Né le 15 novembre 1920 à Paris (XIe arr.), fusillé le 7 mars 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; terrassier ; communiste ; résistant FTPF.

François Marcel.
François Marcel.
Fils de Gabriel, manœuvre, et de Marcelle, née Boonroy, ménagère, Marcel François épousa Émilienne Pareigne, le 8 mars 1941 en mairie du XIXe arrondissement. Le couple demeurait dans l’arrondissement au 76 rue du Pré-Saint-Gervais à Paris (XIXe arr.). Marcel François adhéra aux Jeunesses communistes de France pendant la période du Front populaire dans le XIXe arrondissement.
Il aurait participé avec Maurice Deck, du groupe FTP Victor Hugo dans le XIXe arrondissement en 1942 au déraillement d’un train allemand sur la ligne « Paris-Dreux-Évreux ».
Quatre inspecteurs de la BS1 l’interpellèrent le 1er octobre 1943 en compagnie d’André Joineau. Fouillé, il portait sur lui une notice intitulée « Code d’honneur du Franc-Tireur et Partisans Français », une fausse carte d’identité en blanc, un faux certificat de travail et une enveloppe qui contenait une liste manuscrite où figuraient plusieurs rendez-vous. Sans activité professionnelle, il n’était pas inscrit au chômage, et avait été recensé pour le Service du travail obligatoire (STO).
Il travailla comme terrassier chez Bergeon Buret à Paris, le 28 octobre 1942 François Marcel été requis pour travailler pour l’organisation Todt à Brest (Finistère), il s’y rendit. En juin 1943 il était désigné pour aller travailler en Allemagne. Il quitta Brest regagna Paris avec l’intention de se cacher à la campagne.
Il rencontra un prénommé « Gilbert » qu’il avait connu aux Jeunesses communistes. Celui-ci lui proposa de l’aider à partir à la campagne, puis d’entrer dans un mouvement patriotique qu’il appela « Front Patriotique des Jeunes ». D’après « Gilbert » par la suite il aurait la possibilité de partir dans « le maquis ». Quelques jours plus tard « Gilbert » lui présentait « Charles » qui n’était autre qu’André Joineau
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, il déclara qu’il avait été chargé d’assurer des liaisons avec des membres de l’organisation. Les rendez-vous lui étaient indiqués par « Charles » et « Yvon ». Il devait remettre l’enveloppe contenant la liste manuscrite à « Julien », ce jour même à 11 heures rue de la Pierre-Levée (XIe arr.). Sur la liste figurait cinq rendez-vous : lundi 4 juin à 13 heures 50, au métro Campio-Formio, il devait rencontrer « Sadi », à 14 heures rue Jenner (XIIIe arr.) « Auguste », à 14 heures 10 rue Caillaux (XIIIe arr.) rendez-vous avec « Robert », dernière rencontre avec « Franck » à 14 heures 50 rue Harvey (XIIIe arr.). Pour son travail d’agent de liaison François Marcel devait être rémunéré 2000 francs par mois, au moment de son arrestation il n’avait touché que la moitié de cette somme qui correspondait à sa première quinzaine d’activité.
Incarcéré à la prison de Fresnes, il comparut le 22 février 1944 devant le tribunal du Gross Paris siégeant rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à mort le 24 pour « actes de franc-tireur », il fut exécuté le 7 mars 1944 au Mont-Valérien. Son inhumation eut lieu dans le carré des corps restitués aux familles dans le cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
François Marcel a été déclaré « Mort pour la France » par le Ministre des Anciens combattants et homologué FFI, Interné résistant.
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Dernières lettres
 
