SNAUKO Peter (nom d’emprunt), né NEUER Alik [Pseudonyme dans la Résistance : Jules]
Né le 5 janvier 1914 à Cernova (royaume de Hongrie, Slovaquie), fusillé le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; manœuvre, interprète ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; responsable technique des FTP-MOI parisiens.
Pendant les six mois où il fut membre du triangle de direction, les quatre détachements FTP-MOI menèrent plus de quatre-vingt-dix actions : grenadages d’hôtels occupés par les Allemands, incendies de garages, exécutions de soldats et d’officiers allemands...
Le 3 juillet 1943, deux dirigeants des FTP, Louis Wallé et Pierre Lamandé, furent interpellés avenue Daumesnil, à proximité de la porte Dorée (XIIe arr.). Des documents se rapportant à leurs activités clandestines furent découverts sur eux. Lors de la perquisition du domicile de l’un d’eux, les policiers trouvèrent un plan de la région d’Herblay (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), où devait avoir lieu une livraison d’armes et de matériel. Deux jours plus tard, des inspecteurs de la Brigade spéciale no 2 (BS2) étaient sur place. Peter Snauko fut arrêté, ainsi qu’Hélène Glasz, dite Suzanne, son agent de liaison, en France depuis 1937, originaire de Hongrie et considérée par les Renseignements généraux comme « Juive, réfugiée politique ».
À l’issue d’une vaste opération policière, soixante-huit militants et combattants de la MOI furent arrêtés.
Peter Snauko demeurait 165 rue Pelleport (XXe arr.) et disposait de deux domiciles clandestins, 21 rue Soleillet (XXe arr.) et 8 rue Beudant (XVIIe arr.), où la police découvrit de nombreux documents. Dans un dépôt 18 rue Dauphine (VIe arr.), les policiers saisirent trente bombes, soixante-deux corps de bombes, quinze engins incendiaires, deux revolvers, une grenade, des détonateurs et des produits chimiques destinés à fabriquer des bombes incendiaires.
Pendant les interrogatoires, Peter Snauko ne lâcha pas sa véritable identité. Il comparut le 1er octobre 1943 devant le tribunal du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) et fut condamné à mort pour « actes de franc-tireur ». Passé par les armes le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien, il fut ensuite inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Hélène Glasz fut incarcérée en novembre 1943 à la prison d’Aix-la-Chapelle (Allemagne) en attendant son jugement à Cologne. Classée « NN » (c’est-à-dire Nuit et brouillard), condamnée à disparaître, elle fut déportée à Ravensbrück, et libérée le 14 avril 1945 par la Croix-Rouge. Elle serait rentrée en Hongrie.
SOURCES : Arch. PPo. PCF carton 14, rapports hebdomadaires sur l’activité communiste, KB 5, KB 74, 77W 727. – DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII dossier 4 (Notes Thomas Pouty). – Andreu Castells, Las Brigadas internacionales de la guerra de España, Ariel, 1974. – Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance, Fayard, 1989. – Boris Holban, Testament. Après quarante-cinq ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle..., Calmann-Lévy, 1989. – FMD, Livre-Mémorial, op. cit. – Site Internet Mémoire des Hommes.
Daniel Grason