PINAUD Eugène, Chéri [Pseudonyme : André]
Né le 24 juillet 1897 à Scorbé-Clairvaux (Vienne), fusillé après condamnation à mort le 22 février 1943 sur le champ de tir de Biard près de Poitiers (Vienne) ; ajusteur spécialisé à la Manufacture nationale d’armes de Châtellerault ; militant communiste ; résistant Organisation spéciale (OS), Front National et FTPF.
Avec Camille Blanzat, Maurice Bourgois, Didier Boizier, Fernand Marit et ses deux frères, il structura l’OS dès octobre 1940 à la Manufacture nationale d’armes et à Châtellerault. Le dossier d’homologation du groupe FTPF de Châtellerault (SHD Vincennes op. cit.) indique dans sa fiche introductive que le groupe se constitua « sous la direction de Blanzat Camille, Pinaud (orthographié Pineau) Eugène, Boizier Didier... », le nom d’Eugène Pinaud intervenant donc en second ce qui marque son importance dans le groupe. Il participa à la première réunion de l’État major de l’OS chez Mme. Henriette Marit le 18 octobre 1940 à Ozon, 8 bis Avenue Paul Painlevé. Les responsabilités furent réparties qui perdurèrent pour l’essentiel lorsque la formation se transforma en FTPF début 1942. A côté des commandements militaires furent désignés d’autres responsables : Joseph Carré alias « Papa » aux effectifs et Eugène Pinaud alias « André » (avec le grade de lieutenant) à la formation des groupes. Il réceptionna et distribua des tracts clandestins dont des caisses furent récupérées dans un café de Châtellerault, La Bonne Source, aida à la constitution des dépôts d’armes et à la fabrication des engins explosifs. Il devint aussi responsable du Front National à Châtellerault pour le secteur Ouest.
Sur ordre du préfet de la Vienne, il fut arrêté préventivement le 24 septembre 1942, à la veille du 150e anniversaire de la bataille de Valmy puis interné dans le centre de séjour surveillé de Rouillé (Vienne). Le dossier d’homologation du groupe FTPF de Châtellerault (SHD Vincennes op. cit.) indique dans sa fiche État des Morts : « Pineau Eugène, Évadé, repris, fusillé » mais ce point reste à vérifier.
Il fut transféré à la prison de la Pierre-Levée à Poitiers le 5 novembre suivant. Condamné à mort par le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 677 de Poitiers, il a été fusillé le 22 février 1943 sur le champ de tir de Biard. Il fut inhumé au cimetière de Biard. Son décès donna lieu à un acte sur le registre de Châtellerault le 7 mai 1943 ainsi libellé : « est décédé le 22 février 1943 à Biard, victime des événements de guerre ».
Son corps, avec celui de ses sept camarades de la « Manu » fusillés sur le champ de tir de Biard, fut rapatriés dans le carré des fusillés dans le cimetière de Châteauneuf (rang 2 tombe 4) à Châtellerault par la section du Parti communiste le 10 novembre 1944. Le 30 novembre 1944 furent célébrées des funérailles officielles.
Il obtint la mention mort pour la France et le statut Interné – Résistant (DIR). À la Libération, il a été homologué au grade de sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et a reçu à titre posthume la Médaille de la Résistance par décret du 29 novembre 1945. Son nom est inscrit sur le monument érigé à la mémoire des 128 fusillés sur le champ de tir de Biard, inauguré le 8 mai 1949, et sur le monument des martyrs de la Résistance à Châtellerault.
SOURCES : SHD AVCC, Caen. Cote AC 21 P 525892 et SHD Vincennes GR 16 P 478681 — Mémoire des hommes, dossiers d’homologation des formations FFI, groupe FTPF Châtellerault GR 19 P 86/44 — Arch. Dép. Vienne, 1921W8 et état civil, registre matricule, recensements — Marie-Claude Albert, Châtellerault sous l’Occupation, Geste Éd., 2005. — Au nom de la Résistance, hommage aux 128 fusillés, coll. Centre régional « Résistance & Liberté » et MIMC Office national des anciens combattants Vienne, Poitiers, 2013. — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb.
Virginie Daudin, Michel Thébault