Né le 8 février 1922 à Paris (XIIe arr.), fusillé par condamnation le 11 février 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; tapissier.

Roger Yabbès
Roger Yabbès
Fils de Léon, tapissier, et de Allègre, née Lévy, Roger Yabbès demeurait chez ses parents 32 bis rue Miss-Cavell à Saint-Maur-des Fossés (Seine, Val-de-Marne). Son cousin Robert Alcoulombré lui aurait proposé de se rendre en Angleterre pour s’engager dans les troupes de la France libre du général de Gaulle. Un chef d’entreprise, Monsieur Boudou, directeur de la société métallurgique de Normandie à Caen (Calvados) fournirait un faux état civil, un sésame qui permettrait d’embarquer sur un chalutier à destination des côtes anglaises.
Roger Yabbès fréquentait le camp de jeunesse de Saint-Maur-des-Fossés, une émanation de Vichy qui diffusait les valeurs de l’État français : Travail-Famille-Patrie, respect du chef, obéissance et discipline. Il eut l’imprudence en novembre 1941 de parler de ce projet à l’un de ses camarades, Jacques Saludes, en lui demandant s’il voulait se joindre à eux. La sœur de ce dernier en parla au chef de camp qui alerta le commissariat de Saint-Maur-des Fossés. Roger Yabbès, son cousin Robert Alcoulombré et Jacques Saludes furent arrêtés le 20 novembre 1941 par des policiers français. Robert Alcoulombré expliqua qu’il s’agissait d’une boutade, que le chef d’entreprise Monsieur Boudou qu’il connaissait de par son activité professionnelle n’était pas gaulliste. Les policiers perquisitionnèrent les domiciles, rien ne fut trouvé.
Les trois hommes furent livrés le lendemain à la police allemande pour « activité anti-nationale et propagande gaulliste ayant pour but essentiel le recrutement d’éléments susceptibles de s’engager dans l’armée de l’ex-général de Gaulle ».
La machine répressive était en marche. Roger Yabbès et Robert Alcoulombré étaient de confession juive, ce qui aux yeux des policiers français comme allemands les condamnait. Incarcérés à la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.) dès le 21 janvier 1942, les trois hommes comparurent le 28 janvier devant le tribunal militaire allemand du Gross Paris qui siégeait 11 rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Le chef du camp de jeunesse Monsieur Mangou témoigna à charge. Roger Yabbès et Robert Alcoulombré furent condamnés à mort pour « activité en faveur de l’ennemi », Jacques Saludes fut condamné à trois ans de prison.
Roger Yabbès et Robert Alcoulombré ont été fusillés ensemble, le 11 février 1942 à 12h17, au Mont-Valérien. Le lendemain paraissait dans le quotidien collaborationniste Le Matin un : « Avis. 1. Roger [Robert] Alcoulombré, de Saint-Maur. 2. Roger Yabbès, de Saint-Maur, condamnés à mort pour activité en faveur de l’ennemi par suite d’agissements gaullistes, ont été fusillés aujourd’hui. Paris, le 11 février 1942. Le commandant du Grand-Paris ».
Roger Yabbès fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 11 février 1942 division 39, ligne 1, n°25.
Le 23 février 1942 Allègre Yabbès, la mère de Roger écrivit au préfet de police, demandant que le corps de son fils, qui se trouvait au cimetière d’Ivry-sur-Seine, lui soit restitué afin qu’il soit inhumé dans le caveau de famille à Saint-Maur-des-Fossés. Ce transfert n’eut lieu que le 16 mars 1945.
Roger Yabbès fut reconnu Mort pour la France par le Ministère des Anciens Combattants le 17 avril 1946.
Le nom de Roger Yabbès figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, et à Saint-Maur-des-Fossés sur la plaque commémorative à la mémoire des fusillés et morts en déportation apposée dans le hall de la mairie, ainsi que sur le monument aux morts de la commune au cimetière Rabelais.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 77W 128. — AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Le Matin, 12 février 1942. — Site Internet du Mont-Valérien. — Les orphelins de la Varenne, 1941-1944, L’Harmattan, 2004, p. 49. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — État civil, Paris (XIIe arr.). — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason

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