Né le 27 juin 1912 à Draveil (Seine-et-Oise, Essonne), guillotiné le 24 septembre 1941 dans la cour de la prison de la Santé à Paris (XIVe arr.) ; architecte-décorateur ; militant communiste.

Fils d’Emmanuel, tapissier-décorateur, et de Jeanne, née Leroux, couturière, Jacques Woog épousa le 27 août 1938 Lucienne Chauvin en mairie du VIIIe arrondissement à Paris. Le couple eut deux enfants, habitait en 1936 au 2 rue des Champarons à Colombes (Seine, Hauts-de-Seine). Jacques Woog était membre du Parti communiste, secrétaire de l’Université populaire de la ville dont le siège était 13 avenue Henri-Barbusse. Pendant la guerre, la famille Woog demeura 4 rue de l’Abbaye à Meudon (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine).
Jacques Woog structura à la fin de l’année 1940 des équipes de distribution de tracts sur plusieurs arrondissements du secteur Ouest de Paris et à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine), une ville très industrielle avec Renault et où la propagande communiste pénétrait très difficilement du fait de la répression policière. Le plus souvent les militants clandestins, à bicyclette, lançaient des tracts à la volée sur la chaussée. Face à la recrudescence de la propagande communiste, le brigadier-chef du commissariat de Boulogne-Billancourt fut chargé de mener l’enquête. Deux groupes de propagandistes furent arrêtés, celui dit de Boulogne-Billancourt, vingt et une interpellations, et celui dit de Colombes (Seine, Hauts-de-Seine), dirigé par Adolphe Guyot, onze arrestations plus un en fuite.
Assisté de Charles Bourquin et Achille Noullez, Jacques Woog coordonnait l’action de différents groupes de diffuseurs de tracts du secteur de Boulogne-Billancourt comprenant plusieurs arrondissements de l’ouest de Paris. Il organisa sur le VIIIe arrondissement neuf comités populaires certains dans les entreprises : SNCASO, CPDE, PTT, porteurs de la gare Saint-Lazare, cheminots de la même gare, hôtels et cafés, balayeurs, Compagnie des Eaux et un comité de femmes, au total 95 adhérents.
Jacques Woog fut interpellé le 23 mars 1941, incarcéré à la prison de la Santé. Il comparut avec ses camarades le 19 et 20 septembre 1941 devant la Section spéciale, section de Paris du tribunal d’État. Le procès se déroula à huis clos. Seize militants étaient inculpés pour distribution de tracts communistes, de détention de matériel d’émission, de souscription, de timbres de solidarité et de reconstitution d’organisation dissoute, de la fin 1940 au début de l’année 1941. Tous furent arrêtés par les policiers du commissariat de Boulogne-Billancourt.
Le Commissaire du gouvernement de Vichy demanda la mort pour Jacques Woog, s’appuyant sur la loi promulguée par Vichy le 14 août 1941, loi réprimant « l’activité communiste et anarchiste ». Toutes les autres juridictions étaient dessaisies. L’un des trois avocats de la défense était maître André Le Troquer, ex-député socialiste qui s’opposa à l’armistice et demanda la destitution de Pétain. Dans sa plaidoirie, il souligna qu’au moment où les faits avaient été commis, les inculpés risquaient cinq ans de prison et avec la loi du 14 août promulguée après le délit, ils risquaient la peine de mort. En conséquence il demanda aux magistrats « de réserver l’avenir ».
Jacques Woog fit le procès de la société capitaliste, il rappela son passé d’ancien combattant, il souligna lui aussi qu’au moment des faits qui lui étaient reprochés il risquait cinq ans de prison au maximum. S’adressant aux juges, il déclara notamment : « Si par l’application d’une justice arbitraire, vous croyez faire des exemples, vous vous trompez ».
Le 20 septembre, le tribunal d’exception considéra que Jacques Woog était le principal responsable de l’organisation communiste clandestine et le condamna à mort, ainsi que Jean Catelas et Adolphe Guyot.
