Né le 30 août 1890 à Saint-Xandre (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), exécuté sommairement le 21 août 1944 à Ruffec (Charente) ; officier de carrière ; résistant Libération Nord, AS-FFI.

Joseph Bernier était le fils de Joseph, boulanger, alors âgé de 29 ans, et de son épouse Marie Clémentine Félicité Védère, âgée de 21 ans.
Alors qu’il était étudiant, il souscrit un engagement volontaire dans l’armée pour 4 ans le 29 septembre 1910 et fut incorporé au 123e RI à La Rochelle. Il monta rapidement en grade, caporal le 26 septembre 1911, sergent le 29 septembre 1912, il fut promu aspirant le 5 août 1914, alors qu’il était admissible aux écoles militaires de Saint-Maixent et de Vincennes.
Sous-Lieutenant (à titre temporaire le 2 septembre 1914, à titre définitif le 10 mai 1916), il fut gravement blessé le 9 septembre 1914 par des éclats d’obus. Il fut cité à l’ordre de la VIIIe armée aux motifs suivants : « Officier remarquable par son courage et son énergie, s’est particulièrement distingué lors d’une attaque à laquelle prenait part l’unité qu’il commandait et qu’il a réussi à maintenir sous un violent bombardement malgré les pertes sensibles qu’elle subissait. A été grièvement blessé. » Croix de guerre avec Palmes. Devenu lieutenant (1916), il fut détaché à l’Etat-Major de Paris, puis affecté au Levant (mars 1918-mai 1919). En 1920, il intégra le 505e Régiment de chars de combat (509e RCC le 4 mai 1921-522e en 1923). Promu capitaine (24 mars 1920), nommé chevalier de la Légion d’Honneur (16 juin 1920), il participa à l’occupation de la Rhénanie (mai - septembre 1921). Le 1er juillet 1927, il fut promu commandant.
Il épousa Brigitte Hanna Cécilia Körner, née le 26 octobre 1907 à Stockholm qui lui donna quatre enfants. Les trois premiers naquirent à Paris : Marc le 21 mars 1929 ; Claude le 2 juin 1930 et Jeanne le 5 décembre 1932. Ingrid Margot naquit le 19 février 1935 à La Rochelle.
En 1938, il effectua une période à l’école des chars de combat au camp de Suippes (Aines).
Rappelé le 23 août 1939, il commanda le 5e puis le 29e Bataillon de chars de combat au cours de la campagne 1939-1940. Il fut démobilisé à Rodez le 3 octobre 1940. Il aurait été domicilié à Versailles, 4 boulevard de la République, mais il se réfugia à La Rochelle, 145 avenue de Metz,
En juin 1944, dans le Mellois, il rejoignit le groupe de résistants de René Groussard auquel le liait des amis communs. Commandant, chef de bataillon FFI du secteur 27, il avait pour missions le recrutement, l’organisation, l’encadrement, l’armement et la direction des opérations pour la Brigade Est du Secteur 6, Triangles 27-28-29. Il participa aux combats de Melle le 13 août 1944. Le groupe "Fernand-Groussard", c’est-à-dire les hommes d’Ernest Jousseaume (alias Fernand) et de René Groussard, épaulés par le groupe de Francs-Tireurs et Partisans Tabourdeau de Sauzé-Vaussais et les combattants rassemblés autour de Raymond Kopp, alias "Parouty", attaquèrent la garnison allemande. Après de violents affrontements, les assaillants se replièrent sans perte et avec des prisonniers.
Les représailles allemandes furent immédiates. De durs combats se déroulèrent aux alentours de Melle. Les maquisards furent traqués par des unités Indo-allemandes de la Wehrmacht. Joseph Bernier fut arrêté le 20 août 1944 en compagnie de Roger Aubin* et de René Groussard* à proximité de Sauzé-Vaussais alors qu’ils « allaient réapprovisionner en armes le maquis M aux prises avec les Allemands ». Les trois hommes furent conduits à Ruffec (Charente) et, après interrogatoire et décision de l’Oberleutnant Stephan, exécutés dans cette ville le 21 avec Louis Proust*. Joseph Bernier fut passé par les armes à 7h15.
Sa dépouille fut exhumée le 5 septembre. Il fut déclaré Mort pour la France le 20 avril 1945. Edmond Proust, alias Colonel Chaumette, chef des FFI des Deux-Sèvres, le décrit comme un « chef énergique et courageux, entraineur d’hommes remarquable. » Il fut homologué au grade de commandant des FFI. Une avenue de Melle porte son nom. Son nom est inscrit sur une stèle commémorative à Ruffec, « Aux Martyrs de la Résistance, massacrés ici par les Allemands le 21 août 1944 » place du Champ de Foire, côté rue Villebois-Mareuil.
Sources

SOURCES : SHD-AVCC, Caen 21 P 312 283 et Vincennes, 16 P 52429. — Acte de naissance et registre matricule militaire en ligne (Arch. dép. de Charente-Maritime).
Arch. Dép. des Deux-Sèvres, 158 W 221. — Virginie Daudin et Dominique Tantin, Résister dans la Pays Mellois, 1940-1945, Niort, 2006. — Michel Chaumet, La Résistance en Deux-Sèvres, 1940-1944, Geste éditions, La Crèche, 2010.

Dominique Tantin

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