Né le 12 janvier 1913 à Cognac (Charente), fusillé le 8 octobre 1943 au stand de tir des Groues à Saint-Jean-de-la-Ruelle (Loiret) ; manutentionnaire aux Postes, Télégraphes et Téléphones (PTT) ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant membre des FTPF.

Fernand Rivière
Fernand Rivière
Crédit : MémorialGenWeb
Fils d’Hippolyte Rivière, gendarme dans la brigade maritime, et de Célestine, née Michaud, couturière, Fernand Rivière fut orphelin à l’âge de six ans. Son père mourut de maladie en juillet 1919 à Bordeaux (Gironde), Fernand Rivière fut pupille de la Nation par décision du tribunal civil de Cognac le 29 décembre 1919.
Il alla à l’école primaire, obtint son certificat d’études primaires en juin 1925 à l’âge de douze ans et demi et il entra au cours complémentaire. Mais, en raison des maigres revenus de sa mère, il dut travailler. Embauché aux PTT à Cognac, il débuta le 1er novembre 1926, à treize ans, comme porteur de télégrammes. Il était très bien noté par la hiérarchie. Il se syndiqua à la CGT en 1928.
Il signa à Rochefort (Charente-Inférieure, Charente-Martitime) un engagement de trois ans dans la marine à compter du 1er novembre 1932. Il obtint le 1er juillet 1933 le brevet élémentaire d’électricien à l’école de la marine de Toulon (Var) et embarquera sur le cuirassé Paris, puis sur le navire école Jeanne-d’Arc comme quartier-maître électricien. Il appareilla de Brest le 5 octobre 1933 pour un voyage de neuf mois, puis le 5 octobre 1934 pour une nouvelle période de neuf mois.
De retour à la vie civile en janvier 1936, il reprit son travail aux PTT à la poste de Cognac. Il adhéra au Parti communiste, qui regroupa six cents membres en Charente à la fin de cette année-là. Il fit la connaissance de Marcelle Quérois, de quatorze ans son aînée, militante et membre du Parti communiste depuis 1932, qui travaillait dans la même poste. Tous les deux participèrent aux manifestations du Front populaire. Ils se marièrent à la mairie de Cognac le 12 avril 1937. Le couple demeurait dans la ville, chemin de la Pallue.
Fernand Rivière suivit une semaine l’école de formation interrégionale du Parti communiste à Bordeaux, où il fut noté comme « Un des meilleurs éléments de cette école, [...] a sa place dans le Bureau régional ». Il eut des responsabilités au sein de l’organisation communiste : président des Jeunesses communistes de Cognac en 1937, membre du bureau régional du Parti, secrétaire adjoint de la section, membre du Conseil national des comités de défense de l’Humanité (CDH).
Il demanda une disponibilité pour aller combattre en Espagne. Il y arriva le 3 septembre 1938, mais ne prit pas part au combat et fut affecté le 9 septembre au camp d’instruction de Cambrils (Province de Tarragone) dépendant de la 14e brigade. Son rapatriement eut lieu en novembre 1938.
Dès son retour, il reprit son activité militante. Mobilisé à la déclaration de guerre en septembre 1939, il fut affecté à la pointe de Grave (Gironde). Démobilisé, il fut muté à la poste d’Orléans (Loiret).
Albert Rigal, ex-député communiste de Paris, réorganisa le Parti communiste dans plusieurs départements de la région Centre, dont le Loiret. Il contacta Fernand Rivière, qui loua sous une fausse identité une pièce dans une ferme à Semoy, un village de moins de cinq cents habitants, près d’Orléans et de Fleury-les-Aubrais. Un duplicateur fut installé, le premier tract édité fut « L’Appel au peuple de France » signé de Maurice Thorez et Jacques Duclos, en juillet ou août 1940.
En décembre 1942 fut créé le groupe FTP Chanzy, quatorze combattants à Orléans et dix à Bonny-sur-Loire. Fernand Rivière fut commissaire politique FTP, chef de secteur du Loir-et-Cher et d’Indre-et-Loire ; sa femme Marcelle, agent de liaison, devint Paule. Entre janvier et juin 1943, les deux équipes procédèrent à une vingtaine d’actions : déraillement d’un train de charbon, sabotages de voies ferrées, exécution d’un caporal allemand par Fernand Rivière pour récupérer son arme, destructions de câbles téléphoniques, opérations de récupération de tickets d’alimentation dans trois mairies.
