Né le 5 février 1886, à Kichinev, Chisinau (Empire russe, Roumanie, Union soviétique, Moldavie), fusillé comme otage le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; vernisseur.

Charles Weinberg habitait avec sa famille, 6 impasse Daunay à Paris (XIe arr.), depuis 1920, tout près du cimetière du Père-Lachaise. Il était né dans une ville de l’Empire russe, Kichinev, devenue en 1917 capitale de la Moldavie indépendante sous le nom de Chisinau, puis incorporée à la Roumanie. Le couple Weinberg demanda et obtint, par décret du 12 juin 1938, la nationalité française. Ils eurent sept enfants, tous français. Le chef de famille s’inscrivit sur les listes électorales.
Au moment du Front populaire, Charles Weinberg devint le président du Foyer populaire juif, fondé le 20 juillet 1936 et déclaré le 27, à la préfecture de police. L’association, un cercle juridique et sportif, avait son siège au 30 rue Basfroi (XIe arr.). Outre un accès à la bibliothèque et la salle de lecture, l’enseignement du yiddish, l’histoire juive, des activités sportives et des excursions étaient proposées à une centaine de familles adhérentes. Dès la fin août 1939, l’association cessa de fonctionner.
Du fait de la dégradation de la situation économique, Charles Weinberg devint chômeur. La famille vivait des fonds de chômage accordés par la mairie. Avec les lois du 3 octobre 1940 et du 2 juin 1941 sur le statut des Juifs, sa carte d’identité française fut tamponnée du mot « Juif ». Le 4 juillet 1941 vers 17 h 30, quelques gamins âgés de six à dix ans se dirigeaient vers la rue de la Roquette, portant des feuilles de papier sous le bras. Un gardien de la paix remarqua que les feuilles portaient le titre de La Vie ouvrière. Il les interpella. À la vue de l’uniforme, ils s’envolèrent tels des moineaux. Le plus petit, Robert, six ans, fils Weinberg fut rattrapé. Il était porteur de dix-huit exemplaires du numéro spécial de La Vie ouvrière de mai 1941 qui portait en titre « Vive la Commune ! ». Le gardien mena l’enquête et constata que les tracts venaient d’un terrain vague proche. « Les enfants les avaient ramassés pour s’amuser », écrivit-il le lendemain dans un rapport signé aussi par le commissaire, et il ajouta : « Les parents du jeune Weinberg ne font l’objet d’aucune remarque défavorable. »
Le 19 août 1941, Charles Weinberg fut arrêté par la police française sur ordre des autorités d’occupation, en raison de son origine juive. Il fut conduit le 20 au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs. Un inspecteur des Renseignements généraux fit une enquête qui concluait « n’a jamais fait de politique ». Louis Sadosky, responsable du rayon juif de la police, grand falsificateur, écrivit dans son rapport : « Sympathisant des théories communistes, susceptible de se livrer à la propagande clandestine en faveur des théories de la IIIe Internationale. Son enfant a été arrêté et trouvé porteur le 4 juillet 1941 de tracts communistes. Suspect et dangereux pour l’ordre public ».
Le 14 décembre 1941 Charles Weinberg fut emmené par des soldats allemands de Drancy dans une prison. Le 15 décembre, en représailles à des attentats commis le 28 novembre et le 7 décembre 1941 contre les troupes d’occupation, il y eut soixante-dix otages passés par les armes au Mont-Valérien, parmi lesquels cinquante-trois Juifs dont Charles Weinberg à 12 h 55.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 2439, KB 95, 77W 80. – DAVCC, Caen, otage-B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Bureau Résistance GR 16 P 602028 (non homologué). – Laurent Louis Sadosky, brigadier-chef des RG, Berlin 1942, CNRS Éd., 2009. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC.

Daniel Grason

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