Né le 21 avril 1915 à Paris (XIVe arr.), fusillé après condamnation le 7 mars 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; électricien ; communiste ; résistant au sein des FTPF.

Fils d’Édouard, employé de chemin de fer, et de Marie, née Le Tiec, ménagère, Georges Le Tiec épousa Bruna Gobbi le 1er mars 1939 à Fontenay-sous-Bois (Seine, Val-de-Marne). Le couple eut un enfant et demeurait dans le quartier du Marais à Paris, 17 rue Pavée (IVe arr.).
Membre de la Jeunesse communiste de France à la fin 1935 à Fontenay-sous-Bois (Seine, Val-de-Marne). De la classe 1935, il a été rappelé sous les drapeaux en mars 1938 au 165e Régiment d’artillerie à Metz (Moselle), il fut démobilisé en août 1940 par le centre d’Ossun (Hautes-Pyrénées).
Georges Le Tiec aurait repris contact avec le Parti communiste en février mars 1942 alors qu’il demeurait à Fontenay-sous-Bois, il rencontra Édouard Maury accompagné d’un militant. Ce dernier le sollicita pour diffuser des tracts de l’organisation clandestine, il accepta, participa à plusieurs distributions. Il rencontra un responsable des cadres qui l’interrogea sur son parcours politique.
Le dimanche 9 août 1942 dans la matinée, il participa à une initiative de distribution de tracts sur le marché de La Varenne Saint-Hilaire (Seine, Val-de-Marne), parmi les distributeurs Maurice Couderchet, Marcel Blanchet et Édouard Maury. Des FTP armés assuraient la protection.
En février 1943, il a été mis en contact avec « Gaillard », responsable politique FTP de la région P6. Celui-ci proposa à Georges Le Tiec la responsabilité des masses de la région, il devait contrôler le travail syndical dans les entreprises. En juin le responsable politique de P6 a été arrêté, Le Tiec fut désigné pour le remplacer. Á ce titre, il était en relation avec « Godot », interrégional. Sur la région il était en relation avec « David », responsable à l’organisation et le commissaire aux effectifs « Faubert » (Roger Martin), un responsable des Jeunesses communistes et un responsable du Front national le docteur René Dervaux dit « Laurent » d’Asnières qu’il vu au moins deux fois. Il rencontra une fois le responsable militaire « Le Grand »
Il loua sous le nom de Louis Lucas un logement au 146 avenue de la Dhuys à Bagnolet (Seine, Seine-Saint-Denis). Le 8 octobre, Georges Le Tiec devait rencontrer Roger Martin, commissaire aux effectifs de la région. Ce dernier était arrêté depuis la veille, et trois inspecteurs de la BS1 étaient au rendez-vous de la place Clichy à 20 heures 20. Fouillé il était porteur d’un carnet annoté, de trois feuilles manuscrites sur l’activité des FTP ; d’une carte des établissements Boileau avec diverses indications ; d’un plan du métro annotés, de trois certificats de recensement en blanc, portant le cachet humide de la mairie de Clichy (Seine) ; d’un faux certificat de travail au nom de Le Tiec ; d’une somme de 2500 francs.
Les policiers perquisitionnèrent son pavillon au 145 avenue de la Dhuys à Bagnolet (Seine, Seine-Saint-Denis), furent saisis : un pistolet automatique 7,65 m/m ; une somme de 6500 francs ; un engagement de location en date du 1er octobre 1942 relatif au pavillon ; une quittance de loyer ; quatre feuilles de souscription ayant pour intitulé « Valmy » ; deux machines à écrire ; un lot de cartes ; neuf plans manuscrits ; un plan annoté d’une usine de Bezons (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) située en bord de Seine ; des tracts, des feuilles dactylographiées ; une note de l’État-Major, 2ème bureau du 28 août 1943, adressée au Préfet de Police ; quinze dossiers contenant des documents sur l’activité des FTP ; trois enveloppes numérotées contenant de la documentation, quatre feuilles de papier carbone, un calendrier de l’année 1943 annoté ; un projet de tract manuscrit ; trois feuilles ronéotypées, annotées, relatives à un tirage de tracts ; des brochures et des livres relatifs à l’activité communiste ; des documents manuscrits relatifs à l’activité communiste ; un panneau de deuil concernant Pierre Timbault ; des notes manuscrites ; des morceaux de papier déchirés trouvés dans la boîte à ordures, une feuille de papier portant des indications de Latour sur les propositions des triangles, deux carnets