Né le 20 mars 1903 à Évran (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), fusillé le 15 juin 1944 dans la région parisienne ; artisan menuisier.

Fils de Jean-Marie Le Gallais, menuisier et de Constance Chouët, ménagère.
Jean-Marie Le Gallais artisan-menuisier épousa Marie Eugénie Gabé, le couple eut un enfant et demeurait route de Rennes en Évran.
Jean-Marie Le Gallais fut dénoncé pour avoir soustrait du ciment aux Allemands, il fut arrêté au mois de mai 1944 par les autorités allemandes et fut dans un premier temps dirigé vers Saint-Malo (Ille-et-Vilaine).
Le 1er juin 1944, il fut jugé avec cinq Francs-tireurs et partisans (FTP) de Plouagat-Châtelaudren : Gilbert Le Taillandier, Jean-Baptiste Morvan, Albert Portron, Hyacinthe Tilly et René Thouëment ainsi qu’un autre costarmoricain Célestin Briend par un tribunal militaire allemand et condamné à la peine de mort.
Le 15 juin 1944, le Mont-Valérien à Suresnes n’étant pas accessible, ils furent fusillés au ministère de la Défense, direction générale des armées, 2 bis avenue de la Porte-de-Sèvres à Paris (XVe arr.), à cet emplacement se trouvaient à l’époque les champs de tirs de l’armée de l’air.
Le décès de Jean-Marie Le Gallais fut constaté par un médecin allemand à 15 h 34, il avait 41 ans.
Jean-Marie Le Gallais écrivit une lettre d’adieux adressée à sa famille.
Paris - Fresnes le 15-6-44
Ma chère Marcelle chérie et mon
Cher petit Lucien,
Je viens ma chère Marcelle te dire adieu.
Cet après-midi à 3 heures je ne serai plus.
Tu dois savoir comment en ce moment je pense à toi et à Lucien et à toute la famille, mais que veux-tu il faut se résigner. J’ai été condamné à mort le jour de tes 41 ans le 31 mai.
Tu n’oubliera pas Boatel et Masson je l’espère.
Je souhaite ma chère Marcelle que tu garderas un bon souvenir de moi, tu sais comme je t’aimais, si un jour tu peux me ramener dans la tombe de mes parents fais le.
Ma chérie, je voudrais que tu me promettes de donner 10 000 frs à Marie et à Papa et 10 000 frs à Henri et Rosalie. Toi de ton côté tu peux te faire donner au moins 100 000 frs par Louis Nicolas minotier à Saint-Maden, autrement fais ce que l’homme à Maria Renault a fait pour moi. Vois pour les deux assurances, peut-être que tu pourras les toucher, fais pour le mieux.
Ma chérie tu pourras refaire ta vie mais fais attention si tu te remaries, prends un bon garçon travailleur et qui a de la religion, fais bien attention que ce n’est pas un homme qui cherche simplement son intérêt. Pour Lucien tâche de faire de lui un brave homme et ne sois pas trop faible envers lui. Tu diras aux parents de Saint-Brieuc comme j’ai bien pensé à eux avant de mourir, mais je ne peux leur écrire. Donnes tout mon outillage à Henri, conserve une scie, des marteaux et des tenailles.
Tu sais que Joseph Guérin te doit 7 500 frs. Tu diras bien des choses pour moi aux amis ; n’oublies pas E. Guerneron.
Je suis avec Briend du Guildo et cinq camarades de Plouagat près de Châtelaudren.
Je termine ma chérie en t’embrassant bien fort et en te souhaitant une bonne et longue vie.
Ton petit Jean qui t’a tant aimé.
Il faudra me faire dire une messe d’enterrement et un service et prévenir tous mes amis, n’oublies pas Champalaune.
Adieu fais mettre une petite plaque avec mon nom sur la tombe de mes parents.
L’aumônier va écrire au curé.
Bons baisers.

Son nom n’apparaissait sur aucun lieu de mémoire.
Le corps de Jean-Marie Le Gallais, retrouvé au Mémorial du cimetière Parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), fut reconnu par son épouse et par ses frères et sœurs. Il fut inhumé par la suite au cimetière d’Évran.
Sur son acte de naissance figure la mention « Mort pour la France le 29 juin 1944 ».
Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, registres d’état civil numérisés consultables en ligne. – Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. – Témoignage recueilli en 2011 auprès de son neveu Henri Le Gallais demeurant à Évran. – Photo et lettre d’adieu recueillies auprès de son neveu Henri Le Gallais. — Franz Stock, Journal de guerre. Écrits inédits de l’aumônier du Mont Valérien, Cerf, 2017.p.211 et 382 notes 31-32.

Alain Prigent, Serge Tilly

Version imprimable