Né le 5 mai 1909 à Varsovie (Pologne), fusillé comme otage le 20 mai 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; commerçant casquettier.

Marié, Pejsak Libermann était père d’un enfant. La famille vivait au 72 rue des Rigoles à Paris (XXe arr.). Pejsak dit Paul tenait boutique non loin de là, 6 rue Levert. Il fut arrêté à son domicile le 11 septembre 1941 et interné au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs.
La Section spéciale de recherches (SSR) des Renseignements généraux était chargée, depuis 1937, de la surveillance des étrangers. Louis Sadosky responsable du rayon Allemand et Polonais fut nommé en 1941 responsable du rayon juif, rompant ainsi avec le principe de la nationalité. Il écrivit sans preuve que Pejsak Libermann était : « Suspect du point de vue. Susceptible de se livrer à la propagande en faveur de la IIIe Internationale. Très dangereux pour l’ordre public. »
Le 10 mai 1942, deux attentats furent commis par des résistants, l’un contre le Feldposekretär Heinrich Ragge, l’autre à l’aide d’explosifs contre un local militaire. Le 20 mai, un « Avis » annonça dans le journal collaborationniste Le Matin : « On a découvert que parmi les auteurs des différents attentats commis ces derniers temps à Paris contre des membres de l’armée allemande et de la police française, se trouvaient des Juifs originaires d’Europe orientale qui ont été arrêtés.
En représailles aux deux attentats du 10 mai 1942, cinq Juifs originaires d’Europe orientale ont été immédiatement fusillés. »
Le 18 mai, il fut transféré à la prison de Fresnes. Pejsak Libermann fit partie des cinq otages passés par les armes le 20 mai 1942 au Mont-Valérien. Son inhumation eut lieu au cimetière de Bois-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine).
Libermann Paul 72 rue des Rigoles 20e.
Prison de Fresnes, le 20 mai 1942 à 8 heures
 
Ma chère femme et enfant,
Lundi 18 mai vers 4 heures, je fus emmené du camp de IDrancy où j’étais depuis plus de huit mois ; on m’a mis seul dans une cellule.
Ce matin, les papiers sont arrivés et on m’a pris comme otage, et nous serons fusillés.
Il ne m’est pas permis de faire la moindre démarche, ni protestation. L’ordonnance est signée du Commandant du Grand-Paris ; donc, personne ne peut rien pour moi.
Je comprends, ma chère, ta triste douleur ; mais crois-soi, chérie, que ça ne peut changer en rien. Donc, sois courageuse et élève bien notre enfant ; sois une bonne mère
ur lui.
Quoi qu’il t’arrive dans la vie, n’abandonne pas notre cher Marcel, et parle-lui souvent de moi. Sois brave et forte, monte de son mieux le moral à Maman chérie, et aide-la de n mieux comme ta propre Maman.
Jusqu’à la dernière minute, je tiendrai votre photo devant mes yeux.
Paul.
Sources

SOURCES : Arch. PPo, BA 2439. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Louis Sadosky, brigadier-chef des RG, Berlin 1942, CNRS Éd., 2009. – S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Guy Krivopisko, La vie à en mourir, op. cit. —Le Matin du 20 mai 1942. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC, cote XLVa-41.

Daniel Grason

Version imprimable