Né le 15 septembre 1903 à Biala Podlaska, région de Lublin (Pologne), fusillé comme otage le 31 mars 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; dirigeant d’un cercle artistique, copropriétaire d’un cinéma, commerçant.

La famille Liberman sur la côtes Normandes avant la guerre.
Communiqué par Charles Vincent.
Fils de Joseph Herc et de Chava Nauma Salomon, Benjamin Liberman de confession juive vint en France en 1923. Il dirigea le cercle artistique 2 et 4 rue des Batignolles (Paris XVIIe). Il eut des relations avec les milieux huppés de la capitale, fit la connaissance d’Anna Gould, fille du financier américain Jay Gould. Divorcée de Boniface de Castellane, dit Boni, elle s’était remariée avec Hélie de Talleyrand-Périgord. La duchesse était, selon les Renseignements généraux, généreuse. Benjamin Liberman partit de rien, devint riche grâce à ses relations. Il acheta un hôtel particulier 3 rue de Lota, à Paris (XVIe arr.), une propriété à Ville-d’Avray (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) puis, en octobre 1930, le château de Frileuse à Briis-sous-Forges (Seine-et-Oise, Essonne).
Benjamin Libermann possédait de 1932 à 1938 le manoir à Courcelles dans l’Essonne, qui héberge aujourd’hui le Centre Benoît Frachon. En 1938, il tenta de vendre ce domaine à Simon Rachat par acte notarié du 26 février 1937, ce qui n’aboutit pas, et fut résilié par le tribunal. Il fut vendu finalement au collaborateur Alexandre Kliaguine le 22 décembre 1948. Celui-ci fut condamné quelques années plus tard pour collaboration et déchu de la nationalité française.
Abram Liberman dit Albert, son frère, né également à Biala Podlaska, rejoignit Benjamin en 1926, suivit des cours à la faculté de droit, devint journaliste, membre de l’association de la presse étrangère. En 1929, il quitta l’immeuble cossu du 17 rue du Colonel-Moll (XVIIe arr.) pour habiter chez son frère. En mars 1933, Benjamin Liberman et son frère Abram s’associèrent avec Simon Rachat pour l’exploitation d’une salle de cinéma au 31 avenue de l’Opéra (Ier arr.). Le premier était associé majoritaire.
Le gouvernement de Vichy promulgua le statut des Juifs le 3 octobre 1940, puis un second statut le 2 juin 1941. L’article 4 indiquait : « Les Juifs ne peuvent exercer une profession commerciale, industrielle ou artisanale, ou une profession libre. » Dès novembre 1940, en zone occupée commença l’« aryanisation » des biens juifs, par le recensement des propriétaires de commerces, activités artisanales et d’établissements industriels. La spoliation fut souvent menée par des gérants membres des partis collaborationnistes. Benjamin Liberman fut-il la victime de l’« aryanisation » de ses biens ? Il fut arrêté à son dernier domicile 34 rue de la Faisanderie, Paris (XVIe arr.), puis interné au camp de Drancy réservé aux Juifs à une date inconnue.
Benjamin Liberman possédait de 1932 à 1938 le manoir à Courcelle-sur-Yvette dans l’Essonne, qui héberge aujourd’hui le Centre Benoît Frachon. En 1937, il tenta de vendre ce domaine à Simon Rachat par acte notarié du 26 février 1937, ce qui n’aboutit pas, et fut résilié par le tribunal. Il fut vendu finalement au collaborateur Alexandre Kliaguine le 4 mars 1938. Ce dernier le vendit à la CGT le 22 décembre 1948.
Le 21 février 1942, un attentat fut commis au Havre contre les occupants. En représailles, les Allemands désignèrent vingt otages. Ils furent passés par les armes le 31 mars. Benjamin Liberman fut inhumé à La Garenne-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine).
Après la Libération, une seconde inhumation se déroula au cimetière de Passy (XVIe arr.). Ses amis firent graver une épitaphe : « À notre bien-aimé Benjamin Bernard Liberman, Mort au Champ d’Honneur, tombé sous les balles ennemies au Mont-Valérien le 31 mars 1942 à l’âge de trente-neuf ans. »


L’abbé allemand Franz Stock l’évoque dans son Journal de guerre :
« Mardi 31.3.42
Lever 5 heures, 15 otages au Cherche-Midi (attentat du Havre). Arrivé à 6 heures du matin, une partie d’entre eux sont des Juifs du camp de Drancy, quelques communistes, et d’autres déjà condamnés par le tribunal militaire.
2 parmi eux étaient réceptifs, aucun ne s’est confessé ou n’a communié : au dernier moment seulement, là haut au fort, avons fait ensemble acte de contrition et récité les dernières prières.
Corre, A., 6, rue Laos, XVe, catholique
Decagny, Paul, cultivateur, Hétomesnil par Lihus (Oise), catholique
Carpentier, René, Moulancourt, par Ville sur Andre, catholique
Guérin, Maurice Paul, 79, rue Henri Barbusse, Clichy, catholique
Noël, Raymond, Pont St. Maxence (Oise)
Souillart, Raymond [en fait Souilliart Raymond]
Aucun d’entre eux ne pratiquait, les autres étaient communistes ou Juifs, dont pour ces derniers, Bernard Lieberman [en fait Liberman Benjamin], croyant, qui avait beaucoup fait le bien, pria et demanda ma bénédiction. Les communistes moururent : "Vive le Parti communiste, la Troisième internationale, Staline, Lénine, Rosa Luxembourg, etc." Avec les "Allons enfants". Le chef [peut-être René Sahors, note de C. Pennetier] affirma que si Dieu et le ciel existaient, alors ils accueilleraient aussi un communiste.
Une partie (7) a été inhumée au cimetière de La Garenne, les autres (8) à Courbevoie ; sépultures pas terminées, c’est pourquoi attendu 3 heures. »
Notons que sur 15 otages ne donne les noms que de 7 d’entre-eux.
Ceux manquants sont pour l’essentiel des Juifs
ainsi
Arbiser Ziskind
Banach Menachem
Gmach Markus
Ilzicer Daniel
Klein Arnost
Rabinowicz Joseph
mais aussi
Lambard Paul
Sahors René
Toulza Clément
Ce qui fait 9 et non 8 selon nos biographies. Un otage aurait échappé à l’abbé Stock. A moins que le rebelle René Sahors ait subi un sort particulier.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 2298. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Romillat, 1992. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – État civil Acte de décès de la mairie du 16e (Paris), acte nro. 2264 du 29 octobre 1942, rectifié pour transcrire la décision du tribunal de la Seine du 23 novembre 1945 Archives de Paris, cote 16D 166 (page 27 du document scanné) transmis par Wolf Jäcklein que nous remercions également pour les compléments qu’il nous a communiqués. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC. – Mémorial GenWeb.

Daniel Grason

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