La sentence fut exécutée à l’aube du 24 septembre dans la cour de la prison de la Santé : les trois militants furent guillotinés ; ils allèrent à l’échafaud en chantant « La Marseillaise ». Le jour même le préfet de la Seine écrivit au Maréchal Pétain : « Quelques instants avant son exécution [...] le communiste Woog a remis au commissaire du gouvernement la photographie ci-jointe de sa femme et de ses deux enfants, en le priant de vous la transmettre personnellement. Il a ajouté qu’il n’avait à exprimer comme dernière volonté, que le désir de placer sa famille sous votre protection.
J’ajoute que Woog était titulaire de la Croix de guerre 1939-1940 ».
Le secrétaire général de Pétain répondit le 27 septembre au préfet : « Je serais obligé de vouloir bien, après examen de la situation des intéressés, prendre toutes dispositions utiles pour assurer leur vie matérielle et de faire connaître le plus rapidement possible à M. le Maréchal ce que vous aurez fait en leur faveur ».
En novembre, un papillon édité par le Parti communiste portait ces mots « Les assassins de Nantes et de Bordeaux sont les mêmes qui ont incendié le Reichstag ».
Un second papillon avec la francisque de Pétain ruisselante de sang était diffusé :
« Français, Française ! L’insigne du Maréchal, c’est la hache du bourreau, celle qui a décapité Bréchet Bastard, Catelas, Guyot, Woog, Anjolvy et des dizaines de patriotes. Français, Françaises, tous unis dans le Front national de Lutte pour chasser le boche et son Gouvernement de valets. La victoire du Front Unique des Patriotes vengera ses martyrs. Vive la France Libre ! »
Jacques Woog fut inhumé le 24 septembre 1941 dans le cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) division 27, ligne 4, n° 3. Une cérémonie eut lieu en matinée le samedi 23 septembre 1944 en présence de ses parents et d’une quarantaine de personnes. L’un de ses amis donna lecture d’une lettre écrite par Jacques Woog le 24 septembre 1941, où il écrivait notamment : « J’ai longtemps espéré, mais maintenant, je sais que l’heure est proche. Un jour peut-être, que j’espère prochain, ceux qui me tuent seront jugés à leur tour ». Son père déclara : « C’est aujourd’hui en quelque sorte l’enterrement de Jacques, car, pendant trois ans, il nous a été défendu de venir même jeter une fleur sur ce charnier, car on ne peut appeler cela une tombe ». Des policiers en civil surveillaient les lieux en permanence. Son père concluait : « Aujourd’hui je vous remercie d’être venus pour réclamer comme nous, non la vengeance, mais simplement la justice. Elle sera faite ».
Le dimanche 28 avril 1946, il y eut une cérémonie rue Jean-Dolent, devant la prison de la Santé, une plaque de marbre fut dévoilée : « Derrière ces murs 18 patriotes antifascistes furent exécutés sur les ordres d’un Gouvernement au service de l’ennemi ». Le nom de Jacques Woog y figure. Quarante-huit heures plus tard, l’Humanité en rendait compte en page une, par une simple photographie légendée, en « l’honneur de 18 patriotes guillotinés ou fusillés ».
Le 14 juin 1947, son corps et ceux des trois autres guillotinés : André Dalmas, Henri Meunier et Edgar Lefébure furent transférés et réinhumés face au carré des fusillés en présence des familles, d’associations et de Georges Marrane, maire d’Ivry-sur-Seine.
Le nom de Jacques Woog figure sur le monument aux morts érigé dans le cimetière communal de Meudon.
Son nom figure sur le monument aux morts érigé dans le cimetière communal de Meudon. Jacques Woog a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Voir Paris (XIVe arr.), prison de la Santé, 1941-1944
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 1801, BA 1928, BA 2057, BA 2299, PCF carton 11 rapports sur l’activité communiste pendant l’Occupation. — 1W 0295 (transmis par Gilles Morin). — Bureau Résistance GR 16 P 604244. — L’Humanité du 30 avril 1946. — Dominique Rémy, Les lois de Vichy, Éd. Romillat, 1992. — MémorialGenWeb. — État civil, Draveil. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

Daniel Grason

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