Né le 31 décembre 1920 à Saint-Florentin (Yonne), fusillé après condamnation à mort le 19 février 1944 à L’Épine (Marne) ; agent SNCF ; résistant ; FTPF-FFI.

Robert Baudry
Robert Baudry
SOURCE : 
Pierre Servagnat, La Résistance et les FFI
dans l’arrondissement d’Épernay
Butte des fusillés à L'Épine
Butte des fusillés à L’Épine
<i>Paris-Soir</i>, n° 1192, 2 mars 1944
Paris-Soir, n° 1192, 2 mars 1944
Sur la plaque commémorative</br>de la Butte des fusillés à L'Épine
Sur la plaque commémorative
de la Butte des fusillés à L’Épine
À Saint-Martin-sur-le-Pré
À Saint-Martin-sur-le-Pré
Dans le cimetière
Dans le cimetière
Sur le monument aux morts
Sur le monument aux morts
Sur le monument aux martyrs de la Résistance</br> à Épernay
Sur le monument aux martyrs de la Résistance
à Épernay
Sur le quai de la gare SNCF</br> de Châlons-en-Champagne
Sur le quai de la gare SNCF
de Châlons-en-Champagne
SOURCE : 
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Robert Baudry était le fils d’Alexandre Baudry, dit René Baudry, manouvrier, et de Madeleine Julie Eugénie Rouy, ménagère. Célibataire, il était l’aîné d’une fratrie de cinq garçons. Domicilié à Saint-Martin-sur-le-Pré (Marne), il exerçait la profession d’agent auxiliaire SNCF Châlons-sur-Marne (Châlons-en-Champagne, Marne).

Fait prisonnier en mai-juin 1940, il fut libéré en 1941 comme soutien de famille. Rentré dans son foyer, à Saint-Martin- sur-le-Pré (Marne), il participa à partir de mars 1943 à de nombreux sabotages. Le 1er août 1943, il fut nommé lieutenant par le comité militaire interrégional des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) et rejoignit le Groupe Pierre Semard.

Lorsqu’en novembre 1943 le groupe FTPF de Saint-Martin-d’Ablois (Marne) fut démantelé par un coup de filet de la Police allemande déclenché à la suite d’une dénonciation, Marcel Méjecaze, commissaire régional des FTPF, donna l’ordre à Robert Baudry d’aller se réfugier avec d’autres camarades dans la région de Sermaize (Marne).
Le 12 décembre 1943, Robert Baudry a été arrêté à Sermaize-les-Bains (Marne) par la Police française de Nancy avec Armand Risse le garagiste de Sermaize qui l’hébergeait (déporté à Buchenwald le 22 janvier 1944, déporté rentré), et deux camarades FTPF marnais, Camille Soudant et Georges Laîné. Incarcéré avec eux à Nancy puis à Châlons-sur-Marne, il a été inculpé d’attentats contre du matériel ferroviaire et condamné à mort le 16 février 1944 par le tribunal militaire allemand FK 531 siégeant à Châlons-sur-Marne. Il a été fusillé le 19 février 1944 sur le terrain de La Folie à L’Épine avec quatorze autres FTPF : Gilbert Cagneaux, Maurice Chuquet, Michel Destrez, Julien Ducos, Jean Goutmann, Georges Lainé, James Lecomte, Émile Rochet, Roger Sondag, Camille Soudant, Marcel Soyeux, Henri Speckaert, André Tessier et Louis Vanseveren.

Dernière lettre de Robert Baudry retranscrite par l’abbé Pierre Gillet et publiée dans Cahiers châlonnais :

