Né le 20 février 1912 à Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne), exécuté sommairement le 19 août 1944 à Chizon, commune de Sainte-Pezenne aujourd’hui rattachée à Niort (Deux-Sèvres) ; employé de banque ; résistant de l’Armée secrète.

René Goguelat
René Goguelat
Archives privées
Honneurs militaires à René Goguelat, Charles Lainé et Raymond Kopp à Chizon.
Honneurs militaires à René Goguelat, Charles Lainé et Raymond Kopp à Chizon.
Archives privées
Honneurs militaires lors de l'inhumation de René Goguelat, Charles Lainé et Raymond Kopp au cimetière de Lussais (Deux-Sèvres)
Honneurs militaires lors de l’inhumation de René Goguelat, Charles Lainé et Raymond Kopp au cimetière de Lussais (Deux-Sèvres)
Archives privées
Sépulture de René Goguelat, Charles Lainé et Raymond Kopp au cimetière de Lussais.
Sépulture de René Goguelat, Charles Lainé et Raymond Kopp au cimetière de Lussais.
Archives privées
Plaque commémorative apposée place de l'Eglise à Chef-Boutonne (Deux-Sèvres)
Plaque commémorative apposée place de l’Eglise à Chef-Boutonne (Deux-Sèvres)
Crédit : MémorialGenWeb
Plaque commémorative au cimetière de Villeneuve-Saint-Georges.
Plaque commémorative au cimetière de Villeneuve-Saint-Georges.
Cliché Annie Pennetier
Avenue et plaque des fusillés à Villeneuve-Saint-Georges
Avenue et plaque des fusillés à Villeneuve-Saint-Georges
Cliché Annie Pennetier
René Goguelat était le fils de Jean Goguelat, terrassier, et de Marie-Louise Turpin, infirmière. Il fut employé de banque à Paris, au Comptoir national d’escompte de Paris, puis à la direction de la Banque populaire d’escompte et de dépôt. Il était veuf de Marguerite Commeau et remarié en 1939 à Suzanne Marie-Madeleine Vidaud, employée à la Caisse des dépôts et consignations, dont la mère résidait à Lussais par Chef-Boutonne (Deux-Sèvres), ce qui explique la présence de René Goguelat dans le sud des Deux-Sèvres, où il s’était réfugié pour échapper au travail forcé en Allemagne. Il était père de deux enfants, Yvette née le 26 octobre 1937 à Villeneuve-Saint-Georges, et Jean, né le 1er mars 1942 à Paris. Il avait quitté Villeneuve-Saint-Georges au début de l’année 1944.
René Goguelat s’engagea dans les FFI en juillet 1944. Promu maréchal des logis au secteur 6, brigade 6 ouest, triangle 25 (Deux-Sèvres), il participa, sous les ordres du lieutenant Raymond Kopp (alias Parouty), chef d’un groupe de l’Armée secrète (AS) à l’attaque de Melle (Deux-Sèvres) le 13 août 1944. Les résistants firent des prisonniers, et ne pouvaient que redouter la réaction des Allemands. Kopp décida de se rendre à la Kommandantur de Niort le 14 août pour informer l’état-major allemand que les prisonniers seraient exécutés en cas de représailles. Kopp, en uniforme noir d’officier SS, accompagné de René Goguelat et Charles Lainé, vêtus d’uniformes allemands, et de Granet, s’arrêta dans la soirée à la distillerie pour se procurer du carburant. Les quatre hommes y furent interceptés par une patrouille de reconnaissance allemande. Le 8 janvier 1945, un témoin, Jean Fager – mobilisé sur le front de la poche de La Rochelle et en permission à Chef-Boutonne – a raconté, dans une déposition faite dans le cadre d’une enquête de gendarmerie sur les exécutions du 19 août au Chizon, les circonstances de l’arrestation du lieutenant Parouty et de ses compagnons. « Le 14 août, vers 21 h 15, j’ai été arrêté par les Allemands sur la place de Melle. Après m’avoir un peu brutalisé, ils m’ont conduit en camionnette à la distillerie de Melle où dans la grille d’entrée se trouvait la voiture Citroën pilotée par le lieutenant Parouty. Ce dernier était habillé en Allemand ainsi que Lainé et Goguelat. Ils étaient accompagnés de Granet demeurant à Mérilly, commune de Tillou (Deux-Sèvres) actuellement au même régiment que moi. Tous les quatre étaient dans la voiture. Les Allemands ont parlementé avec Parouty qui connaissait la langue allemande. [Que les