Né le 16 juin 1887 à Varsovie (Pologne), fusillé comme otage le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tailleur, brocanteur.

Fils de Azyk et Bruchla Sala, Szmul Koremblum épousa en 1905 à Varsovie Schuman Perla, dite Paulette, née le 4 juin 1890 à Sobienice, région de Poméranie occidentale (Pologne). Ils eurent quatre enfants, tous nés à Varsovie : Adolphe en 1907, Buchla Gitla en 1909, Joseph en 1911, Isaak Hersz dit Henri en 1922. Il arriva en France en avril 1925, en situation irrégulière et un avis d’expulsion lui fut signifié par les autorités préfectorales le 29 juillet 1927. Il obtint l’autorisation de résider en France par voie de sursis renouvelables. Il était inscrit au registre du commerce de la Seine depuis le 20 juillet 1936 comme marchand forain. Afin de contourner les tracasseries administratives, il changea d’identité et obtint, le 1er août 1939, un récépissé de carte d’identité de la préfecture de police au nom de Szmul Kerblum, marchand ambulant, valable jusqu’au 24 novembre 1941. Sa femme vint en France en mai 1926, une carte d’identité de travailleur industriel valable jusqu’au 31 décembre 1941.
Le couple Koremblum habita dans différents lieux de Paris, rue du Figuier et des Jardins Saint-Paul (IVe arr.), rue des Vertus (IIIe arr.), rue des Amandiers (XXe arr.). Enfin, en 1936, 48 bis avenue d’Italie (XIIIe arr.). Il exerçait la profession de brocanteur et adhéra à l’association des amis des Brocanteurs de Belleville, un groupement professionnel de secours mutuel présenté par la police comme émanant de l’ex-sous-section juive du Parti communiste. Ce qui fit de Szmul Koremblum un « sympathisant des théories révolutionnaires ».
Quand le gouvernement de Vichy promulguera le statut des Juifs le 3 octobre 1940, puis le 2 juin 1941, Szmul Koremblum ne pouvait plus travailler légalement. L’article 4 indiquait : « Les Juifs ne peuvent exercer une profession commerciale, industrielle ou artisanale, ou une profession libre ». Pour vivre, il n’eut comme autre choix que d’enfreindre la loi. Il se fit néanmoins recenser. À la fin du mois de septembre 1941, un inspecteur de police fit une enquête de voisinage dans l’immeuble où il demeurait. Il s’adressa à une femme qu’il prit pour la concierge, en fait, Gaby Holzman, fille de Szmul qui habitait chez ses parents. Elle fut questionnée sur la tendance politique de son père, elle répondit qu’il ne faisait pas de politique. Le policier le mentionna dans son rapport. Louis Sadosky justifia cette interpellation et écrivit des faits mensongers : « Propagande clandestine en faveur de la IIIe Internationale, suspect du point de vue politique, dangereux pour l’ordre intérieur ». Il fut interné au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs.
Le 14 décembre 1941, le général Von Stülpnagel faisait paraître un « Avis » : « Ces dernières semaines, des attentats à la dynamite et au revolver ont à nouveau été commis contre des membres de l’Armée allemande. Ces attentats ont pour auteur des éléments, parfois même jeunes, à la solde des Anglo-Saxons, des Juifs et des Bolcheviks et agissant selon les mots d’ordre infâmes de ceux-ci. Des soldats allemands ont été assassinés dans le dos et blessés. En aucun cas, les assassins ont été arrêtés ». Szmul Koremblum fut désigné comme otage et passé par les armes le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien, inhumé au cimetière de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine).
Gaby Holzman, sa fille, trente-cinq ans, témoigna après la Libération devant la commission d’épuration de la police. Elle déclara que : « les Brocanteurs de Belleville ne s’occupaient pas de politique, d’ailleurs [mon père] ne savait ni lire ni écrire. À ma connaissance, [il] n’a jamais appartenu à un groupement d’extrême gauche ».
Le 20 novembre 1945, un hommage était rendu en présence de sa famille à Szmul Koremblum, avant sa réinhumation dans le caveau de la Société des marchands forains au cimetière parisien de Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine).
Comme il était de nationalité étrangère, le ministère des Anciens Combattants n’accorda pas la mention « Mort pour la France » à Szmul Koremblum.
Sources

SOURCES : Arch. PPo, BA 2439, KB 95, 77W 6565, 77 W 5360-293795. – Arch. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 2 (Notes Delphine Leneveu et Thomas Pouty). – Louis Sadosky, brigadier-chef des RG, Berlin 1942, CNRS Éd., 2009. – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Romillat, 1992. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit.La Voix du IIIe arrondissement de Paris, du 24 novembre 1945 (transmis par Jean Darracq). – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC.

Daniel Grason

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