HÉNAFF Joseph, Marie
Né le 30 juillet 1926 à Plouaret (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), fusillé le 6 mai 1944 à Ploufragan (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; cultivateur.


Condamnation à mort de Joseph Hénaff et de ses camarades.

Condamnation à mort de Joseph Hénaff et de ses camarades.

Article de Ouest-Eclair du 10 mai 1944.

Les obsèques de Jiseph Hénaff et de ses camarades à Plouaret.
Le 6 mai 1944, à Belle-Isle-en-Terre (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), Eugène Hénaff fut condamné à la peine de mort « pour activité de franc-tireur » par un tribunal militaire sous la présidence du colonel juge Eilhauer, attaché au général Sprang, commandant de la 266e division d’infanterie du groupe d’armée B de la Wehrmacht. Il a été fusillé, ainsi que ses six camarades Eugène Daniel, Arsène Faujouron, Joseph Hénaff, Léon Le Guerson, Auguste Le Pape, Pierre Menou et Auguste Pastol, par les Allemands le 6 mai 1944 vers 17 heures au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan. Célibataire, Eugène Hénaff avait dix-huit ans. Dans la matinée, douze autres FTP tous originaires de l’ouest du département furent fusillés au même endroit. Les dix-neuf corps furent enterrés sur place sans cercueil. Les sept fusillés de Plouaret demeuraient tous à proximité de la route communément appelée route de Saint-Carré. Ces exécutions répondaient à une directive du maréchal Erwin Rommel qui, de passage à Quintin (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), au mois d’avril 1944, avait ordonné, devant la recrudescence des attentats commis par la Résistance, que soient appliquées les mêmes méthodes qu’en Russie. Le fait que ces exécutions furent annoncées par la presse régionale de Vichy met en évidence l’impact sur la population que les autorités d’occupation comptaient donner à l’événement. Quelques jours après l’exécution, le 12 mai 1944, une gerbe fut déposée au monument aux morts de Callac-de-Bretagne avec cette inscription : « Aux héros du 6 mai, fusillés par les boches ». Une oriflamme fut aussi accrochée au monument.
Constatant que la population venait déposer des fleurs à l’endroit de la fusillade, les autorités allemandes, craignant sans doute d’autres manifestations de sympathie, firent exhumer les corps par la Croix-Rouge, puis les pompes funèbres de Saint-Brieuc les mirent dans des caisses en bois et les transportèrent à l’abri de tout regard dans la forêt de L’Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Après la Libération, à la demande de Jean-Marie Madigou, le père d’un des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Lalès, originaires de Louargat (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), entreprirent des recherches pour retrouver les corps. Le 18 août, après une enquête assez longue, aidés par un cultivateur de Ploeuc-sur-Lié (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du bourg de L’Hermitage-Lorge, des monticules de terre, ils exhumèrent dix-neuf « sépultures ». Passant outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes décédées, les huit corps des suppliciés de Plouaret et de Louargat furent transportés dans leurs communes d’origine. Le Comité départemental de libération (CDL), prévenu de la présence des onze autres corps, fit le nécessaire pour les rapatrier dans leurs localités respectives. Le nom d’Auguste Pastol figure sur le monument des fusillés au camp de manœuvre des Croix, aujourd’hui proche du zoopole de Ploufragan, sur le monument des Martyrs à L’Hermitage-Lorge et sur le monument du cimetière de Plouaret.
Après la Libération à la demande de Jean-Marie Madigou, le père d’un des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Lalès, originaires de Louargat, entreprirent des recherches pour retrouver le corps. Le 18 août, après une enquête assez longue, aidés par un cultivateur de Ploeuc-sur-Lié (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du bourg de L’Hermitage-Lorge, des monticules de terre, ils exhumèrent dix-neuf « sépultures ». Passant outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes décédées, les huit corps des suppliciés de Plouaret et de Louargat furent transportés dans leurs communes d’origine. Le CDL, prévenu de la présence des onze autres corps, dont celui de Joseph Hénaff, fit le nécessaire pour leurs rapatrier dans leurs localités respectives.
Le nom de Joseph Hénaff figure sur plusieurs lieux de mémoire dans le département des Côtes-d’Armor. On le trouve sur Le monument des fusillés au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan, sur Le monument des Martyrs à L’Hermitage-Lorge et sur Le monument du cimetière de Plouaret
Joseph Hénaff fut inhumé à Plougonver (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Le cimetière ayant été déplacé, sa sépulture semble avoir disparu. Il fut le seul des sept suppliciés dont la tombe ne se trouve pas au cimetière de Plouaret. Sa mémoire cependant fut honorée sans distinction particulière par la population du canton pour qui Joseph Hénaff reste un résistant, victime de la barbarie nazie.
Le matin 12 FTP tous issus de l’ouest du département furent condamnés à la peine de mort par le tribunal militaire allemand de Saint-Brieuc et exécutés au même endroit : Marcel Bitaille, Eugène Cazoulat, Auguste Dugay, Émile Henry, Maurice Lagadec, Arsène Le Bozec, Charles Le Gallou, Roger Madigou, Pierre Menguy, Jean Pleiber, François Prigent et Roger Quintric.
Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord
SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 2W121, 2W235, 5W16. – Arch. l’ANACR-22 (archives Yves Trédan). – Articles dans la presse communiste des Côtes-du-Nord, L’Aube Nouvelle, Ouest-Matin et dans la presse locale en particulier Le Trégor. – Louis Pichouron, Mémoire d’un partisan breton, Presses universitaires de Bretagne, 1969. – Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. – Alain Prigent, Serge Tilly, « La bataille du rail », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 8/9, 2000. – Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. – Témoignage d’Armand Tilly.
Alain Prigent, Serge Tilly