Né le 20 août 1895 à Bordeaux (Gironde), fusillé comme otage le 2 octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; dessinateur chef de groupe à la SNCF ; résistant, membre du réseau Alliance.

Fils de François et de Marie, née Lasnavères, Jean Sabail est noté comptable sur sa fiche matricule ; elle indique, en 1914 ajourné à un an pour faiblesse, maintenu puis incorporé à compter du 8 août 1916, passé au 118e régiment d’infanterie le 17 avril 1917 et disparu le 27 mai 1918 à Craonnelle (Aisne), rapatrié le 29 novembre 1918, classé affecté spécial à la Compagnie d’Orléans en qualité d’employé à la voie à compter du 29 mars 1919, passé à la 3e Section des chemins de fer de Campagne le 10 décembre 1921, affecté comme chef ouvrier à Blois en octobre 1928 ; il fut rendu à la vie civile en février 1936.
Il avait épousé Léonie Lefébure-Daubigné (née le 5 avril 1891 à Châtellerault, Vienne) le 18 juin 1921 à la mairie de Bordeaux. Le couple demeurait 190 cours Victor-Hugo à Bègles. Un fils, Jacques, naquit en 1927 à Bordeaux.
Léonie Sabail travaillait comme son mari à la SNCF. Jean Sabail fit partie du réseau Alliance, qui recueillait des renseignements pour l’Intelligence Service.
Sylvain Sabail, son frère, témoigna en janvier 1948 que le couple participait à la Résistance, mais il ignorait pour qui. Jean et Léonie Sabail furent arrêtés par la police française dans la région de Bordeaux à des dates et en des lieux différents. Selon Charlotte Delbo, la police interpella Jean Sabail le 6 octobre 1941, et l’envoya dans le camp de Mérignac. Léonie fut arrêtée le 2 septembre 1942 à son domicile.
Le 16 octobre 1942, ils furent tous les deux transférés vers Paris, dans le même train. Jean Sabail écrivit quelques lignes chargées d’émotion : « Nous passons ensemble la journée dans le train où je retrouve Léonie. C’est une grande joie de causer librement. Nous sommes incarcérés au fort de Romainville où séparés nous attendons notre sort. Pour moi la fusillade ou les travaux forcés. Nous sommes mal nourris. »
Le 28 septembre 1942, rue Pétrarque (Paris, XVIe arr.), Julius Ritter, le responsable allemand du Service de la main-d’œuvre en France fut abattu.
En représailles, les Allemands décidèrent de fusiller cinquante otages, trente-six communistes et quatorze membres du réseau Alliance. Avant d’être exécuté, le 2 octobre 1943 au Mont-Valérien, Jean Sabail laissa un mot à ses proches : « Bons et derniers baisers à ma femme et à mon fils et à tous. » Il fut incinéré au crématorium du Père-Lachaise, et ses restes furent inhumés au cimetière parisien de Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis).
Léonie Sabail fut déportée le 21 janvier 1943 de Compiègne (Oise) à destination d’Auschwitz-Birkenau (Pologne) ; matricule 31745. Elle y mourut le 1er mars de la même année, au Revier.
Jean Sabail figure sur la plaque commémorative de la gare Saint-Jean à Bordeaux, hall des départs, dédiée aux « Agents de la SNCF de la Résistance de Bordeaux, Morts pour la France en 1939-1945 », ainsi que sur le mémorial des fusillés et déportés de Bègles. Une rue de cette ville porte le nom de Jean-et-Louise-Sabail. Sur l’acte de décès de Jean Sabail figure la mention « Mort pour la France ».
Sources

SOURCES : Arch. PPo., 1W 342. – DAVCC, Caen, B VIII dossier 6 (Notes Thomas Pouty). – Arch. Dép. Gironde, fiche matricule 1R15434118 (notes Annie Pennetier). — S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit.Charlotte Delbo, Le Convoi du 24 janvier, Éd. de Minuit, 1995. – Livre-Mémorial, op. cit.Le Matin, 11 août 1942. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – Site Internet Rail et Mémoires (documents légués par sa petite-fille Maryse Salanon). – État civil, Bègles.— FMD.

Daniel Grason

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