[Sans date]
Ma chère petite maman,
Bibi, Georges, André,
et tous et toues,
Ma petite maman, ma dernière lettre pour te dire adieu. Je t’embrasse de tout mon cœur, mes dernières minutes vont vers toi et ma petite femme à qui je n’ai pas pu donner le bonheur.
Restez bien unies ensemble ; toi, ma petite maman, pardonne-moi toutes les peines que je t’ai données depuis mon enfance, car une maman, c’est beaucoup .Mais tout seul dans ma cellule je m’étais donné une raison que plus tard tu sauras.
Je te demande d’être courageuse, car ton fils t’a toujours beaucoup aimée, mais pas assez.
II reste mes trois frères que j’aime. Je pense beaucoup à eux ; toi, Bibi, soutiens et aide beaucoup notre petite mère comme je l’aurais voulu,, une fois libéré ; rappelle-toi nos petits souvenirs quand nous allions en camping et en, vacances,au Mont-Dore ; maintenant, il faut que tu penses à l’avenir, car tu es encore jeune ; assure-toi un bon métier et plus tard un bon foyer, comme je, le souhaitais avec ma petite Mimi. Je-te demande de l’aimer comme moi, protège-la ainsi que maman.
Vous, mes frères André et Georges, soyez très courageux, votre jeune frère Marcel vous quitte plein de force, de jeunesse et de joie, car il a confiance en l’avenir ; aidez maman, soutenez-la comme je l’aurais voulu ; plus tard vous apprendrez comment j’aurais voulu voir notre mère entre ses quatre fils, heureuse et dans le repos, mais mon projet se réalisera parce que le printemps qui s’avance vous apportera un été de joie et de bonheur à tous ; donnez à votre petite famille tout le bonheur que je souhaitais la mienne.
Je n’oublie pas la famille, tante, oncle, cousin et cousine ; beaucoup de choses à tous et à toute, à ma petite belle-sœur Paulette pour que réussisse son petit bébé à qui vous donnerez mon nom si vous le voulez.
Adieu à tous mes bons camarades de Paris et de Nice la Belle ; adieu à mon 19e et à la grande famille qui vous apportera la liberté.
Adieu, ma petite maman, je te serre bien fort sur mon cœur ; Bibi, André, Georges, toute la famille et amis, je vous embrasse une dernière fois ; votre Cecel qui est très courageux.
Maman adieu.
Cecel
 
Fresnes, le 17 mars 1944
 
Ma Choute chérie,
 
J’écris cette dernière petite lettre qui te fera du mal, mais je te demande d’être très courageuse, comme je le suis jusqu’à la dernière minute ; il était onze heures quand on m’a prévenu que je n’étais pas grâcié ; il me reste encore tu plus quatre heures, car la sentence sera exécutée à quinze heures.
Ma chère petite femme, pardonne-moi tout le gros chagrin que je peux te donner et la peine, car tu ne le mérites pas ; tu vas passer un triste anniversaire de mariage ; oui, il y aura demain trois ans que l’on s’unissait pour la ’vie, mais eu cours de route la mort me surprend.
J’ai toujours eu confiance en toi, ma Choute, tout mon amour n’était que pour toi, je voulais te rendre heureuse, mais malheureusement je ne pourrai le faire ; je pars avec de bons souvenirs, toute la force et l’amour que nous avons mis pour avoir un bon petit foyer heureux ; j’aurais tant voulu avoir un petit poupon qui nous aurait apporté la joie dans notre petit château, car tu sais très -bien que j’aime beaucoup les enfants ; qu’importe, tu es encore jeune, je te souhaite de refaire ta vie, pour être plus heureuse et avoir du bonheur plus que je ne t’en ai donné.
Pardonne-moi de te dire cela, je t’aime de tout mon coeur, je te quitte en emportant tous ces beaux souvenirs et toute la tendresse que tu as eue pour moi Il faut aller au-devant de la vie comme moi je vais au-devant de la mort, j’ai confiance, je n’ai aucune haine, la France vivra.
Mieux vaut mourir jeune pour son pays que mourir vieux de maladie en ’trahissant son pays.
Adieu à tous, à la famille, voisins, amis, copains et copines Cecel vous embrasse tous bien fort.
Ma chère Mimi, adieu, baisers, ton petit mari qui t’aime bien fort.
Vive la France ! Adieu.
 
Cecel

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Sources

SOURCES : Arch. PPo., BA 2117, GB 136, PCF carton 8, activité communiste pendant l’Occupation. – DAVCC, Caen, Boîte 5 (Notes Thomas Pouty). – SHD, Caen AC 21 P 187473. – Bureau Résistance GR 16 P 233368. – Mémorial GenWeb. – ANACR, 1940-1945. La Résistance dans le XIXe arrondissement de Paris, Le Temps des Cerises, 2005 (avec iconographie). – Lettres de fusillés, Éditions France d’abord, 1946. – Site Internet Mémoire des Hommes. – État civil, Paris (XIe arr.).

Daniel Grason

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