Né le 12 mars 1912 à Hambourg (Allemagne), fusillé le 7 mars 1944 au Mont-Valérien (commune de Suresnes) ; plombier ; communiste ; responsable militaire FTP de la région 71.

Fils de Willem et de Edwige Zilké, Robert Hildebrandt épousa Hariette Tenot. Le couple demeurait 8 rue Camille Pelletan à Houilles (Seine-et-Oise, Yvelines). De nationalité allemande, Robert Hildebrandt résidait en France depuis une vingtaine d’année, il était titulaire d’un récépissé de demande de carte d’identité valable jusqu’au 11 décembre 1943. Il savait lire et écrire en français, mais pas en allemand. Il ne fit jamais de service militaire, antinazi il s’engagea dans l’Armée française en juin 1940 pour la durée de la guerre mais ne fut pas incorporé. Il travaillait depuis avril 1942 chez Schneider, Hipel et Wider à Houilles.
Le 6 octobre 1943 des inspecteurs de la BS1 l’interpellait, ainsi que Lucie Martin. Robert Hildebrandt était le responsable militaire de la région 71 ex. P 6 banlieue Ouest de Paris. Il ne travaillait plus depuis quelques semaines pour des raisons de santé. Deux mitraillettes Sten, un lot de cartouches 7,65 m/m, des clefs à tire-fond et des clefs anglaises servant à des sabotages de voies ferrées étaient saisies à son domicile.
Fouillé à son arrivée dans les locaux des Brigades spéciales, Hildebrandt portait sur lui, un indicateur de chemin de fer, et des documents sur les FTP ainsi que des photographies. Une liste des effectifs de la région P6 a été trouvée sur Lucie Génin. Les bicyclettes sur lesquelles ils se déplaçaient furent saisies.
Au domicile de Robert Hildebrandt, les policiers saisissaient : une carte d’identité en blanc portant la griffe du commissariat de Dieppe et sa photographie, trois certificats de recensement en blanc avec cachets, une liste des effectifs, des tracts et des circulaires des FTP, une enveloppe au nom de monsieur Duclos, 71 Grande Rue à Boulogne (Seine, Hauts-de-Seine), une feuille manuscrite portant les noms de « Rossi », « Deloro », « Charpentier » et « Delaforge », un brassard « Deutsch Wehrmacht », des cartouches calibre 7,65 mm, trois clefs à tirefond et deux clefs à molettes, deux mitraillettes Sten et cinquante cartouches, trois trousseaux de clefs.
Robert Hildebrandt était inconnu aux archives centrales de la direction des Renseignements généraux. Il avait toutefois été entendu en tant que témoin le 29 septembre 1942, à la suite d’un attentat à la bombe au cinéma « Garenne-Palace », 53 boulevard de la République à La Garenne-Colombes le 8 septembre 1942 à 21 heures 45.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, il affirma qu’il n’avait jamais été membre d’une organisation politique. Un de ses collègues de travail, forgeron, prénommé Henri lui demanda d’adhérer aux FTP. Après avoir lu le « Code d’Honneur des FTP », il accepta d’entrer dans l’organisation, rien « ne pouvait me permettre de penser que l’organisation était d’obédience communiste », affirma t-il.
Henri le mit en contact avec un responsable qui lui présenta « Cuvier », responsable politique de la région Ouest, lui-même « Faubert » en fait Martin. Vers le 15 septembre, Robert Hildebrandt commença à faire connaissance avec les membres du groupe composé de huit combattants, par la suite deux groupes ont été formés. Le premier détachement commandé par Hildebrandt comprenait « Fremont », « Delage », « Grisel » et « Vallier », l’autre équipe commandé par « Rossi » était composée de « Laforge », « Leblanc », « Cadeau » et « Deloro ». L’organisation projetait de former d’autres équipes en recrutant parmi les ouvriers de chez Renault et de la SAGEM à Argenteuil (Seine-et-Oise, Val-d’Oise)…
