Né le 4 décembre 1921 à Saint-Sylvestre (Haute-Savoie), exécuté sommairement le 25 août 1944 à Montricher (Savoie) ; cheminot ; résistant dans l’Armée secrète (AS).

Émile Effrancey était le fils de Jean Effrancey, manœuvre et de Thérésine Excoffier. En 1944, il était employé de la SNCF, cantonnier auxiliaire. Célibataire, il résidait à Saint-Julien de Maurienne.
Le 25 août la Maurienne était dans une situation d’extrême tension et la répression y faisait rage. La 157e D.I. avait reçu l’appui de la 90e Panzer Grenadier Division pour tenir la vallée. Emile Effrancey appartenait à la 3e compagnie AS du secteur de Saint-Jean de Maurienne. Il avait participé les 22 et 23 août aux actions de harcèlement contre les colonnes ennemies qui refluaient vers l’Italie.
Il fut capturé le 24 août dans une voiture prêtée par le directeur de l’usine de Montricher pour ravitailler des groupes de résistants. Emmené à la Kommandantur de Saint-Jean, il y fut torturé. Le lendemain, il fut ensuite forcé de marcher, pieds nus, de Saint-Jean jusqu’au hameau du Bochet. Arrivé sur place il fut achevé d’une rafale de pistolet-mitrailleur. Après sa mort le hameau fut pillé et incendié.
Monsieur J. Verney, maire en 2006, témoigne : Le 24 août, « Emile Effrancey était descendu de Montricher (lieu de stationnement du maquis) au Bochet en compagnie du maire Pasquier et de Alphonse Pasquier, chez qui il allait récupérer du vin pour le maquis. Les ayant laissés à l’entrée du village, il alla tourner la voiture dans le virage cent mètres plus bas. C’est là qu’une patrouille allemande l’arrêta et le fit descendre avec la voiture à Saint-Jean-de-Maurienne au siège de la Gestapo. Il faut signaler que sur le siège arrière, il avait déposé sa mitraillette et il était chaussé de bottes allemandes récupérées lors d’une attaque. Torturé à Saint-Jean-de-Maurienne, il dût remonter pieds nus jusqu’au Bochet. Il fut exécuté d’une rafale de mitraillette en pleine tête. » à l’endroit précis où il avait été arrêté.
Robert Giraud, dans l’ouvrage de Rosine Perrier J’appartiens au silence (Edition de La Fontaine de Siloé) explique : « Effrancey avait voulu aller tourner devant le bâtiment Pétrel. Là, il a été surpris par la patrouille allemande qui était cachée derrière les piles d’ardoises et il a été conduit à l’hôtel de l’Europe, où il a été torturé. Le lendemain, il est remonté à pied avec un détachement allemand. Il a été fusillé…Dans l’après-midi le corps avait été remonté dans une voiture et transporté à l’église de Montricher. Sa toilette était faite parce que son état était affreux… » Ses anciens camarades se souviennent : « Quand on l’a revu, il n’avait plus de tête, tellement il avait reçu de balles. Il était criblé de balles, c’était atroce. »
Émile Effrancey obtint la mention Mort pour la France le 25 novembre 1946 et le titre d’Interné résistant en 1953. Par décret en date du 26 juin 1956, la Médaille de la Résistance lui fut attribuée. Une plaque commémorative a été apposée sur les lieux mêmes de sa mort. D’autre part, son nom est gravé sur le monument aux morts de son village natal.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Savoie, 1382 W 231 et 3808 W 1262. – État civil mairie de Saint-Sylvestre. — Michel Germain, Haute-Savoie Rebelle et martyre, Mémorial de la Seconde guerre mondiale en Haute-Savoie, La Fontaine de Siloé, 2009. — Hervé Barthélémy et Cédric Neveu, biographie in Cheminots victimes de la répression, 1940-1945, Mémorial (Thomas Fontaine, dir.), Perrin / Sncf, Paris, 2017, p. 576. — Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 207697 et Caen AVCC, AC 21 P 640870.

Michel Aguettaz, Michel Germain

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