Né le 29 novembre 1908 à Paris (XIe arr.), fusillé par condamnation le 11 février 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; contrôleur comptable ; résistant gaulliste.

Fils de Nissim dit Albert, cannier, et de Rachel, née Léon, Robert Alcoulombré fut légitimé lors du mariage de ses parents le 5 juillet 1923. Il demeurait 32 bis rue Miss-Cavell à Saint-Maur-des-Fossés (Seine, Val-de-Marne) et se maria le 23 septembre 1929 avec Rosalie Sabattia Alcabez. Le couple eut trois enfants. Il travaillait, ainsi que sa femme, comme comptable contrôleur au Comptoir français de produits sidérurgiques dont le siège était 1 rue Paul-Cézanne à Paris (VIIIe arr.). Son jeune cousin Roger Yabbès habitait un immeuble mitoyen au 32 rue Miss-Cavell. Au cours d’une conversation, Robert Alcoulombré lui proposa-t-il de rejoindre l’Angleterre ? Roger Yabbès, âgé d’une vingtaine d’années, prit cette proposition au pied de la lettre, d’autant que la filière pour s’engager dans les troupes de la France Libre du général de Gaulle semblait vraisemblable.
Roger Yabbès fréquentait le camp de jeunesse de Saint-Maur-des-Fossés, une émanation de Vichy qui diffusait les valeurs de l’État français : Travail-Famille-Patrie, respect du chef, obéissance et discipline. Il commit l’imprudence en novembre 1941 de parler de ce projet à l’un de ses camarades, Jacques Saludes, dix-neuf ans, en lui demandant s’il voulait se joindre à eux. La sœur de celui-ci, informée, prévint le chef de camp qui alerta le commissariat de la ville.
Le 20 novembre 1941, Roger Alcoulombré, Jacques Saludes et Roger Yabbès furent arrêtés par des policiers français pour « activité en faveur de l’ennemi, tentative d’engagement dans l’armée dissidente, gaullisme ». Les perquisitions furent infructueuses. Roger Alcoulombré expliqua aux policiers qu’il s’agissait d’une proposition imaginaire, même si elle paraissait vraisemblable : il avait déclaré à son cousin Roger Yabbès que Monsieur Boudou, directeur de la Société métallurgique de Normandie à Caen (Calvados), fournirait de fausses pièces d’identité et qu’ensuite ils embarqueraient sur un chalutier. Le directeur en question, Monsieur Boudou, relation professionnelle de Roger Alcoulombré, n’était pas gaulliste. Les trois hommes furent livrés le lendemain à la police allemande pour « activité anti-nationale et propagande gaulliste ayant pour but essentiel le recrutement d’éléments susceptibles de s’engager dans l’armée de l’ex-général de Gaulle ».
La machine répressive était en marche. Robert Alcoulombré et Roger Yabbès étaient de confession juive, ce qui aux yeux des policiers français comme allemands les condamnait. Les trois hommes furent incarcérés dès le 21 novembre 1941 à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.). Le 28 janvier 1942, ils comparurent devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Le chef du camp de jeunesse, Monsieur Mangou, témoigna à charge. Robert Alcoulombré et Roger Yabbès furent condamnés à mort. Jacques Saludes fut condamné à trois ans de prison.
Robert Alcoulombré et Roger Yabbès ont été fusillés ensemble le 11 février 1942 à 12h17 au Mont-Valérien. Le lendemain paraissait dans le quotidien collaborationniste Le Matin un : « Avis. 1. Roger [Robert] Alcoulombré, de Saint-Maur. 2. Roger Yabbès, de Saint-Maur, condamnés à mort pour activité en faveur de l’ennemi par suite d’agissements gaullistes, ont été fusillés aujourd’hui. Paris, le 11 février 1942. Le commandant du Grand-Paris »
Robert Alcoulombré fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 11 février 1942 division 39, ligne 1, n°23 puis transféré le 16 mars 1945 au cimetière de Saint-Maur-des-Fossés.
Robert Alcoulombré, reconnu Mort pour la France par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 2 janvier 1946, a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Interné résistant (DIR).
Le nom de Roger Alcoulombré figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, et à Saint-Maur-des-Fossés sur la plaque commémorative à la mémoire des fusillés et morts en déportation apposée dans le hall de la mairie, ainsi que sur le monument aux morts de la commune au cimetière Rabelais.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 77W 128. — AVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). — SHD Vincennes, GR 16 P 6739 (nc). — Le Matin, 12 février 1942. — Les orphelins de la Varenne, L’Harmattan, 2005, p. 49. — Site Internet du Mont-Valérien. — Mémorial GenWeb. — Site Internet Mémoire des Hommes. — État civil, Paris (XIe arr.). — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason

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