GARNIER Marcel, Pierre [dit Kléber]
Né le 31 janvier 1901 à Doulon (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé par condamnation le 21 novembre 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; menuisier à la SNCF ; communiste ; résistant FTPF.
En août 1940, un collègue de l’atelier, Raymond Müller, lui demanda s’il était d’accord pour distribuer des tracts du Parti communiste clandestin. Il accepta, diffusa des tracts, collecta des fonds pour les familles de prisonniers politiques. Plus tard, il entra dans l’Organisation spéciale, puis dans les FTP, où il prit le pseudonyme de Kléber.
En juillet 1941, Müller lui proposa de s’occuper du matériel en liaison avec un autre militant extérieur au personnel de la SNCF. Ce dernier lui confia le 7 août 1942 des revolvers pour l’équipe de protection d’un orateur qui le lendemain devait prendre la parole devant l’usine Gnome et Rhône, boulevard Kellermann (XIIIe arr.). Faute de tracts la prise de parole n’eut pas lieu. Lors d’un autre rendez-vous, il réceptionna deux engins explosifs destinés à faire sauter dans l’enceinte des ateliers de la SNCF les moteurs des deux chariots de transbordement des wagons. Du fait de la présence de personnel sur les lieux, les hommes renoncèrent à placer les explosifs.
Le 27 août 1942 des initiatives se déroulèrent aux abords de trois grandes entreprises : rue Balard où étaient les usines Citroën dans le XVe arrondissement de Paris, près de la SNCASO à Suresnes et aux usines Renault de Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine). Dans ce dernier lieu, six militants furent appréhendés, dont trois armés. Le responsable des groupes de protection René Sevi fut arrêté à proximité des usines Citroën. Lors de la perquisition de son domicile, 4 square Emmanuel-Chabrier (XVIIe arr.), des inspecteurs des Brigades spéciales saisirent une liste de militants avec notamment le nom de Marcel Garnier mais aussi Paul Mazy, Raymond Müller, Antoine Thomas et René Villars. Deux inspecteurs de la BS1 l’arrêtèrent le 8 septembre à son domicile.
Conduit dans les locaux des Brigades spéciales, Marcel Garnier fut battu lors des interrogatoires qui durèrent plusieurs jours. Détenu au Dépôt, il fut incarcéré ensuite à la prison de la Santé ou de Fresnes, puis mis le 12 octobre 1942 à la disposition de la Geheimfeldpolizei (GFP) chargée de la lutte contre la résistance intérieure et extérieure. Cet organisme de répression comptait une centaine d’hommes et siégeait à l’hôtel Bradford.
Marcel Garnier fut jugé le 11 novembre 1942 par le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), et condamné à mort pour « activité de franc-tireur et espionnage ». Il fut passé par les armes le 21 novembre au Mont-Valérien.
Son corps fut restitué à sa famille le 18 juillet 1947.
Sa femme témoigna le 19 juin 1945 devant la commission d’épuration de la police. Elle rendit visite à son mari alors qu’il était dans les locaux des Brigades spéciales : « Il portait des traces de coups au visage et était de plus très abattu. » Elle reconnut sur photographies les deux inspecteurs qui arrêtèrent son mari, et elle déposa plainte.
Le nom de Marcel Garnier, « cheminot », figure sur une plaque commémorative à la Bourse du Travail de Paris (Xe arr.). Sur son acte de naissance fut portée la mention « Mort pour la France » accordée par le ministère des Anciens Combattants le 30 janvier 1948. Il fut nommé sous-lieutenant FFI à titre posthume.
Au cimetière de la Chauvinière à Nantes, est présente une tombe à son nom, avec une croix et une plaque : "A mon époux, à mon fils, Marcel Garnier sous-lieutenant Résistance Fer".
SOURCES : Arch. PPo., BA 2117, PCF carton 13, rapports hebdomadaires sur l’activité communiste, GB 107, KB 16. – DAVCC, Caen, Boîte 5 B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Arch. mun. Vitry-sur-Seine. – Arch. mun. Nantes. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – Thomas Fontaine, Mémorial des cheminots, 2017, bio Stéphane Robine. — État civil, Doulon.
Daniel Grason