Né le 5 octobre 1913 à Savigny-sur-Orge (Seine, Essonne), fusillé le 23 juin 1944 à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine) ; contremaître ; membre des FTPF.

Fils d’Albert Peigné et de Marie Joséphine Kerforn, Maurice Peigné était marié avec Marthe Métais, le couple était domicilié 6 Quai de l’Erdre à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). Contremaître dans une savonnerie à Nantes, Maurice Peigné se réfugia à Loc-Envel (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) chez sa mère qui vivait de l’élevage de deux ou trois vaches.
Engagé dans les Francs-tireurs et partisans (FTP), Xavier était responsable à la presse. Au début du mois de mars 1944, aidé par Paul Nogré, Aimé Jégou, adjudant en retraite proportionnelle, rapatrié d’Allemagne, et Yves Derriennic, il participa à la réception des premières armes parachutées dans le sud-ouest du département le 3 mars 1944 à Maël-Pestivien (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Livrées à Loc-Envel en camionnette par Eugène Cazoulat et Pierre Louis Menguy, FTP de Callac-de-Bretagne, ces armes furent entreposées dans un bosquet bien fourni entre Milin-Bastien et la ferme de chez Faucheur à la sortie du bourg de Loc-Envel en direction de Plounévez-Moëdec. Maurice Peigné eut avec Paul Nogré la responsabilité de répartir ces armes dans une grande partie du Trégor (dans les cantons de Belle-Isle-en-Terre, Lannion, Bégard, Plestin-les-Grèves, Plouaret, Perros-Guirec) où elles furent prises en charge par les différents responsables de groupes FTP.
Le 13 avril 1944, peu après 6 heures du matin, les Allemands arrivèrent au bourg de Loc-Envel dans deux camions suivis d’une Traction Avant, de marque Citroën, où les témoins remarquèrent un Français vêtu d’un blouson de cuir. Maurice Peigné fut incarcéré avec ses camarades FTP de Loc-Envel arrêtés le même jour, Marcel Le Guillermic et Paul Nogré. Tous les trois subirent sur place des sévices tels que Maurice Peigné fut méconnaissable.
Deux résistants échappèrent ce jour-là à l’arrestation : Aimé Jégou, responsable du secteur de Loc-Envel, absent de son domicile que les Allemands ne recherchèrent pas au grand étonnement des témoins ; Yves Derriennic, ancien second maître radio de la Marine nationale et époux de Bernadette, directrice de l’école publique de Loc-Envel, qui se cacha dans un poulailler puis se réfugia à Kerguiniou en Ploubezre (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Blessé le 23 mai 1944 à Kerguiniou, il fut arrêté, emprisonné puis massacré le 10 juillet 1944 à Malaunay en Ploumagoar (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor).
Maurice Peigné et les deux autres FTP furent embarqués dans un camion à ridelles qui prit la direction de La Chapelle-Neuve (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) distante de 7 kilomètres où eurent lieu quelques heures plus tard quatre nouvelles arrestations. Ils furent emmenés à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc. Ces arrestations sont, sans doute, liées à la grande rafle opérée quatre jours plus tôt le 9 avril 1944 à Callac-de-Bretagne.
La cache d’armes de Milin-Bastien ne fut pas découverte et, quelques jours après la rafle, Jean Guyomard, résistant de Saint-Éloi en Louargat, en contact avec Paul Nogré, vint pour récupérer les armes et les munitions. René Nogré, le frère de Paul, lui indiqua l’endroit de la cache.
Le 18 mai 1944, après avoir été affreusement torturé, Maurice Peigné fut transféré au camp Margueritte de Rennes, qu’il quitta le 22 juin 1944 pour la maison d’arrêt Jacques Cartier de Rennes. Le jour même, Maurice Peigné et ses camarades furent jugés pour avoir participé à des transports d’armes et condamnés à la peine de mort. Le lendemain, Maurice Peigné a été fusillé au camp militaire de La Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande près de Rennes avec Paul Nogré, Marcel Le Guillermic de Loc-Envel et François Touboulic de La Chapelle-Neuve (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; il avait trente et un ans. Maurice Peigné fut inhumé dans un premier temps au cimetière de l’Est à Rennes puis après exhumation son corps fut transféré à Nantes au cimetière de la Chauvinière.
Son nom figure sur La plaque du camp de La Maltière en Saint-Jacques-de-la-Lande et sur Le monument cantonal de Saint-Paul en Louargat .
Maurice Peigné a été reconnu Mort pour la France.
Loc-Envel, peuplé de 200 habitants, fut la commune du département qui compta le plus de victimes de la barbarie nazie par rapport à sa population : trois fusillés et un massacré auxquels il faut ajouter les quatre morts en déportation du Dresnay en Loguivy-Plougras (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) originaires de Loc-Envel.
Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 2W104, 2W117, 2W236, 1176W1. – Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J . — Louis Pichouron, Mémoire d’un partisan breton, Presses universitaires de Bretagne, 1969. – Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. – Serge Tilly, « L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les lieux de mémoire », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 10, 2004 et no 11, 2005. – Témoignages de Marie, sœur de Marcel Le Guillermic, et de René, frère de Paul Nogré.

Alain Prigent, Serge Tilly

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