Antoine Thomas suivit l’école primaire et s’engagea dans l’armée en 1935. Il servit au 117e Régiment d’artillerie à Toulouse, devint maréchal des logis. Titulaire de la Croix de guerre, il fut libéré en juillet 1940.
Marié en mars 1936 à Toulon avec Ginette Déo, il avait une fille Raymonde, et un garçon Pierre. Son épouse décéda en 1939 ainsi que son fils Pierre. Sa fille Raymonde fut confiée au frère ainé de la famille et à son épouse, Jean et Marie Rose.
Antoine Thomas épousa le 21 mars 1939 Louise Amadori à la mairie d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Le couple habitait dans la ville, au 11 rue Mirabeau. Antoine Thomas fut embauché comme ajusteur-monteur aux ateliers de la SNCF, 7 bis boulevard Masséna dans la même localité. Un collègue d’atelier, Raymond Müller, le sollicita à plusieurs reprises pour entrer dans l’organisation du Parti communiste des Francs-tireurs et partisans (FTP). Il lui expliqua que l’objectif était d’encadrer les patriotes pour chasser les Allemands lors d’un débarquement des forces anglo-américaines. Antoine Thomas donna finalement son accord à la mi-juillet 1942. Un premier rendez-vous eut lieu avec « Roland », responsable militaire de la région parisienne, place du Châtelet, à Paris. Antoine Thomas s’appela désormais « Riquet » et devint responsable militaire d’un groupe de trois hommes.
Il accepta de participer à une équipe de protection, mais marqua sa réticence quand « Roland » lui remit un revolver à barillet chargé le samedi 1er août à proximité de la rue Daguerre (XIVe arr.). Des femmes des comités féminins étaient parmi les ménagères qui attendaient pour s’approvisionner au magasin Félix Potin. Élisabeth Ricol, dite Lise, protégée par plusieurs groupes de FTP, prit la parole. Un très court moment, elle appela, selon ses souvenirs, à « passer à la lutte armée contre les Boches pour les bouter hors du pays ». Selon deux témoins dont les propos furent repris par la presse collaborationniste, elle déclara : « Révoltez-vous... Les Américains l’ont dit... Il faut piller les magasins. » Antoine Thomas devait protéger des distributeurs de tracts, mais il y eut des échanges de coups de feu entre la police et des membres des FTP. La tâche était trop lourde pour lui et il fit, selon ses déclarations ultérieures, part de ses réticences le mardi 4 août quand il rendit son arme à René Sevi, dit Baudin. Ce dernier le releva de sa responsabilité et lui demanda de se mettre en rapport avec Raymond Müller. Ils devaient déposer chacun un engin incendiaire dans des bacs à étoupe dans l’atelier huilerie de la SNCF, là où ils travaillaient. Les engins déposés détruisirent une partie des bacs à huile de l’atelier de levage, sans toutefois faire de gros dégâts.
Le 27 août, des actions eurent lieu aux abords de trois grandes entreprises : rue Balard (XVe arr.) où étaient situées les usines Citroën, près de la Société nationales des constructions aéronautiques du Sud-Ouest (SNCASO) à Suresnes et aux usines Renault de Boulogne-Billancourt. Dans ce dernier lieu, six militants furent appréhendés, dont trois armés. Le responsable des groupes de protection, René Sevi, fut arrêté à proximité des usines Citroën. Lors de la perquisition de son domicile, 4 square Emmanuel-Chabrier à Paris (XVIIe arr.), des inspecteurs des brigades spéciales (BS) saisirent une liste de FTP, avec l’adresse d’Antoine Thomas et ses capacités militaires.
Deux inspecteurs des Renseignements généraux l’arrêtèrent le 8 septembre pour « actes de franc-tireur » et « espionnage ». Conduit dans les locaux des BS, il fut interrogé, puis incarcéré à la prison de la Santé (XIVe arr.), et mis le 12 octobre à la disposition de la Geheimfeldpolizei (GFP), chargée de la lutte contre la résistance intérieure et extérieure. Cet organisme de répression comptait une centaine d’hommes qui siégeaient à l’hôtel Bradford (VIIIe arr.). Détenu à la prison du Cherche-Midi (VIe arr.), Antoine Thomas fut jugé par le tribunal du Gross Paris, condamné à mort le 11 novembre 1942 pour sabotage. Il fut passé par les armes le 21 novembre suivant à 12 h 11 au Mont-Valérien, puis inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine.
Son nom figure sur une plaque commémorative à la Bourse du Travail de Paris (Xe arr.), avec la mention « Résistance-Fer », ainsi que sur le monument aux morts d’Ivry-sur-Seine. Le conseil municipal de cette ville donna son nom à une rue.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 2056, BA 2117, PCF carton 13 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste, GB 105, GB 107, KB 48. – DAVCC, Caen, Boîte 5, Liste S 1744-595/42 (Notes Thomas Pouty). – Le Matin, 3 août 1942, 20 mai 1943, 17 et 18 août 1943. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Toulouse. — Témoignage de sa fille Raymonde, juillet 2018.

Daniel Grason

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