Né le 8 octobre 1918 à Trébeurden (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), fusillé le 7 juin 1944 à Angers (Maine-et-Loire) ; mécanicien ; FTPF.

Paul Bourdoulous était le fils de Jean Bourdoulous, marin, et d’Eugénie, Marie, Augustine Sicot, ménagère. Après avoir été marin, il exerça la profession de mécanicien et se maria le 30 mai 1943 à Kerbors (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) avec Raymonde Le Beaudour. Le couple, domicilié à Kerbors, eut deux enfants.
Suite à l’occupation par les Allemands, Paul Bourdoulous essaya, en vain, de rejoindre le général de Gaulle en Angleterre. Il s’engagea alors dans la résistance locale et intégra le groupe FTPF "Justice" de Morlaix en novembre 1943. Il prit le pseudonyme de Martin.
Afin d’éviter les saisies dans les fermes pour rémunérer les Résistants vivant dans la clandestinité, n’ayant pas le droit aux tickets d’alimentation, il fut décidé de mener une action contre la perception de Tréguier (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
Contact fut pris par Paul Bourdoulous avec un des gendarmes du secteur de Tréguier proche de la résistance pour mettre au point l’opération, Paul Bourdoulous demeurant non loin de Tréguier à Kerbors (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
Le 27 mars 1944, l’opération de saisie réussie mais tourna mal, le contrôleur de la perception ayant alerté deux gendarmes de Tréguier qui vinrent sur place et aperçurent Maurice Le Luc et Paul Bourdoulous en possession de la mallette contenant l’argent. Sans sommation préalable, l’un d’eux tira un coup de feu, blessant Maurice Le Luc au ventre.
Connaissant de vue les gendarmes Paul Bourdoulous convint Maurice Le Luc de se rendre afin d’éviter une effusion de sang entre Français. C’est ce qu’ils firent et lorsqu’ils furent désarmés l’un des deux agents tira un coup de feu en l’air avec l’un des revolvers de Maurice Le Luc.
A 17h15, ils furent arrêtés et incarcérés à la maison d’arrêt de Lannion (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) dans la même cellule que Jean Roger supposé complice, en fait ce dernier était venu rejoindre Maurice Le Luc et Paul Bourdoulous pour les aider dans leur mission, n’étant pas porteur d’une arme il fut libéré.
Lors de leur arrestation Paul Bourdoulous et Maurice Le Luc furent trouvés porteurs de plusieurs armes et munitions : 1 revolver 12.7mm, 2 revolvers modèle 1892, 1 revolver à barillets en mauvais état, 1 pistolet automatique "Mauser" -allemand- avec chargeur, 10 cartouches 12.7mm, 51 cartouches 7.65mm, 17 cartouches pour le modèle 1892 et 15 cartouches pour mitraillettes.
Durant leurs détentions ils furent insultés et martyrisés par le gardien chef de la maison d’arrêt de Lannion. Maurice Le Luc incarcéré sous la fausse identité de "Maurice Le Gall" resta sans soin avec sa blessure à l’abdomen.
Sur réquisition du procureur de la République de Lannion du 4 mai 1944, Paul Bourdoulous et Maurice Le Luc furent transférés le 5 mai 1944 à la maison d’arrêt de Rennes, celle-ci étant surchargée en détenus, le 9 mai 1944, Paul Bourdoulous et Maurice Le Luc furent transférés à la maison d’arrêt du Pré-Pigeon à Angers (Maine-et-Loire) avec vingt-huit autres hommes.