autres passagers fussent incapables de s’exprimer dans cette langue ne pouvait qu’alerter les Allemands.] Ceux-ci ayant aperçu un drapeau tricolore dans la voiture Citroën en ont fait descendre les occupants et les ont fait mettre le long d’un mur. Étaient présents : Savary, directeur de la distillerie, et un autre employé que je ne connais pas. Ces quatre personnes ont été frappées et j’ai même cru qu’elles allaient être fusillées sur-le-champ. Parouty a parlé en allemand et tous ont monté dans la camionnette où j’étais. Nous avons été conduits à la caserne Du Guesclin à Niort (Deux-Sèvres). Dès notre arrivée nous avons été frappés à coups de pied et de crosses de fusil ainsi qu’avec des grenades à manche. Ceci, commandé par le capitaine Wesse ou Weis (sic) de la Gestapo se passait vers 23 h 30. J’ai été mis ensuite dans la cellule no 4 avec Parouty. Lainé, Goguelat et Granet étaient dans la cellule no 1. » Kopp et ses compagnons furent donc torturés par la Sipo-SD sous les ordres du capitaine Weiss. Selon Joseph Pineau, chef de bataillon de l’AS et président du CDL des Deux-Sèvres, « les Allemands les interrogent, renseignés par un traître – dont le nom est inconnu – qui assistait aux côtés de Parouty à la prise de Melle. Ils savent qu’ils ont fait des prisonniers et veulent leur faire indiquer le lieu de leur détention. »
Le mouchard assistait aux interrogatoires du 14 au soir et les jours suivants, ainsi que l’atteste Pierre Guienne, résistant arrêté à Fontenille le 15 août avec son père, lors du raid de représailles allemand. Ils avaient été témoins de la présence de ce personnage parmi les assaillants du 13 et avaient la garde de 7 prisonniers allemands. Pierre et André Guienne furent incarcérés avec Kopp et ses compagnons à Niort jusqu’au 19.
Selon le témoignage de Jean Fager, « Goguelat avait reçu plusieurs coups de crosse et avait le visage tuméfié ». René Goguelat a été fusillé avec Camille Gratien, Raymond Kopp et Charles Lainé à Chizon (Sainte-Pézenne, Niort) le 19 août 1944 à 21 h 30.
Les corps enterrés sur place furent exhumés en septembre 1944. René Goguelat fut inhumé le 26 septembre 1944 à Lussais, commune de Chef-Boutonne, avec Raymond Kopp et Charles Lainé.
Une messe fut dite à sa mémoire le 31 janvier 1945 au couvent des Dominicains à Paris.
René Goguelat fut déclaré « Mort pour la France » à titre militaire en 1945, il fut homologué FFI et Interné résistant (DIR). La Médaille de la Résistance lui fut attribuée à titre posthume par décret du 28 mars 1961, publié au JO du 1er avril 1961.
À Niort, le nom de René Goguelat est gravé sur la stèle aux neuf fusillés de Chizon, à Chef-Boutonne il apparaît sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative de la place des martyrs. À Villeneuve-Saint-Georges le nom de René Goguelat figure sur le monument aux morts au centre du cimetière ancien, sur une stèle « à la mémoire des héros de la Résistance et des déportés » au cimetière communal, sur une plaque commémorative apposée à l’entrée du Fort de Villeneuve-Saint-Georges, sur la plaque commémorative de l’église Saint-Georges et aussi sur une plaque apposée Avenue des fusillés à la mémoire des patriotes fusillés par les Allemands : André Bretagne, Roger Calvier, Gilbert Deschanciaux, Édouard Girard, René Goguelat, René Guégan, Raymond Guénot et Jean Guyonnet.
Une rue René Goguelat à Villeneuve-Saint-Georges honore son souvenir.
Lieu d’exécution et de massacre : Niort, Chizon de Sainte-Pezenne (Deux-Sèvres).
Sources

SOURCES : DAVCC, SHD Caen, AC 21 P 616721 et AC 21 P 195613. — SHD Vincennes GR 16 P 261444 (nc).— Arch. Dép. Deux-Sèvres, 158 W 221 et 224, R 363. — Arch. privées Jean-Marie Pouplain. — Pierre Guienne, témoignage du 19 août 2013. — Jean-Marie Castel, Les Villeneuvois et les Villeneuvoises sous l’Occupation (1940-1944), Montgeron, Debouis Gresil, 1990.

Dominique Tantin

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