Né le 24 février 1923 à Plouescat (Finistère), fusillé le 6 mai 1944 à Ploufragan (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; ouvrier agricole ; résistant au sein des FTPF.

Article de Ouest-Eclair du 8 mai 1944.
Article de La Croix-des-Côtes-du-Nord du 18 mai 1944.
Jean Pleiber était le fils de Louis, Marie Pleiber, marin-pêcheur à Plouescat, sur la côte du Léon, et de Marie, Yvonne Perron, ménagère. Ouvrier agricole, célibataire, il demeurait en 1944 au hameau de Kervennou en Maël-Carhaix (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor).
Sans doute à l’automne 1943, il intégra un groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP) organisé autour de François Prigent, important cadre du Parti communiste clandestin. Le groupe, repéré à la suite d’une attaque contre un commerçant de Saint-Nicodème (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), également maire de la commune, le 6 janvier 1944, fut interpellé le soir même à Trébrivan par l’inspecteur de la police de sûreté de Rennes (Ille-et-Vilaine), Pierre Le Chanu, et l’adjudant de la gendarmerie de Callac-de-Bretagne (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), Prigent, qui les livrèrent aux Allemands. Pierre Le Chanu fut exécuté le 5 août 1944, le lendemain de la libération de Saint-Brieuc.
Jean Pleiber, Arsène Le Bozec et Maurice Lagadec, qui se trouvaient au moment de leur arrestation avec des jeunes filles de la région, se rendirent sans combat.
Jean Pleiber fut emprisonné à la maison d’arrêt de Guingamp puis dans celle de Saint-Brieuc. Après avoir été sauvagement torturé, avec onze autres FTP tous originaires de l’ouest du département, le 5 mai 1944 il fut condamné à la peine de mort par la cour martiale du tribunal de la Feldkommandantur 665 à Saint-Brieuc, « comme franc-tireur ».
Durant la nuit qui précéda leur exécution, les douze FTP, incarcérés à la maison d’arrêt de Saint-Brieuc, chantèrent « La Marseillaise », « L’Internationale » et d’autres chants repris par d’autres patriotes également détenus. Durant leur transfert sur le lieu d’exécution, des témoins les entendirent chanter à nouveau. Les autorités allemandes exécutèrent Jean Pleiber avec ses onze camarades : Marcel Bitaille, Eugène Cazoulat, Auguste Dugay, Émile Henry, Maurice Lagadec, Arsène Le Bozec, Charles Le Gallou, Roger Madigou, Pierre Menguy, François Prigent et Roger Quintric le 6 mai 1944 au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan, par groupes de quatre entre 7 h 10 et 7 h 31. Dans l’après-midi, vers 17 heures, un groupe de sept FTP arrêtés à Plouaret furent fusillés au même endroit. Les dix-neuf corps furent enterrés sur place sans cercueil. Le décès de Jean Pleiber fut constaté par un médecin allemand à 7 h 10. Il avait vingt et un ans.
Ces exécutions répondaient à une directive du maréchal Erwin Rommel, qui, de passage à Quintin (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), au mois d’avril 1944, avait ordonné, devant la recrudescence des attentats commis par la Résistance, que soient appliquées les mêmes méthodes qu’en Russie. Le fait que ces exécutions furent annoncées par la presse régionale de Vichy met en évidence l’impact sur la population que les autorités d’occupation comptaient donner à l’événement. Quelques jours après l’exécution, le 12 mai 1944, une gerbe fut déposée au monument aux morts de Callac-de-Bretagne avec cette inscription : « Aux héros du 6 mai, fusillés par les boches ». Une oriflamme fut aussi accrochée au monument.
Constatant que la population venait déposer des fleurs à l’endroit de la fusillade, les autorités allemandes, craignant sans doute d’autres manifestations de sympathie, firent exhumer les corps par la Croix-Rouge, puis les pompes funèbres de Saint-Brieuc les mirent dans des caisses en bois et les transportèrent à l’abri de tout regard dans la forêt de L’Hermitage-Lorge (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor).
Après la Libération, à la demande de Jean-Marie Madigou, le père d’un des suppliciés du 6 mai 1944, Armand Tilly et Louis Lalès, originaires de Louargat (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), entreprirent des recherches pour retrouver les corps. Le 18 août 1944, après une enquête assez longue, aidés par un cultivateur de Ploeuc-sur-Lié (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) qui avait repéré, dans une clairière à cinq kilomètres du bourg de L’Hermitage-Lorge, des monticules de terre, ils exhumèrent dix-neuf « sépultures ». Passant outre à la réglementation préfectorale sur le transport des personnes décédées, les huit corps des suppliciés de Plouaret et de Louargat furent transportés dans leurs communes d’origine. Le Comité départemental de libération (CDL), prévenu de la présence des onze autres corps, dont celui de Jean Pleiber, fit le nécessaire pour les rapatrier dans leurs localités respectives. Le nom de Jean Pleiber figure sur Le monument des fusillés au camp de manœuvre des Croix en Ploufragan, sur Le monument des Martyrs à L’Hermitage-Lorge (lieu à proximité duquel furent découverts les corps) et sur Le monument de la Déportation et de la Résistance, La Pie en Paule (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor).
Son corps fut inhumé au cimetière de Callac-de-Bretagne.
L’après-midi 7 FTP tous du secteur de Plouaret (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) furent condamnés à la peine de mort par le tribunal militaire allemand de Belle-Isle-en-Terre (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) et exécutés au même endroit : Arsène Faujouron, Eugène Daniel, Joseph Hénaff, Léon Le Guerson, Auguste Le Pape, Pierre Menou et Auguste Pastol.
Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 2W112, 2W118. – DAVCC, Caen, Liste 1744. – Arch. ANACR-22. – Louis Pichouron, Mémoire d’un partisan breton, Presses universitaires de Bretagne, 1969. – Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. – Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. – Serge Tilly, « L’Occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les lieux de mémoire », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 10, 2004 et no 11, 2005. – Témoignage d’Armand Tilly.

Alain Prigent, Serge Tilly

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