Le 6 juin 1944, une cour martiale de la Milice se réunit dans une salle de la maison d’arrêt d’Angers. Elle était constituée de quatre hommes, Hulot (le président), Viennot, Foucault et Sontag, arrivés dans la matinée. Trois selon une autre source dont un dénommé Seutin. Devant eux comparurent Paul Bourdoulous, Maurice Le Luc et un autre homme dont nous ignorons l’identité. Ce dernier était accusé d’avoir attaqué une ferme, violé la fermière et volé des denrées alimentaires. Il déclara n’appartenir à aucune organisation de la Résistance. Quant à Paul Bourdoulous et Maurice Le Luc, ils furent accusés d’avoir attaqué à main armée une perception, d’avoir volé 100 000 francs et d’avoir tiré, sans les atteindre, sur les gendarmes lancés à leur poursuite. Ils reconnurent les faits après un interrogatoire. Vers 21 heures, vu l’heure tardive, le président de la cour informa les prévenus que l’audience était levée et que le verdict serait rendu le lendemain.
Paul Bourdoulous et Maurice Le Luc furent affreusement martyrisés, la blessure à l’abdomen de Maurice Le Luc ne fut jamais soignée, elle s’infecta, ses tortionnaires s’acharnant sur cette blessure pour tenter de le faire parler.
Le 7 juin 1944, à 5h, la cour martiale de la Milice prononça la sentence aux trois hommes. Le premier fut renvoyé devant un tribunal ordinaire comme droit commun. Paul Bourdoulous et Maurice Le Luc furent condamnés à la peine capitale. Sans possibilité de faire appel, ils furent exécutés immédiatement. Tous les deux furent conduits dans la clairière de Belle-Beille à Angers.
À 6h30, Paul Bourdoulous et Maurice Le Luc tombèrent sous les balles du peloton constitué de gendarmes français. Une fois les décès constatés par le docteur Bigot, médecin-légiste, leurs corps furent mis en bière et transporté au cimetière de l’Est à Angers. Ils furent inhumés dans le carré 51, rang 6 et fosse 14.
D’après le témoignage de l’aumônier de la maison d’arrêt qui assista Paul Bourdoulous et Maurice Le Luc jusqu’à leurs derniers instants.
Le 7 juin 1944 au matin, le poteau d’exécution était dressé dans la cour de la prison. A 6h30, Maurice Le Luc, Paul Bourdoulous et d’autres camarades furent envoyés sur leur propre cercueil au champ de tir, un sac de chaux près d’eux.
Ils chantèrent La Marseillaise, au moment de l’exécution et furent immédiatement fusillés en criant "vive la France", et "vive de Gaulle".
Le peloton d’exécution était composé de gendarmes français et de quelques miliciens, commandés par le lieutenant de gendarmerie de Segré.
La dépouille de Paul Bourdoulous fut exhumée le 11 janvier 1945 et transféré dans une tombe familiale du cimetière de Trébeurden. Ce jour-là, une cérémonie eut lieu en présence de résistants qui lui rendirent les honneurs.
Les juges miliciens furent jugés par contumace par la Haute Cour de justice de Paris mais Seutin, intendant de Milice, arrêté plus tard, fut jugé par le tribunal militaire d’Angers, condamné à mort et fusillé le 16 novembre 1944.
Le nom de Paul Bourdoulous figure sur le mémorial de la clairière de la Belle-Beille à Angers, tous les troisièmes dimanches du mois d’octobre, une cérémonie a lieu devant le monument des fusillés de la clairière de la Belle-Beille au cours de laquelle son nom est cité.


Angers, champ de tir de Belle-Beille (Maine-et-Loire) 1944 –1944
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier (qui contient un rapport du préfet d’octobre 1965 sur Bourdoulous, sa condamnation et son exécution), 27 P 8. – Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 2W30, 2W235, 2W157, 2W235. – Arch. Dép. Maine-et-Loire, 197 J 5, 303 W 288. – Arch. mun. Angers, 4H103. – Serge Tilly, « L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les lieux de mémoire », Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, no 10, 2004 et no 11, 2005. – Acte de décès, Registre des inhumations du cimetière de l’Est à Angers. – Registre de la maison d’arrêt d’Angers. – État civil, Trébeurden. – Notes Jean-Pierre Besse et Bertrand Gogendeau.

Alain Prigent, Serge Tilly

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