Né le 21 août 1900 à Pontarlier (Doubs), fusillé comme otage le 15 décembre 1941 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; artisan menuisier ; communiste.

Fils de Just et de Marie, née Garnichet, Roger Berne vivait rue Besançon à Pont-de-Roide (Doubs). Il épousa Berthe Vienot et le couple eut deux enfants, Colette et Roland. Il fut arrêté par des gendarmes français pour activité communiste. Le commissaire de la police signala le 8 février 1941 au sous-préfet de Montbéliard « l’arrestation de trois anciens communistes pour infraction au décret du 26 septembre 1939. Ils ont été écroués ». Les trois militants étaient René Bordy, Paul Feuvrier et Roger Berne. Les deux premiers furent déportés dans le convoi du 6 juillet 1942 à Auschwitz (Pologne). Paul Feuvrier y mourut le 10 août 1942.
Roger Berne fut jugé et condamné à six mois de prison le 31 mars 1941 pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 et la peine fut aggravée en appel le 30 juin 1941. Envoyés au camp de Compiègne, Roger Berne et ses deux compagnons écrivaient le 7 juillet 1941 quelques mots à leurs proches à 10 heures du matin de la gare du Nord : « Nous nous dirigeons sur Compiègne. Nous ne savons pas au juste pour combien de temps » (Roger, Paul et René).
Le 14 décembre 1941, le général Von Stülpnagel faisait paraître un « Avis » : « Ces dernières semaines, des attentats à la dynamite et au revolver ont à nouveau été commis contre des membres de l’armée allemande. Ces attentats ont pour auteurs des éléments, parfois même jeunes, à la solde des Anglo-Saxons, des Juifs et des Bolcheviks et agissant selon les mots d’ordre infâmes de ceux-ci. Des soldats allemands ont été assassinés dans le dos et blessés. En aucun cas, les assassins n’ont été arrêtés. »
Désigné comme otage, incarcéré à la prison du Cherche-Midi administrée par les Allemands, Roger Berne écrivit une dernière lettre à sa famille le 14 décembre 1941 adressée à ses « Chères sœurs, Chère Femme et Enfants, chère Maman, Beaux-frères, Belles-sœurs, Neveux et nièces, Parents et amis, Tous bien-aimés » (texte complet Blog Jacky Tronel). Il tomba sous les balles du peloton le lendemain.
Roger Berne fut reconnu comme FTP à titre posthume ; son nom figure sur le monument aux morts de Pont-de-Roide.

Prison du Cherche Midi
Paris le 14-12-1941 – 10 h 30 soir
Chères sœurs Chère femme et enfants Chère maman
Beaux-frères belles sœurs neveux et nièces Parents et amis
Tous bien aimés
Il m’est pénible et à la fois nécessaire de te charger de mes dernières volontés, la seule lettre que j’écris ce soir et pour nous tous. Prends courage pour supporter cette nouvelle épreuve, mes recommandations sont courtes et vous sont demandées bien humblement.
1er de m’oublier de penser à mes enfants qui ne sont pas responsables.
2e de prendre avec Henri la liquidation de l’atelier et de payer ce que je dois, quant à Berthe une épreuve s’impose je lui demande de prendre courageusement sa tâche et de la mener à bien, ma petite Colette et Roland la seconderont j’en suis certain. Nous sommes prévenus depuis ½ heure que notre exécution aura lieu à l’aube, j’ignore les motifs de ces mesures mais soyez persuadés que j’attends cette heure avec un courage que je m’ignorais les yeux secs la conscience saine et demain je tomberai vaillament, je ne regretterai la vie que pour vous tous, et ne pouvant vous serrer, comme je vous aime, je te charge de le faire pour moi en ayant soin de ménager ma pauvre mère et mes enfants assez d’innocentes victimes qu’un simple hasard condamne.
je vous quitte donc avec mes dernières pensées et mes plus tendres Baisers.
l’heure et la joie passé une bonne nuit.
adieu à tous
Roger

Lettre manuscrite transmise par Pierre Cardon.
Sources

SOURCES : Arch. PPo. 77W 1959. – DAVCC, Caen, Otage B VIII dossier 2 (Notes Thomas Pouty). – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Site Internet du Mont-Valérien. – Blog Claudine Cardon-Hamet : Déportés politiques à Auschwitz 6 juillet 1942. – Mémorial GenWeb.

Daniel Grason

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