Né le 15 septembre 1923 à Châtelaudren (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), fusillé après condamnation le 15 juin 1944 à Paris (Balard, Paris, XVe arr.) ; étudiant ; résistant au sein des FTPF.

Lettre d’adieux de Gilbert Le Taillandier, écrite de la maison d’arrêt de Fresnes.
Gilbert Le Taillandier
Gilbert Le Taillandier
Musée de la résistance nationale. Fichiers de l’Association des familles de fusillés.
Gilbert Le Taillandier était le fils de François, Marie Le Taillandier, né à Plouagat en 1891, maître d’hôtel, et de Sophie, Yvonne Ternil, née à Renescures (Nord) en 1897, maîtresse d’hôtel. Étudiant et célibataire, Gilbert Le Taillandier fréquenta le lycée Émile Zola à Rennes (Ille-et-Vilaine), il demeurait au moment de son arrestation chez sa mère qui tenait l’hôtel du Commerce, place du Leff à Châtelaudren, occupé par la Gestapo. Le Parti communiste clandestin fut pratiquement décapité dans les Côtes-du-Nord après les grandes arrestations d’août 1943. Sous l’impulsion de Louis Picard, les structures clandestines se reconstituèrent avec une nouvelle génération de militants. Très rapidement, la direction des FTP s’engagea dans les premiers déraillements de train en particulier sur l’axe Paris-Brest. Ces opérations furent menées par le groupe « Félix Cadras » de Châtelaudren-Plouagat mis en place par André Cavelan au début de l’année 1943. FTP, Gilbert Le Taillandier intégra le groupe dirigé par Pierre Malfoy pendant l’été 1943. Le 15 et le 26 octobre 1943, il participa aux deux premiers et plus gros déraillements sur le département entre Plouvara et Plerneuf. Suite aux arrestations de René Thouément, Albert Portron et Jean Morvan le 1er novembre 1943, il fut interpellé le 23 novembre 1943 sur ordre de Rudolph Kiekaffer de la Gestapo de Saint-Brieuc par les gendarmes français à son domicile, puis détenu à la maison d’arrêt de Guingamp. Il fut transféré successivement aux maisons d’arrêts de Saint-Brieuc, Jacques-Cartier de Rennes et enfin de Fresnes (Seine, Val-de-Marne) en mars 1944.
Le 1er juin 1944, il fut jugé avec ses quatre camarades FTP (René Thouëment, Jean-Baptiste Morvan, Albert Portron et Hyacinthe Tilly) par un tribunal militaire allemand, condamné à la peine de mort pour activité FTP ainsi que deux autres costarmoricains Célestin Briend et Jean-Marie Le Gallais.
Le 15 juin 1944, le Mont-Valérien à Suresnes n’étant pas accessible, ils furent fusillés au ministère de la Défense, direction générale des armées, 2 bis avenue de la Porte-de-Sèvres à Paris (XVe arr.), à cet emplacement se trouvaient à l’époque les champs de tirs de l’armée de l’air.
Gilbert Le Taillandier écrivit une lettre d’adieux à sa maman.
Fresnes, le 15 juin 1944,
Ma chère petite maman,
C’est la dernière lettre que je t’envoie, ma chère petite maman. Sois courageuse pour le restant de ta vie. Je vais rejoindre mon papa et mon petit frère au ciel, peut-être. Je savais déjà que c’était fini, mais je ne voulais pas te le dire de suite. Tu recevras sans doute ma valise avec toutes mes petites affaires. Garde-les en souvenir de moi si tu peux.
C’est malheureux quand même de mourir à 20 ans. Puisque c’est mon destin, autant y aller. D’ailleurs, je suis courageux jusqu’à la fin, sois courageuse aussi ma maman chérie. Je n’ai pas eu de chance dans ma vie, ici-bas tu vois. Ce n’est pas la peine que tu travailles pour moi maintenant. Repose toi pour la fin de ta vie.
Je suis fier de mourir pour mon pays, ma chère petite maman. Tu pourras dire à tous les gens de Châtelaudren que je suis tombé en soldat. Fais dire une messe pour moi. Je serai certainement plus heureux au ciel.
Adieu, ma chère petite maman chérie. Ne pleure pas quand tu liras cette petite lettre. Garde là en souvenir de ton petit Gilbert qui t’aimait bien pourtant.

Le décès Gilbert Le Taillandier fut constaté par un médecin allemand à 15 h 34, il avait 20 ans. Le nom de Gilbert Le Taillandier figure sur La plaque du ministère de la Défense à Paris XVème ; sur La plaque du lycée Émile-Zola de Rennes (Ille-et-Vilaine). Son nom figurait sur La plaque posée sur la façade de l’hôtel tenu par sa mère à Châtelaudren, cette plaque fut ensuite enlevée par les nouveaux propriétaires indélicats.
Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 2W31 et 32, 2W115, 2W235, 1043W33 (activité du PCF de 1940-1944). – L’Aube Nouvelle, hebdomadaire de la fédération des Côtes-du-Nord du PCF (1945-1951). – Joseph Darsel, La Bretagne au combat, Le Signor, 1980. – Louis Pichouron, Mémoire d’un partisan breton, Presses universitaires de Bretagne, 1969. – Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. – Alain Prigent, Serge Tilly, « La bataille du rail », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 8/9, 2000. – Serge Tilly, « L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les lieux de mémoire », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 10, 2004 et no 11, 2005. – Alain Prigent, Serge Tilly, « Les fusillés et les décapités dans les Côtes-du-Nord (1940-1944) », Les Cahiers de la Résistance populaire dans les Côtes-du-Nord, no 12, 2011. – Manuscrit inédit de Jean Le Lévrier, membre du groupe Félix Cadras de Plouagat. Copie de la lettre d’adieux transmise par Hervé Bernard.

Alain Prigent, Serge Tilly

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