Né le 9 avril 1900 à Bausk (Empire russe, Union soviétique, Lettonie), fusillé le 13 janvier 1942, par condamnation, au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; commerçant, employé ; résistant.

Fils de Haïm et de Hena, née Achber, Herman Chaït arriva en France en 1922, et se déclara comme réfugié. Il respecta la législation sur le séjour des étrangers, habita Limay (Seine-et-Oise, Yvelines), puis alla s’établir à Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine) où il fit commerce de peaux, déchets et métaux. Il épousa Marie Klebaner le 20 novembre 1924 à la mairie de Clichy. Le couple eut deux filles : Lucienne, née en 1926, et Jacqueline, née en 1929. Ils habitaient 7 rue Martre.
Une carte d’identité au titre de commerçant lui fut délivrée par la préfecture de police le 27 septembre 1940. Le gouvernement de Vichy promulgua le statut des Juifs le 3 octobre 1940, une législation discriminatoire à laquelle Herman Chaït se conforma. Il devint employé de la société Joinovici Frères dirigée par Joseph Joinovici au 13 rue Morice à Clichy. Ce dernier possédait une succursale à La Rochelle (Charente-Inférieure, Charente-Maritime) où une filière d’évasion, dirigée par Pierre Fillol, passait par l’Espagne vers l’Angleterre des hommes qui rejoignaient les Forces françaises libres du général de Gaulle. Ce réseau fonctionnait avec la complicité de l’inspecteur Albert Dhalenne du commissariat de Clichy ; le commissaire René Cornec, sans connaître le détail de l’activité résistante d’ Albert Dhalenne, le couvrait tacitement.
En juillet 1941, Herman Chaït se déplaça à La Rochelle, il fut arrêté le 17 juillet 1941 par la Sipo-SD, police de la sécurité et du renseignement de la SS sur le territoire français. Selon les Renseignements généraux, il aurait tenu des propos malveillants contre l’armée allemande. En fait, Herman Chaït était surveillé, le préfet de police de Paris alerta probablement par télégramme le préfet de Charente : « Prière empêcher Chaït Juif domicilié 7 rue Martre à Clichy de passer en zone libre ».
Herman Chaït fut incarcéré le jour même dans le quartier allemand de la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.). Le tribunal du Gross Paris qui se trouvait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) siégea du 21 au 25 octobre 1941. Trois condamnations à mort furent prononcées  : Herman Chaït, Albert Dhalenne, Pierre Fillol et pour « activités favorables à l’ennemi ». Abel Bouyer et Émile Gaget furent condamné à la prison à perpétuité le 25 octobre 1941 puis fusillés comme otages.
Herman Chaït fut passé par les armes le 13 janvier 1942 au Mont-Valérien en même temps qu’ Albert Dhalenne et Pierre Fillol . Le journal collaborationniste Paris-Midi s’en fit l’écho le 25 janvier. Le lendemain 26 janvier, Le Matin publia un « Avis » : « Le citoyen français Chaït Hermann, de Clichy, condamné à mort pour activité en faveur de l’ennemi, a été fusillé aujourd’hui. Paris, le 13 janvier 1942, Le Commandant du Grand Paris. ».
Herman Chaït fut inhumé dans la division 39, ligne 1, tombe 9 du cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Selon les Renseignements généraux, « il n’avait jamais attiré l’attention au point de vue politique ». La restitution de son corps à la famille eut lieu le 5 janvier 1945 ; sa réinhumation eut lieu au cimetière de Clichy. Selon l’épouse d’Herman Chaït, un agent infiltré au service des Allemands avait dénoncé son mari ; elle déclara que Joseph Joinovici apportait une aide pécuniaire substantielle à ses filles et à elle-même.
Herman Chaït fut reconnu comme « Interné Résistant » (DIR) et « militaire tué à l’ennemi ». Il fut homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF). La mention Mort pour la France lui fut attribuée par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 12 juin 1945. Une pension fut accordée à ses filles.
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, et à Clichy sur le monument aux Morts 1939-1945.
Son nom est inscrit par erreur sur la stèle des fusillés de Chef-de-Baie à La Rochelle (Charente-Inférieure, Charente-Maritime).
Son épouse, toujours domiciliée à Clichy, 7 rue Martre, fut citée comme témoin au procès de Joinovici en juillet 1949.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 2117, 77W 94. — AVCC, Caen, Boîte 5 B VIII dossier 3 (Notes Delphine Leneveu et Thomas Pouty). — SHD Vincennes GR 16 P 116895. — Arch. mun. Clichy. — Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Romillat, 1992. — André Goldschmidt, L’affaire Joinovici. Collaborateur, résistant et... bouc émissaire, Privat, 2002. — Le Matin, 26 janvier 1942. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Site Internet CDJC. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason

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