Né le 4 juillet 1922 à Lanrivain (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), fusillé le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; marin d’État ; résistant gaulliste, membre du groupe Élie rattaché au réseau Confrérie Notre-Dame (CND) Castille.

Sur ce Avis le nom de Thoraval a été transformé en Thoravan.
Joseph Thoraval était le fils d’Eugène Thoraval, agriculteur à Lanrivain, et de Pauline Savéan. Le couple, marié en 1920, s’installa à Kerlan en Lanrivain. Entré à l’École des pupilles de la Marine en octobre 1936, Joseph Thoraval fut embarqué sur le voilier L’Armorique affecté à l’École des mousses et des apprentis marins de Brest en avril 1938. Après avoir suivi les cours de timonerie à Toulon (Var) d’avril à septembre 1939, il servit sur le torpilleur Le Bourrasque en septembre 1939, à dix-sept ans. Le navire fit naufrage en mer du Nord le 30 mai 1940. En permission du 6 au 21 juin 1940, Joseph Thoraval ne put rejoindre le dépôt de Brest au moment de l’arrivée des troupes allemandes. Il reçut l’ordre de rejoindre la direction du port de Brest le 15 octobre 1940.
Il appartenait à un groupe de Résistance gaulliste formé dès novembre 1940 par Louis-Jean Élie, entrepreneur de transports. Il intégra ce réseau, appelé groupe Élie avec le grade de sous-lieutenant des Forces françaises combattantes (FFC). La plupart des membres du groupe Élie faisaient partie du patronage Saint-Martin. Le capitaine Drouin, contacté par Louis-Jean Élie parvint à entrer en contact avec le colonel Rémy et le réseau Confrérie Notre-Dame (CND-Castille)
En janvier 1941, Joseph Thoraval chercha à rejoindre l’Angleterre à partir de Roscoff en compagnie de Roger Groizeleau. Arrêtés sur le port, ils échappèrent au pire grâce à un alibi (un prétendu bal à l’île de Batz) et furent libérés le 14 février après avoir été incarcérés à la prison de Pontaniou à Brest.
En très peu de temps les actions vont s’enchaîner ; les deux marins parviennent à se faire embaucher à la poudrerie de Saint-Nicolas et en profitent pour sortir des balles. Le 28 février 1941 Joseph Thoraval participe à l’attaque de la batterie D.C.A allemande près de la rue Lazare-Carnot ; il fut aussi l’un de ceux qui tentèrent de libérer neuf internés de la prison de Pontaniou le 18 Mars 1941 vers 21 heures.
La mission du groupe Élie consistait notamment à récupérer des armes dans des cafés fréquentés par les Allemands. C’est lors d’une opération de récupération d’armes, le 28 avril 1941, que se joua le destin du groupe, lors d’une bagarre avec quatre soldats allemands dans un café de la rue Louis-Blanc . Tous parvinrent à s’échapper, mais malheureusement, en arrêtant un suspect, la Gestapo mit la main sur une liste de noms et plusieurs des membres du groupe furent arrêtés.
Joseph Thoraval tenta alors de rejoindre l’Angleterre via une filière d’évasion à Crozon mais l’opération tourna mal et il fut arrêté avec son ami Roger Groizeleau le 25 mai 1941. Ramené à Brest, il fut interné à la prison du Bouguen à Brest, puis à celle de Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Le 22 novembre 1941, il fut jugé par le tribunal militaire allemand du Gross Paris, siégeant rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.) et condamné à la peine de mort.
Le 10 décembre 1941, à 7 heures du matin, Joseph Thoraval a été fusillé au Mont-Valérien avec dix de ses camarades : Louis-Jean Élie, Georges Bernard, Robert Busillet, René Gourvennec, Roger Groizeleau, Albert Muller, Roger Ogor, Joseph Prigent, François Quéméner et Louis Stephan. Il avait dix-neuf ans.
Un service religieux célébré à Saint-Martin à Brest le 8 janvier 1942 en mémoire de ces onze membres du groupe Élie réunit plusieurs centaines de personnes.
Joseph Thoraval fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 10 décembre 1941 division 39, ligne 3, n°12.
Par une lettre du 17 décembre 1941, le maire de Brest demanda à Fernand de Brinon d’intervenir auprès des autorités allemandes pour que les corps des onze brestois fusillés le 10 décembre 1941 soient rendus aux familles. Sans succès. C’est à partir de juillet 1947 que les remises de corps s’effectuèrent. Sur la sépulture familiale au cimetière de Lanrivain, on peut lire l’épitaphe : « Joseph Thoraval sous-lieutenant FFC – 1922-1941 ».
Son père dirigea la délégation spéciale en 1944. Élu maire apparenté communiste de Lanrivain en 1945, il conduisit les affaires de la commune jusqu’en 1971. Ses frères, Raymond et Georges, qui enseignèrent dans les collèges du Centre-Bretagne, furent des militants syndicaux et communistes.
Joseph Thoraval fut déclaré Mort pour la France par le Ministère des Anciens Combattants le 3 avril 1946, et il reçut à titre posthume la médaille de la Résistance en 1953.
En souvenir du groupe Élie, la ville de Brest a appelé rue des 11-Martyrs l’une de ses voies qui donne sur son hôtel de ville, perpendiculairement à la rue Jean-Jaurès. Une plaque a été apposée.
Le nom de Joseph Thoraval figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien. Son nom figure aussi sur une stèle érigée en 2003 à Brest dans le square Rhin-Danube en hommage aux seize résistants du groupe Élie Morts pour la France, avec la mention "La ville de Brest A la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés pour que nous puissions vivre libres - Groupe Élie : premier groupe de résistance brestoise.". On y trouve les noms des onze membres du groupe Élie fusillés le 10 décembre 1941 au Mont-Valérien, et aussi les noms de cinq membres du groupe Élie morts en déportation : Jean Caroff, Capitaine René Drouin, Yves Féroc, Jean Gouez et Hervé Roignant.
Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 2W120. — AVCC, Caen (Notes Jean-Pierre Besse et Thomas Pouty). — Base de données des fusillés du Mont-Valérien. — André Kervella, Brest rebelle. 1939-1945, Skol Vreizh, 1998. — Georges-Michel Thomas, Alain Le Grand, Le Finistère dans la guerre.1939-1945, t. I, Éd. de la Cité, 1981. — Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. — Serge Tilly, « L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les lieux de mémoire », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 10, 2004 et no 11, 2005. — resistance-brest.net. — MémorialGenWeb. — Site Internet Mémoire des Hommes. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Alain Prigent, Serge Tilly

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