Petite mère chérie et frères,

Je vous écris ces dernières lignes dans ma cellule, d’une main ferme. Ne pleurez pas ma mort, je vais rejoindre mon père chéri, là-haut dans l’éternité.
J’ai reçu d’un aumônier militaire les derniers sacrements et je m’en vais l’âme forte. Ma vie aura été très courte, mais que voulez-vous, la destinée des hommes est tellement drôle.
Embrassez toute la famille pour moi. N’oubliez pas ce cher abbé [l’abbé J. Faguier]. Si je ne l’ai pas fréquenté, du fond du cœur je ne l’ai jamais réprouvé. En faisant ce que nous avons fait, nous avons cru agir en bons français. Nous nous sommes peut-être trompés, mais nous avons été condamnés à mort. Mieux vaut la mort que le déshonneur. Si on vous donne le droit de reprendre mon corps, mettez-moi avec mon père ; je crois avoir mérité d’être avec lui et malgré tout j’espère bien le retrouver. Ma mère chérie et Monsieur l’abbé, faites toujours l’impossible pour que mes frères, que j’ai si peu vus et ne verrai plus, ne sortent jamais de la légalité.
Que vous dirai-je encore ? Rien que des choses droites que vous savez si bien.
Je vous quitte pour toujours en vous embrassant de loin avec tout ce que j’ai de meilleur en moi-même, et malgré tout et toujours,
Vive la France éternelle !
Baudry Robert
Ne croyez jamais que votre grand est parti en lâche ou paresseux. Nous avons l’âme et le cœur fermes devant la mort et en vrai catholique qui attend la résurrection.
Le 19-2-44.


Le tribunal civil de première instance de Châlons-sur-Marne a rendu le 31 mars 1944 un jugement déclaratif de décès transcrit le 18 avril à l’état civil de Châlons sous le numéro 248, qui le déclare « décédé à Châlons-sur-Marne le 19 février à huit heures quarante minutes ».

Robert Baudry a été reconnu « Mort pour la France » en 1946 et a été homologué FFI. Les titres d’Interné-résistant et de Combattant volontaire de la Résistance (CVR) lui ont été décernés, ainsi que la Médaille de la Résistance par décret du 3 juillet 1946 publié au JO le 11 juillet 1946.
Inhumé après l’exécution dans le cimetière de l’Est de Châlons, le corps de Robert Baudry a été exhumé le 20 novembre 1944 et transféré dans le cimetière de Saint-Martin-sur-le-Pré.

Le garde-chasse, Marius Pilon, qui avait dénoncé le groupe FTPF de Saint-Martin-d’Ablois, a été abattu en juillet 1944, exécution revendiquée dans le communiqué 87 publié dans le numéro 62 du journal clandestin des FTPF France d’abord, daté du 12 août 1944.

Dans la Marne, le nom de Robert Baudry est inscrit sur la plaque commémorative de la Butte des fusillés à L’Épine, sur la liste des fusillés du monument aux martyrs de la Résistance élevé à Épernay et sur la plaque apposée en gare de Châlons-en-Champagne à la mémoire des agents SNCF « tués pour faits de guerre ». À Saint-Martin-sur-le-Pré, où une rue porte son nom, Robert Baudry figure sur le monument aux morts et sur une plaque commémorative 1939-1945 apposée dans l’église paroissiale.
Sources

SOURCES : SHD, Vincennes, GR16P 39246. – Arch. CH2GM-Marne, Direction de l’état civil et des recherches, dossier de Brinon, B7/3024, numéro 001325. – Arch. Dép. Marne, M. 7463, exécutions par les Allemands 1941-1944 ; M. 4774, fusillés ou exécutés par les Allemands, liste dressée à la demande du ministère de l’Intérieur en octobre 1944. – Arch. ONACVG-51, dossier CVR. – Arch. COSOR-51. – Arch. FN/FTPF/ANACR-51. – L’Union, 3 septembre 1946. – Pierre Servagnat, La Résistance et les Forces françaises de l’intérieur dans l’arrondissement d’Épernay-Souvenirs du capitaine Servagnat-Ceux de la Résistance (photo), Presses de l’Imprimerie de Montligeon, 1946. – Pierre Gillet, « Châlons sous la botte. Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement (1940-1945) » (dernière lettre), Cahiers châlonnais, n° 3, Châlons-sur-Marne, 1983, réédité en 1998. – Jean-Pierre Husson, La Marne et les Marnais à l’épreuve de la Seconde Guerre mondiale, Presses universitaires de Reims, 2 tomes, 2e édition, 1998. – Jean-Pierre et Jocelyne Husson, La Résistance dans la Marne, dvd-rom, AERI-Département de la Fondation de la Résistance et CRDP de Champagne-Ardenne, Reims, 2013. – État civil, Saint-Florentin (acte de naissance) ; Châlons-en-Champagne (transcription du jugement déclaratif de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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