Né le 17 mai 1924 à Poitiers (Vienne), fusillé après condamnation à mort le 6 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; étudiant en médecine à Poitiers (Vienne) ; résistant, groupe Tullius et FTPF.

Photographie du groupe Tullius réalisée par le Service Régional le 13 août 1943, après leur arrestation, à la prison de la Pierre Levée à Poitiers. Légendée "Assassins du Dr. Guérin"
Photographie du groupe Tullius réalisée par le Service Régional le 13 août 1943, après leur arrestation, à la prison de la Pierre Levée à Poitiers. Légendée "Assassins du Dr. Guérin"
Fils de Gérard et de Madeleine, née Rispoil, Jacques Massias vivait au début des années 40 à Poitiers (Vienne) où ses parents étaient enseignants, son père professeur d’éducation physique au lycée de garçons de Poitiers, le lycée Henri IV et sa mère institutrice au lycée de jeunes filles Victor Hugo. Ils étaient domiciliés 66 rue Théophraste Renaudot. Sa mère décéda en 1940 et son père franc-maçon fut révoqué en décembre 1941. Étudiant en médecine, il était lié à Jacques Delaunay, également étudiant en médecine et fils de Georges Delaunay franc-maçon de la même loge que Gérard Massias. Avec un groupe de camarades étudiants, après avoir mené beaucoup d’actions mineures de résistance à Poitiers (inscriptions murales, chahuts dans les cinémas, vols d’armes et munitions dans les cafés et bains publics…) il constitua un groupe de résistance organisé, le groupe Tullius (du nom de l’esclave affranchi de Cicéron). Il y prit le pseudonyme d’Haltère. Le groupe décida d’enlever le docteur Michel Guérin, président du Parti populaire français de la Vienne. Celui-ci écrivait régulièrement dans L’Avenir de la Vienne sous le pseudonyme de Chavigny où il dénonçait les communistes et les francs-maçons, et se déclarait partisan de la collaboration avec l’Allemagne. Se sachant menacé, il avait fait poser des barreaux aux fenêtres de sa maison et obtenu le droit de porter une arme.
Le 13 mai en soirée, Marc Delaunay frappa à la porte du docteur lui demandant d’aller soigner l’une de ses clientes. Michel Guérin s’y rendit, mais quand il ouvrit la porte du jardin vers 22 heures, l’un des hommes en embuscade lui asséna un coup de marteau sur la tête. Le docteur dégaina son arme, tira à trois reprises. Le pistolet s’enraya, deux des quatre autres dont Jacques Massias le frappèrent à coups de poignard, puis tous prirent la fuite. Les dirigeants FTPF de Poitiers parvinrent à prendre contact avec le groupe, proche par ailleurs de jeunes étudiants communistes, et leur proposèrent de participer à leurs côtés aux actions de sabotage des FTPF. Jacques Massias participa à une attaque à main armée contre le siège du Secours national de Poitiers en compagnie de Marc Delaunay. L’arrestation fortuite d’un résistant FTPF à la mi-juillet 1943 permit, par les interrogatoires sous la torture, à la section des affaires politiques de la police française (SAP) du commissaire Rousselet de remonter les filières du réseau FTPF. Jacques Massias fut arrêté le 3 août à Bignoux dans une souricière tendue par la SAP, lors de son arrivée en vélo au QG du groupe FTPF. Le 5 août, Marc Delaunay et Jacques Delaunay, Jean Gautier et Roger Rieckert furent arrêtés à leur tour. Tous comparurent devant la section de Paris du tribunal d’État. Le commissaire du gouvernement demanda la peine de mort, laissant le soin au tribunal de réfléchir sur le sort de Jacques Delaunay et Roger Rieckert qui ne donnèrent pas de coups au docteur Guérin. Les avocats de la défense dont Me Maurice Garçon relevèrent que le docteur Guérin par ses écrits suscitait des passions. Ils affirmèrent que les jeunes gens ne voulaient pas le tuer mais lui donner une correction.
Jacques Massias, Marc Delaunay, Jean Gautier et Roger Rieckert furent condamnés aux travaux forcés à perpétuité pour avoir volontairement exercé des violences et voies de fait ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Jacques Delaunay fut condamné à vingt ans de travaux forcés pour les avoir aidés en connaissance de cause. Le lendemain les Allemands exigèrent que les cinq hommes leur fussent livrés, ils furent condamnés à mort par le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) le 1er octobre, à l’exception de Jean Gautier condamné aux travaux forcés à perpétuité.
Jacques Massias fut passé par les armes le 6 octobre 1943 en même temps que les frères Marc Delaunay et Jacques Delaunay et que Roger Rieckert.
Inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), Jacques Massias fut reconnu comme FTP à titre posthume. Le 14 février 1948 le ministère des Anciens Combattants lui accorda la mention « Mort pour la France ». Il reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance par décret du 31 mars 1947. Son nom figure sur sur le monument commémoratif du Mont Valérien et sur la plaque commémorative située dans la cour d’honneur du collège René Descartes, à Châtellerault avec l’inscription "Aux élèves et professeurs morts pour la France". Sur cette plaque figure également le nom de son père Gérard Massias qui s’engagea avec son plus jeune fils Jean, à peine âgé de 17 ans, pour venger la mort de leur fils et frère, dans les maquis FTPF de la Haute-Vienne, sous les ordres de Georges Guingouin. Gérard Massias fut tué au combat le 20 août 1944 au nord de Limoges à la veille de la Libération de la ville. Il est également « Mort pour la France ».
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 2057, 77W 700. — SHD Caen AVCC Boîte 5 / B VIII dossier 4, Liste S 1744-317/43 (Notes Thomas Pouty). — Le Matin, 11 et 27 août 1943, 11 septembre 1943. — Yves-Frédéric Jaffré, Les tribunaux d’exception 1940-1962, op. cit. — Christian Richard, La Solidarité, une loge maçonnique poitevine, Geste Éditions, 2008 — Site Internet Mémoire des Hommes. — Site Internet Vienne Résistance Internement Déportation (VRID). — Mémorial genweb — État civil, Poitiers registre complémentaire des décès 1944 acte n° 8.

Daniel Grason, Michel Thébault

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