LE PAPE Auguste, Marie
Né le 21 mai 1922 à Plouaret (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), fusillé le 6 mai 1944 à Ploufragan (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; cultivateur ; résistant au sein des FTPF.
Condamnation à mort d’Auguste Le Pape et de ses camarades.
Condamnation à mort d’Auguste Le Pape et de ses camarades.
Article de Ouest-Eclair du 10 mai 1944.
Obsèques d’Auguste Le Pape et de ses camarades à Plouaret.
Auguste Le Pape fut arrêté le 23 avril 1944 à proximité de son domicile dans le tunnel de chemin de fer en direction de Plounérin alors qu’il tentait de s’enfuir ; son camarade Albert Jacob qui était avec lui réussit à s’échapper. Maintenu en détention, il fut ensuite dirigé vers la maison de la Pépinière (actuellement rue de la Résistance) à Plouaret où il subit d’horribles tortures. Dans le même temps des dizaines de jeunes réfractaires du STO furent arrêtés puis regroupés dans l’école catholique Saint-Louis de Plouaret. Ils furent envoyés en Allemagne, astreints au travail forcé jusqu’à la Libération. Le 6 mai 1944, à Belle-Isle-en-Terre (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), Auguste Le Pape fut condamné à la peine de mort « pour activité de franc-tireur » par un tribunal militaire sous la présidence du colonel juge Eilhauer, attaché au général Sprang, commandant de la 266e division d’infanterie du groupe d’armée B de la Wehrmacht. Il a été fusillé, ainsi que ses six camarades Eugène Daniel, Arsène Faujouron, Joseph Hénaff, Léon Le Guerson, Pierre Menou et Auguste Pastol, par les Allemands le 6 mai 1944 vers 17 heures au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan. Célibataire, Auguste Le Pape avait vingt-deux ans. Dans la matinée, douze autres FTP, tous originaires de l’ouest du département, ont été fusillés au même endroit. Les dix-neuf corps furent enterrés sur place sans cercueil. Les sept fusillés de Plouaret demeuraient tous à proximité de la route communément appelée route de Saint-Carré. Ces exécutions répondaient à une directive du maréchal Erwin Rommel qui, de passage à Quintin (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), au mois d’avril 1944, avait ordonné, devant la recrudescence des attentats commis par la Résistance, que soient appliquées les mêmes méthodes qu’en Russie. Le fait que ces exécutions furent annoncées par la presse régionale de Vichy met en évidence l’impact sur la population que les autorités d’occupation comptaient donner à l’événement. Quelques jours après l’exécution, le 12 mai 1944, une gerbe fut déposée au monument aux morts de Callac-de-Bretagne avec cette inscription : « Aux héros du 6 mai, fusillés par les boches ». Une oriflamme fut aussi accrochée au monument. Constatant que la population venait déposer des fleurs à l’endroit de la fusillade, les autorités allemandes, craignant sans doute d’autres manifestations de sympathie, firent exhumer les corps par la Croix-Rouge, puis les pompes funèbres de Saint-Brieuc les mirent dans des caisses en bois et les transportèrent à l’abri de tout regard dans la forêt de L’Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Après la Libération, à la demande de Jean-Marie Madigou, le père d’un des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Lalès, FTP originaires de Louargat (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), entreprirent des recherches pour retrouver les corps. Le 18 août, après une enquête assez longue, aidés par un cultivateur de Ploeuc-sur-Lié (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du bourg de L’Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), des monticules de terre, ils exhumèrent dix-neuf « sépultures ». Passant outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes décédées, ils transportèrent les huit corps des suppliciés de Plouaret et de Louargat dans leurs communes d’origine. Le Comité départemental de Libération (CDL), prévenu de la présence des onze autres corps, fit le nécessaire pour les rapatrier dans leurs localités respectives.
Le nom d’Auguste Le Pape figure sur Le monument des fusillés au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan, sur Le monument des Martyrs à L’Hermitage-Lorge et sur Le monument du cimetière de Plouaret.
En 1947, l’abbé Kenven, recteur de Plouaret, fit graver en breton sur le monument du cimetière de Plouaret cette épitaphe : « Ken toc’h mervel evit tec’hel o deus lavaret paotred Plouaret » (en français : « Plutôt mourir que céder ont dit les gars de Plouaret »). Les tombes de six des sept suppliciés sont alignées dans une allée du cimetière de Plouaret.
Le matin 12 FTP tous issus de l’ouest du département furent condamnés à la peine de mort par le tribunal militaire allemand de Saint-Brieuc et exécutés au même endroit : Marcel Bitaille, Eugène Cazoulat, Auguste Dugay, Émile Henry, Maurice Lagadec, Arsène Le Bozec, Charles Le Gallou, Roger Madigou, Pierre Menguy, Jean Pleiber, François Prigent et Roger Quintric.
Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord
SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 5W16. – Archives de l’ANACR-22 (archives Yves Trédan). – Articles dans la presse communiste des Côtes-du-Nord, L’Aube Nouvelle, Ouest-Matin et dans la presse locale en particulier Le Trégor. – Louis Pichouron, Mémoire d’un partisan breton, Presses universitaires de Bretagne, 1969. – Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. – Alain Prigent, Serge Tilly, « La bataille du rail », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 8/9, 2000. – Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. – Témoignage d’Armand Tilly.
Alain Prigent, Serge Tilly