annotés ; deux états d’effectifs ; une grille ; une lettre adressée à Cuvier, contenant un document ; une note adressée à Berthier Fernand, le tout trouvé sur le bureau ; quatre bons d’achat de textiles, en blanc, portant la cachet de la mairie d’Ecuisses (Saône-et-Loire) ; dix-sept cartes individuelles d’alimentation en blanc ; deux cartes d’alimentation provenant de la Mairie de Vigneux ; deux cartes d’alimentation provenant du XVIIIe arrondissement ; une carte de vêtements au nom de Lebert Etienne ; dix bons de suppléments mensuels, concernant l’attribution des denrées contingentées pour malades ; un trousseau de trois clefs et une bicyclette.
Georges Le Tiec était inconnu des différents services de police. Lors de son interrogatoire dans les locaux des Brigades spéciales, les inspecteurs le sommèrent de donner des explications sur chaque objet et papier saisi. Il déclara être appointé « deux mille francs par mois augmentés des charges de famille et des frais. », il donna des explications sur tout ce qui avait été saisi, une trentaine d’objets ou écrits, quelques tracts, peu d’armes, beaucoup d’informations. Parmi ces dernières, il en avait déduit « que les anglo-américains freinaient leur avance en Italie de façon à laisser les troupes allemandes et russes s’épuiser mutuellement et que d’autre part leur responsabilité était engagée vis-à-vis des patriotes engagés à Naples. »
Il assura que les armes et les munitions saisies « n’étaient pas destinées à mon usage personnel. Les différentes sommes d’argent provenaient pour 1500 francs des collectes, les 5000 autres francs appartiennent à ma femme. » Les deux machines à écrire avaient été déposées en dépôt par l’appareil technique. Il assuma le fait de détenir les tracts et les brochures édités par le Parti communiste clandestin, les cartes d’alimentation, les bons de vêtements et d’articles textiles…
Au cours de son interrogatoire les pseudonymes « Godot », « David » et « Josette » étaient prononcés, les policiers voulaient connaître les jours et heures des rendez-vous. Georges Le Tiec cita le docteur « Dervos » qui n’était autre que le docteur René Dervaux qui exerçait à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine).
Le 16 octobre 1943 les policiers mirent en présence Georges Le Tiec et Gilbert Badia. Le premier était persuadé que Badia était l’adjoint du responsable du « Travail Antinazi », en fait le « Travail Allemand ». Gilbert Badia affirma « Je ne comprends pas de quoi il s’agit. Je ne connais pas l’homme que vous mettez en ma présence […] Je ne me livre à aucune action clandestine. »
Incarcéré à Fresnes, Georges Le Tiec comparut le 24 février devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.). Condamné à mort pour « action de franc-tireur, aide à l’ennemi », il fut passé par les armes le 7 mars 1944 au Mont-Valérien, sa mort a été constatée à 15 h 27.
La dépouille de Georges Le Tiec fut restituée à sa famille le 15 octobre 1947, il a été inhumé dans le cimetière de Fontenay-sous-Bois.
La Commission d’épuration de la police 5e Groupe cita le nom de Georges Le Tiec dans son rapport du 8 mai 1945. La date et les circonstances de son arrestation étaient mentionnées ainsi que les noms des trois inspecteurs de la BS1. Il était écrit : « L’enquête a permis d’apprendre que Le Tiec a été remis aux Allemands. On ignore son sort actuel. »
« Il demeurait depuis peu de temps et seul à l’adresse indiquée. Ses meubles ont été enlevés six mois environ après l’arrestation. »
« Aucun autre renseignement n’a pu être recueilli. »
Le Ministère des Anciens combattants lui attribua la mention « Mort pour la France », Georges Le Tiec a été homologué FFI et Interné résistant.
Son nom est gravé sur la plaque du ministère de la Défense à Paris XVème
Sources

SOURCES : Arch. PPo. BA 2117, GB 136, PCF carton 8, activité communiste pendant l’Occupation, PCF carton 15 rapport hebdomadaire du 11 octobre 1943 sur l’activité communiste pendant l’Occupation, 77 W 3111. – SHD, Caen AC 21 P 84026. – Bureau Résistance GR 16 P 368516. – DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII dossier 5 (Notes Thomas Pouty). – État civil, Paris (XIVe arr.).

Daniel Grason

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