Né le 4 février 1913 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), fusillé le 22 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; marin d’État en cours de reconversion ; membre du réseau Confrérie Notre-Dame (CND)-Castille.

Maurice Robert était le fils d’Albert, Léopold Robert, facteur intérimaire né en 1873, et de Marie, Joséphine Brouillard, née en 1877.
Le 23 mars 1932, il s’engagea pour cinq années dans la Marine nationale. Embarqué à bord du croiseur La Galissonnière puis de l’aviso colonial Le Dumont-d’Urville durant la campagne d’Extrême-Orient (1934-1936), il termina quartier-maître timonier, obtenant la médaille coloniale. Maurice Robert épousa le 2 février 1937 Marie Lagadic à Plonéour-Lanvern (Finistère). Le couple, qui demeurait Villa Kergroas à Pont-Labbé (Finistère), eut deux enfants : Anne-Marie, née le 26 septembre 1938, qui enseigna la physique-chimie au lycée Livet de Nantes, et Albert, né le 26 novembre 1939, qui fut professeur des universités à Rennes I.
Avant sa mobilisation en 1939, Maurice Robert était en cours de reconversion pour devenir courtier en assurances. Prisonnier de guerre en juin 1940, il s’évada, ne rejoignant pas en temps voulu le camp de prisonniers de Coëtquidan (Morbihan).
Selon un document en possession de la famille, Maurice Robert fit partie du réseau Confrérie Notre-Dame-Castille (mis en place par le colonel Rémy) comme agent de renseignements. On ne connaît pas les circonstances qui l’amenèrent dans la région de Lannion (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Il travailla d’abord quelques jours dans un teillage de lin au lieu-dit Le Joncourt en Ploubezre, chez Alexis Henry, qui fut condamné à six mois de prison pour l’avoir hébergé.
À partir du 8 août 1940, il travailla et demeura à Ploulec’h, chez Madame veuve Augustine Le Nair.
Le premier groupe de Résistance connu dans la région de Lannion le fut sous le nom du groupe Roger Barbé-Maurice Robert. Ce groupe d’une dizaine de personnes, en liaison avec le réseau Confrérie Notre-Dame-Castille en cours de formation à l’automne 1940, avait réussi à faire embaucher un certain nombre de ses membres au camp d’aviation de Servel, proche de Lannion, camp occupé par l’armée allemande.
Ils parvinrent à relever le plan du camp d’aviation pour le communiquer aux Alliés et à saboter la ligne téléphonique entre le camp d’aviation de Servel et Trébeurden avant un bombardement, sur directive des Alliés, afin de limiter la riposte allemande et de décompter les mouvements d’avions. Les réunions du groupe se tenaient à Ploulec’h chez Augustine Le Nair.
Les 28 et 29 décembre 1940, le groupe fut démantelé suite à une dénonciation perpétrée par Maurice Dubourg et son gendre, Maurice Levavasseur. Maurice Robert fut arrêté le 28 décembre 1940 à 21 heures, par un gendarme allemand à Ploulec’h, chez Augustine Le Nair.
Son cas étant disjoint des autres membres du groupe, pour une raison inconnue, Maurice Robert fut détenu à la maison d’arrêt de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Il fut jugé et condamné à la peine de mort pour « espionnage au profit de l’ennemi ». Le 22 décembre 1941 à 11 h 15, il a été fusillé au Mont-Valérien, il avait vingt-huit ans.
Maurice Robert fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 22 décembre 1941 division 39, ligne 3, n° 30.
Les autres membres du groupe furent jugés devant la cour martiale de la Luftwaffe à Brest (Finistère) le 12 avril 1941. Roger Barbé, Jean Jolivet, Lucien Brout, Eugène Le Bell, Pierre Le Roux et Hyacinthe Thétiot furent condamnés à la peine de mort pour espionnage et complot gaulliste. François Querrec et Augustine Le Nair furent condamnés aux travaux forcés. Le 4 octobre 1941, à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine), Roger Barbé a été fusillé. Deux jours plus tard, les cinq autres condamnés à mort apprirent que leur peine avait été commuée en emprisonnement à perpétuité. Ils furent incarcérés en Allemagne, dans les forteresses de Rheinbach et Siegburg.
Maurice Robert obtint le titre d’interné résistant (DIR), il fut promu au grade de lieutenant des Forces françaises combattantes le 7 février 1949 et se verra attribuer la Légion d’honneur à titre posthume.
Le nom de Maurice Robert figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.
Après la guerre, l’un des dénonciateurs du groupe, Maurice Dubourg, fut jugé et condamné à la peine de mort par contumace et à la confiscation de tous ses biens par la cour de justice de Rennes (Ille-et-Vilaine). En appel, malgré les témoignages des membres du groupe Barbé-Robert, il fut acquitté.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 68J9, 2W76, 2W236. — DAVCC, Caen. — Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. — Témoignage écrit d’Eugène Le Bell remis à Corentin André, responsable de l’ANACR-22. — Témoignages et photo recueillis en mars 2011 auprès d’Anne-Marie et d’Albert, les deux enfants de Maurice Robert. — Articles dans l’hebdomadaire Le Trégor et dans Le Télégramme. — Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord. — État civil, Nancy. — SHD Vincennes GR 16 P 295662 (nc). — MémorialGenWeb. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Alain Prigent, Serge Tilly

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