Un terrible concours de circonstances va décimer les deux groupes FTP : le 26 mars 1943, l’ancien patron de Maurice Jenot, commissaire politique, le croisa à Orléans et avertit immédiatement le chef de la Sûreté. Maurice Jenot, condamné par contumace, était recherché par la police. Deux policiers furent envoyés à la gare d’Orléans, le délateur désigna Jenot au moment où il montait dans le train. Il fut interpellé alors qu’il portait sur lui des papiers qui ne laissaient aucun doute sur son activité clandestine.
Les policiers apprirent que Maurice Jenot s’était rendu chez sa belle-sœur à Tours et une perquisition fut fructueuse : des notes sur les FTP, sur des sabotages commis dans la région furent saisies ainsi qu’un rapport sur un attentat manqué contre Marcel Déat, président du Rassemblement national populaire (RNP) le 3 mars 1943 à Arbouse dans la Nièvre.
Une brigade du Service de police anticommuniste (SPAC) fut chargée d’interroger Maurice Jenot, il fut torturé pendant plusieurs jours. Les policiers de la SPAC arrêtèrent ou firent arrêter soixante-quinze personnes. En mai 1943, les policiers de la 5e Brigade mobile appréhendèrent Fernand Rivière dans le Loir-et-Cher et trouvèrent sur lui un papier portant le nom d’Albert Méresse. Celui-ci fut arrêté à Orléans, porteur d’un sac contenant dix kilos de brochures. Il déclara d’abord n’être qu’un simple agent de liaison, puis passa aux aveux complets, reconnaissant être le chef militaire de la région, se mettant sans contrainte physique au service de la police. Il tendit des traquenards à ses anciens camarades, participa à des arrestations, devint enfin collaborateur au service de la Gestapo. Le groupe Chanzy d’Orléans et de Bonny-sur-Loire fut démantelé, tous ses membres furent livrés aux Allemands, et incarcérés à la prison de Fresnes.
Le tribunal de la Feldkommandantur 589 siégea au palais de justice d’Orléans du 30 septembre au 1er octobre 1943. Dix-huit résistants comparurent, dix-sept hommes, dont Fernand Rivière, furent condamnés à mort. Marcelle Rivière fut condamnée à dix ans de travaux forcés. Le verdict suscita beaucoup d’émotion et Jacques Bussière, le préfet régional nommé par Vichy, intervint auprès de l’ambassadeur Fernand de Brinon pour qu’il intercède auprès des autorités allemandes afin que des condamnations à mort soient commuées en peine de travaux forcés. En vain... Fernand Rivière et ses camarades furent fusillés le 8 octobre 1943 au stand de tir des Groues à Saint-Jean-de-la-Ruelle. Déportée le 27 octobre 1943 en Allemagne, Marcelle Rivière, très affaiblie par la dysenterie, mourut pendant la nuit à l’infirmerie de Ravensbrück le 15 février 1945.
Le 8 octobre 1944, la population d’Orléans rendit hommage en présence des familles, des organisations patriotiques et d’un détachement militaire aux dix-sept fusillés à l’appel du Parti communiste, vingt mille personnes étaient présentes.
Le conseil municipal de Fleury-les-Aubrais donna en 1985 le nom de Fernand-et-Marcelle-Rivière à une rue de la ville (ex-rue Gachon). Le 27 mai 1999 une plaque commémorative fut posée au 45 quai de Prague à Orléans : « Fernand et Marcelle Rivière. Groupe Chanzy 1943. Francs-tireurs et partisans. Français Victimes de la barbarie nazie ».
Sources

SOURCES : Arch. RGASPI, 545.6.45 (Moscou). – Arch. PPo., 77W 984. – DAVCC, Caen, B VIII 3 / B VIII 4, Liste S 1744-312/43 (Notes Thomas Pouty). – André Chêne, Ceux du groupe Chanzy, 1964. – Le Matin, 11 mars, 13 avril et 28 avril 1943. – Site Internet, Groupe Chanzy, La Résistance dans la région Centre, textes de Jacques Loiseau, neveu de Fernand Rivière. – FMD, Livre-Mémorial, op. cit. – Mémorial GenWeb. – État civil, Cognac.

Daniel Grason

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