Né le 24 janvier 1922 à Plouagat (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), fusillé le 16 juin 1944 à Servel en Lannion (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; étudiant.

Condamnation à mort de Paul Riou et de ses camarades.
Condamnation à mort de Paul Riou et de ses camarades.
Paul Riou était le fils de Jean, François, Paul Riou, notaire, et de Madeleine, Marie-Françoise, Julie Boncors, sans profession. Étudiant, Paul Riou demeurait chez ses parents à Plouagat.
En mai 1944, il intégra un groupe d’une vingtaine de jeunes gens, composé à l’initiative d’étudiants rennais mais non lié formellement à une des composantes de la Résistance armée, qui s’était constitué dans la commune de Senven-Léhart (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor). Le chef du maquis ainsi formé était Christian Savary, résistant Francs-tireurs et partisans (FTP) venu d’Ille-et-Vilaine, qui participa à l’attaque de la prison de Vitré (Ille-et-Vilaine) le 29 avril 1944 ; il fut secondé par Jean Marion, étudiant, originaire de Paris. Vers le 6 juin 1944, le groupe s’installa dans le château de Goas-Hamon, propriété de la famille Novello, cimentier à Guingamp, qui servait de centre de rassemblement pour les maquisards de Plésidy liés à l’Armée secrète (AS). Au bout de quelques jours, personne à Senven-Léhart n’ignorait plus leur présence. Georges Le Cun, un des dirigeants de l’AS de Guingamp, qui dirigeait le maquis de Plésidy, leur rendit visite le 9 juin 1944. Informé de l’indiscipline du groupe, il leur demanda d’évacuer le château, mais il ne fut pas entendu. Le groupe disposait de très peu d’armes. Le 11 juin 1944, il s’était assemblé en vue d’un parachutage d’armes prévu dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 dans les environs de Plésidy, mais l’opération fut annulée. Coupé de la population locale, le groupe fut repéré sans difficulté par les autorités d’Occupation.
Le 12 juin 1944, à 6 h 30 du matin, une centaine de soldats allemands, épaulés par trois gendarmes français, encerclèrent la propriété. Les jeunes maquisards tentèrent de se défendre pendant environ une heure. Mais, lorsque les Allemands attaquèrent le château à la grenade, douze maquisards se rendirent. Si quelques combattants réussirent à se cacher et à s’échapper, sept d’entre eux périrent : deux furent tués au combat et cinq massacrés sur place : Jean Marion, Georges Le Saux, Jean Marini, Edmond Corbel, Jean Julienne, Ernest Le Flammec et Marcel Le Bihan. Leurs corps furent enterrés sommairement dans une fosse commune au cimetière de Senven-Léhart. Le château, incendié par les Allemands, fut complètement détruit et ne fut jamais reconstruit.
L’opération militaire allemande, qui fut l’une des opérations de répression les plus sanglantes menées dans le département (dix-neuf victimes), fut conduite sous la responsabilité de Rudolph Kiekaffer et de Wilhelm Funke de la Sipo-SD de Saint-Brieuc.
Paul Riou, qui faisait partie des douze maquisards arrêtés, fut incarcéré à Guingamp où il subit d’affreuses tortures. Le 16 juin 1944, il fut condamné à la peine de mort par le tribunal du secteur postal 56300 « pour activités de franc-tireur », et exécuté le jour même en même temps que ses onze camarades Briac Blanchard, Albert Fouilhon, Joseph Le Bihan, Henri Le Gac, Alphonse Le Pape, Jean-Baptiste Le Tallec, Jean-Marie Lossouarn, Jean Péron, Albert Pinson, et Christian Savary au camp d’aviation de Servel. Célibataire, Paul Riou avait vingt-deux ans. Son corps fut retrouvé le 17 septembre 1944.
Son nom figure sur Le monument du terrain d’aviation de Servel en Lannion, où une importante cérémonie patriotique se déroule tous les ans le premier dimanche du mois d’août. En revanche, les tragiques événements du 12 juin 1944 ne donnèrent lieu dans les années qui suivirent la Libération à aucune commémoration significative dans la commune de Senven-Léhart, où aucun monument commémoratif n’a été érigé.
Considéré comme FFI, il reçut la Croix de guerre à titre posthume.
Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 165J10, 1W156, 2W88, 1043W3, 1369W15. – Joseph Darsel, La Bretagne au combat, Éd. Le Signor, 1980. – Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. – Serge Tilly, « L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les lieux de mémoire », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 10, 2004 et no 11, 2005.

Alain Prigent, Serge Tilly

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