Né le 6 février 1911 à Fontenay-aux-Roses (Seine, Hauts-de-Seine), fusillé après condamnation le 22 août 1942 au stand de tir du ministère de l’Air à Paris (XVe arr.) ; professeur de dessin de la Ville de Paris ; résistant, membre de l’Organisation spéciale (OS).

Plaque 80 Bd du Montparnasse à Paris
Cliché H-F Billy
Fils de Stanislas et de Berthe, née Gaz, Robert Marchand, élève des Beaux-Arts, était marié à Céline Hamon. Le couple demeurait 83 rue de la Tombe-Issoire à Paris (XIVe arr.). Il était titulaire du certificat d’aptitude à l’enseignement du dessin et du certificat d’aptitude à l’enseignement de la composition décorative. Professeur de dessin à la Ville de Paris, il exerçait dans les écoles communales de Gentilly, d’Arcueil et Bourg-la-Reine. Mobilisé dans la cavalerie motorisée, il combattit lors de la retraite de Belgique, fut décoré de la Croix de guerre avec deux citations. Un membre du Parti communiste, « Richer », que Robert Marchand connaissait lorsqu’il lui achetait l’Humanité rue Montorgueil avant la guerre, le contacta en 1941. Sympathisant communiste, il accepta après plusieurs rendez-vous d’entrer en septembre dans l’OS, il devint chef de groupe.
Le 29 août 1941, il était avec Jean Garreau et Camille Drouvot et Bernard Laurent. Ils jetèrent des bouteilles inflammables sur des camions allemands rue de la Plaine (XXe arr.). Le 18 octobre 1941, ils coupèrent le câble téléphonique du poste de la Wehrmacht rue de Varize (XVIe arr.). Ils incendièrent le garage Normandie le 15 octobre 1941 rue de Rémusat dans le XVIe arrondissement. Le 22 novembre 1941 vers 20 h 30, une dizaine de cheminots allemands de la Feldpost se restauraient au « Café de l’Océan ». Un pétard explosif fut lancé dans la salle créant la confusion. Un allemand, pensant que la gérante des lieux était l’auteure de l’attentat, tira deux fois sur elle... sans la toucher. Camille Drouvot fit le guet le 26 novembre 1941 vers 20 h 15, Jean Garreau et Robert Marchand lancèrent chacun une grenade contre un poste de garde allemand porte d’Orléans. Les dégâts matériels furent légers.
Le 20 janvier 1942 vers 20 h 25, 15 boulevard de Vaugirard à Paris (VIe arr.), Jean Garreau, Émile Tardif et André Aubouet étaient avec Robert Marchand quand il tira au revolver sur le soldat allemand de la Feldpost Léo Pepling. Il le toucha derrière l’oreille gauche et la balle se logea à la base du cervelet. Il fut transporté dans un état grave à l’hôpital de la Pitié. Le 18 février 1942, il était dans l’équipe qui pénétra dans la cité universitaire. Le pavillon néerlandais était occupé par les Allemands. Ils jetèrent des pétards contre les vitres du local occupé par les Allemands. Le 21 mars 1942, seul, il déposa un pétard dans la boîte aux lettres du RNP 103 rue Dareau (XIVe arr.).
Il était recherché par le Sonderkomando de la police de sûreté allemande (GPF) pour des actes de sabotage effectués sur des voies ferrées. La GPF le signala à la police française le 7 avril 1942. Il fut repéré le 14 alors qu’il quittait son nouveau domicile 44 rue Daguerre à Paris (XIVe arr.). Filé, il fut interpellé le 16 avril 1942 vers 15 heures à la poste centrale de l’arrondissement par des inspecteurs de la BS2. Des carnets de notes furent saisis sur lui.
Dans le garage attenant à son jardin à Palaiseau (Seine-et-Oise, Essonne) huit pétards d’explosifs, un bidon de poudre, un revolver à barillet chargé et trois tubes de fonte pouvant servir à la confection de bombes furent découverts. Ce matériel lui avait été remis par Yves Kermen.
Il fut incarcéré à la prison de la Santé. Des confrontations organisées par la BS2 eurent lieu avec Émile Tardif et Camille Drouvot. Le commissaire divisionnaire René Hénoque de la BS2 mena les interrogatoires. Robert Marchand fut torturé, livré aux Allemands. Le 7 août 1942, il comparut devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.), fut condamné à mort pour « activité de franc-tireur ». Il fut passé par les armes le 22 août.
Céline Marchand, également arrêtée le 16 avril 1942, fut livrée aux Allemands, ceux-ci la remirent à la police française le 4 juin 1942 en demandant son internement. Elle connut les camps d’Aincourt (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), de Gaillon (Eure) et de La-Lande-de-Monts (Indre-et-Loire), d’où elle tenta de s’évader le 24 juillet 1943. Arrêtée le jour même, le tribunal correctionnel de Tours la condamna à dix jours de prison avec sursis et sur appel du procureur à quinze jours ferme, par la cour d’appel d’Orléans. À l’expiration de sa peine elle fut conduite au centre des Tourelles à Paris (XXe arr.) d’où elle fut libérée le 11 août 1944.
Inhumé dans le carré des corps restitués aux familles de cimetière de Gentilly, à titre posthume Robert Marchand devint commandant Francs-tireurs et partisans (FTP), chevalier de la Légion d’honneur, décoré de la Médaille militaire et de la Médaille de la Résistance, et un des rares membres de l’OS compagnon de la Libération.
Une plaque commémorative fut apposée sur le mur d’une école de Gentilly : « À la mémoire du patriote Robert Marchand professeur de dessin dans cette école, compagnon de la Libération, fusillé par les nazis le 22 août 1942. »
Son nom est gravé sur la plaque du ministère de la Défense à Paris XVème
Sa femme vivait à Gentilly dans les années 1980.
Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 1747, BA 1752, BA 2298. – DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII dossier 3, Liste S 1744-464/42. – J.-M. Berlière, F. Liaigre, Le sang des communistes. Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004. – André Rosssel-Kirschen, Le procès de la Maison de la Chimie (7 au 14 avril 1942), L’Harmattan, 2002. – Site Internet Compagnons de la Libération. – Mémorial GenWeb.

Iconographie
ICONOGRAPHIE : Il y a une photo au Musée de la Résistance nationale.

Daniel Grason

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