Né le 13 mars 1907 à Paris (XXe arr.), fusillé le 5 novembre 1943 à Biard, près de Poitiers (Vienne) ; aide machiniste dans le cinéma ; résistant dans les FTPF en Charente-Maritime.

Louis Bandlé
Louis Bandlé
Archives privées.
Louis Bandlé était domicilié à Seugy (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), 8 rue de Viarmes. Il était marié à Odette, Léonie Lanon dont il eut quatre enfants : Jacqueline (1929), Armand (1930), Jacques (1932) et Gabriel (1934).
Entré dans la clandestinité à la fin de l’année 1940, il s’engagea dans la résistance communiste, et sa profession le conduisit à s’intégrer au réseau de résistance du cinéma du Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France, mouvement de résistance dirigé par le Parti communiste français, réseau dont il assura le regroupement. Il était le chef d’un secteur de La Rochelle (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), en liaison avec Émile-Louis Tixier, chef du groupe « Liberté » des Francs-tireurs et partisans.
Il participa à des sabotages, transporta du matériel et diffusa des journaux clandestins. Il assurait d’importantes liaisons sur l’interrégion, entre la Charente-Maritime et Bordeaux.
Il fut arrêté par des policiers français de la Section des affaires politiques (SAP) de Poitiers le 25 septembre 1943 à La Rochelle en sortant de chez un camarade. Il fut incarcéré le jour même à la prison de la Pierre-Levée de Poitiers jusqu’à son exécution et certainement torturé ainsi qu’en témoigne implicitement la lettre écrite à son épouse le 20 octobre. Il fut condamné à mort avec Émile-Louis Texier par le tribunal de la Feldkommandantur 677 le 1er novembre 1943 pour « activité en faveur de l’ennemi ». Après confirmation de la condamnation par le Militärbefehlshaber in Frankreich (Commandement militaire allemand en France), il a été fusillé au champ de tir de Biard le 5 novembre à 7 h 30.
Le corps fut inhumé au cimetière de Quinçay (Vienne). En 1948, le ministère des Anciens Combattants autorisa l’inscription de la mention « Mort pour la France » dans l’acte de décès de Louis Bandlé.
Homologué au grade d’adjudant-chef, Louis Bandlé fut décoré à titre posthume de la Médaille de la Résistance française et de la Médaille Militaire, distinctions accompagnées de la citation suivante : « Magnifique patriote, membre de la Résistance Intérieure Française. Arrêté pour faits de résistance le 25 septembre 1943, a été interné jusqu’au 5 novembre 1943 date à laquelle il est mort glorieusement pour la France. » Le décret en date du 22 mars 1960 est signé par le Général de Gaulle, Président de la République, Michel Debré Premier Ministre et Pierre Messmer Ministre des Armées.

À Odette Bandlé, 8 rue de Viarmes, Seugy par Viarmes, Seine-et-Oise
Poitiers le 20 octobre 1943
Ma petite Dedette chérie,
Arrêté depuis le 25 septembre, je puis enfin aujourd’hui, non t’écrire, mais toutefois te faire écrire par mon compagnon de cellule étant momentanément invalide de mon bras droit. Je viens te demander s’il te serait possible de m’envoyer un colis par retour de courrier. Le poids approximatif est de 5kg. Tant qu’à la nomenclature des vivres elle importe peu à part pas de tabac ni liquide et l’emballage comme tu le sais. Je te demanderai aussi de bien vouloir joindre 2 ou 3 enveloppes timbrées à ton adresse avec feuilles de papiers à lettre. Les colis sont autorisés toutes les semaines mais si possible et si tu le peux qu’ils me parviennent pour le samedi et les colis de vêtements si des fois je t’en demande sont le 1er et le 15 de chaque mois. J’espère que la présente vous trouveras tous en bonne santé et surtout que mes chéris soient bien raisonnables et ne m’oublient jamais. Mes bons baisers et les amitiés à tous et à toutes. Je pense que Toto pourrait t’aider ou tout au moins faire quelque chose pour mon colis. À toi ma petite chérie les plus tendres baisers de celui qui ne t’oublie pas et sans cesse jour et nuit pense à toi.

Poitiers le 29 octobre 1943
Ma petite Odette chérie,
Bien reçu ta lettre du 26 octobre le 27. Tu t’étonnes que ma lettre mette 5 jours à te parvenir mais tu dois bien comprendre que nos lettres sont vérifiées au départ ce qui occasionne un peu de retard. Je souffre en effet du bras droit ce qui fait que je ne puis écrire moi-même, mais cela va beaucoup mieux et je commence à me servir de mon bras. J’attends avec impatience ton colis. Nous avons droit à 2 colis par mois (linge et vivres), de 5 kg chacun. Ci-joint les étiquettes qu’il faut absolument coller sur les colis. Je n’ai pas besoin d’argent. Pour l’avocat je n’en choisirai pas car cela ferait des frais et tu as besoin de tout ton argent pour élever nos petits. Je suis heureux de savoir que Jacqueline va pouvoir enfin suivre ses études. Je demande à tous nos 4 petits de bien travailler en pensant à leur papa. Dans ton prochain colis envoie moi un gant de toilette et un morceau de bon savon. J’ai bon moral. Nous sommes à 5 dans la cellule. Embrasse les enfants. Reçois de celui qui ne t’oublie pas ses plus tendres baisers.
Le colis idéal est viande, fromages, desserts, sucre, chocolat, gâteau, confiture et pain. Dans le prochain colis, envoie-moi un caleçon long.
Sources

SOURCES : DAVCC, Caen. – Arch. Dép. Vienne, 1921 W 8. – Henri Gayot, Charente-Maritime (1940-1945), Occupation, Résistance et Libération, sd. — Archives familiales.

Dominique Tantin

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