Il participa au stockage d’armes et de matériel dans les carrières de Michery près de Pont-sur-Yonne (Yonne), des cartouches, crayons allumeurs, bombes incendiaires et bidons explosifs furent récupérés. Robert Hildebrandt et d’autres FTP stockèrent une partie du matériel dans une petite baraque, rue de l’Union à Houilles. Des mitraillettes, des clefs à tire-fond et des clefs à molettes ont été entreposées dans sa cave.
Lors de son interrogatoire, Robert Hildebrandt a été battu à plusieurs reprises notamment par l’inspecteur Robert D… Le 7 octobre deux inspecteurs principaux adjoints et plusieurs inspecteurs se rendirent dans les carrières de craie de Michery. Du matériel enfoui sous la terre était mis au jour : 31 mitraillettes Sten, 203 chargeurs de mitraillettes, 24 remplisseurs de chargeurs, 30 nécessaires d’entretien pour mitraillettes, 10800 cartouches calibre 9 mm, 9 paquets de 20 rouleaux d’explosifs « 208 », 2 paquets de 24 rouleaux d’explosifs « 208 », 84 rouleaux d’explosifs « 208 », 7 paquets de 10 rouleaux d’explosifs « PER », 28 rouleaux d’explosifs « PER », 15 tubes de 10 relais coniques pour explosif, 2 grenades « Mills », une clef à grenade, 5 distributeurs de 16 détonateurs, 15 boîtes de 5 crayons allumeurs, 9 grenades « Gammon », 12 rouleaux de cordeaux Bickford, 38 engins incendiaires à retardement, 8 allumeurs pour voies ferrée, 38 bombes incendiaires cylindriques, 48 ampoules incendiaires, 4 piles électriques, 8 paquets de frottoirs pour engins incendiaires, 10 capsules pour grenades « Gammon », 20 détonateurs électriques, 12 boîtes de bouchons allumeurs pour cordeau Bickford, 10 allumeurs à traction, 4 allumeurs par soulèvement, 10 allumeurs à pression, 2 pinces à sertir, 4 boîtes de poudre irritante et 2 bobines de fil d’acier.
Pendant le déroulement de l’opération, plusieurs inspecteurs étaient de surveillance à l’entrée des carrières. Un jeune homme alla vers eux, voyant la mitraillette de l’un d’eux, il lui lança : « Vous êtes du groupe ? », puis désignant la mitraillette, il poursuivit « Il y en a plein dans la carrière. » Il fut aussitôt mis en état d’arrestation, il se nommait Marc Bizot. Robert Hildebrandt a été livré à la police de sécurité et du renseignement de la SS (Sipo-SD) communément appelé la Gestapo au 11 rue des Saussaies (VIIIe arr.), interrogé, torturé.
Incarcéré à Fresnes, Robert Hildebrandt comparut le 22 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas, (VIIIe arr.). Condamné à mort pour « actions de franc-tireur et aide à l’ennemi », il fut passé par les armes le 7 mars 1944 au Mont-Valérien, sa mort a été constatée à 15 heures 27.
L’un des tortionnaires de la BS1 Robert D… fut qualifié lors des procès de l’épuration de la police comme « le plus grand bourreau de la BS1 » – qui, avant d’être affecté – à sa demande – aux BS, avait été un des « mangeurs de Juifs » de la 3e section des RG. « Volontaire pour la BS1, ami intime de Georges Claude, pronazi notoire, admirateur d’Hitler… il recherchait le raffinement dans la cruauté sur les patriotes arrêtés […] a même frappé des femmes… Á plusieurs reprises a tiré des coups de feu sur des patriotes. A fait des arrestations de sa propre initiative. » Arrêté le 14 octobre 1944, il se suicida à 21 heures 05 selon le rapport officiel.
Le nom de Robert Hildebrandt a été gravé sur une stèle commémorative au cimetière de Houilles et sur le monument aux morts. Il fut homologué FTP et « Mort pour la France » par le ministère des anciens combattants, et FFI, Interné résistant.
Son nom est gravé sur la plaque du ministère de la Défense à Paris XVème
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 2117, PCF carton 8 activité communiste pendant l’Occupation, GB 136. – Arch. AVCC Caen, fusillé boîte 5 liste S 1744-128/44 (notes de Thomas Pouty). – SHD, Caen AC 21 P 52742. – Bureau Résistance GR 16 P 293615. – Les policiers français sous l’Occupation, Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Éd. Perrin, p. 166-167. – Site Internet GenWeb.

Daniel Grason

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