Né le 31 mai 1898 à Przemysl, région des Basses-Carpates (Pologne), fusillé comme otage le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine).

Fils de Simon et de Sabine, née Tuchman, Nuchim Sperling vécut à Bolzano (Italie). Passant par la Suisse, il entra en France, aux environs de Belfort (Territoire-de-Belfort), le 2 septembre 1938. Il présenta un passeport polonais sans visa consulaire délivré le 30 novembre 1934, périmé depuis le 2 mars 1938. Trois jours plus tard, il déposa une autorisation de séjour.
Il demeurait à l’hôtel, 33 rue d’Hauteville à Paris (Xe arr.). Il fut déchu de sa nationalité par le ministre de l’Intérieur de Pologne le 31 décembre 1938. Le 19 juillet 1939, un avis d’expulsion lui fut notifié, mais il obtint un sursis.
Le 12 octobre 1939, il s’engagea au centre de recrutement de l’École militaire. Déclaré « inapte au service armé, apte au service auxiliaire », il ne fut pas mobilisé. Il déposa le 26 janvier 1940 une demande de carte d’identité d’étranger à la préfecture de police. Un reçu lui fut délivré et cette demande fut prolongée par sursis trimestriels jusqu’au 26 septembre 1940. Il déménagea, habita une chambre meublée au 20 rue des Petites-Écuries (Xe arr.). Il réglait régulièrement le loyer, une amie résidant en Italie lui venait en aide et lui adressait des mandats.
Selon des informations de la police, des « Israélites étrangers » se réunissaient quotidiennement à la Brasserie des Ailes, 34 rue Richer (IXe arr.), et « se livraient à une propagande clandestine très intense, soit en faveur de la IIIe Internationale et des Soviets, soit en faveur de l’Angleterre ». Une lettre prétendument anonyme rédigée en allemand mentionnait le même débit de boisson comme le lieu de réunion quotidien d’« Israélites étrangers » se livrant à du marché noir avec des marchandises contingentées. Quatre noms étaient précisés. Après la Libération, une enquête menée sur cette affaire révéla que cette dénonciation était le fait de la Gestapo.
Le 4 septembre 1941 vers 10 heures, la police vérifia les papiers de dix-huit personnes présentes dans la brasserie, des fouilles au corps eurent lieu. Cinq personnes furent immédiatement relâchées. Neuf interpellés portaient sur eux d’importantes sommes d’argent, sans en expliquer la provenance. Un inspecteur des Renseignements généraux écrivit au sujet de Nuchim Sperling : « Rien du point de vue politique si ce n’est que le nommé Sperling s’occupait de marché noir. » Louis Sadosky ajouta sur sa fiche : « Propagandiste clandestin en faveur de la IIIe Internationale, des Soviets et de l’Angleterre. Sans occupations définies. Trafiquant du marché noir, suspect au point de vue politique, dangereux pour l’ordre intérieur. »
Le jour même, Nuchim Sperling fut interné au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs, en compagnie de neuf autres personnes. Six mourront à Auschwitz (Pologne), la destinée d’une septième, de nationalité suisse, déportée à Auschwitz, puis à Buchenwald en Allemagne, et à Sachsenhausen resta inconnue.
Le 14 décembre 1941, le général von Stülpnagel fit paraître un Avis : « Ces dernières semaines, des attentats à la dynamite et au revolver ont à nouveau été commis contre des membres de l’Armée allemande. Ces attentats ont pour auteurs des éléments, parfois même jeunes, à la solde des Anglo-Saxons, des Juifs et des Bolcheviks et agissant selon les mots d’ordre infâmes de ceux-ci. Des soldats allemands ont été assassinés dans le dos et blessés. En aucun cas, les assassins ont été arrêtés. » Désigné comme otage, Nuchim Sperling, dont le prénom était orthographié « Nachim », fut passé par les armes le 15 décembre 1941 à 12 h 55 en compagnie de Jacob Flamm et de Moritz Singer, impliqués dans la même affaire.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 2439, KB 95, 1W 0696, 77W 24. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty).. – Louis Sadosky, brigadier-chef des RG, Berlin 1942, CNRS Éd., 2009. – FMD, Livre-Mémorial, op. cit. – Dominique Rémy, Les Lois de Vichy, Romillat, 1992. – S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC. – État civil, Przemyœl, année 1898, acte 279, transmis par Alexandre Studeny.

Daniel Grason

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