Né le 11 février 1911 à Saint-Clair (Vienne), fusillé après condamnation à mort le 4 octobre 1943 au champ de tir de Biard près de Poitiers (Vienne) ; tourneur spécialisé ; résistant FTPF.

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Guy Thomas était le fils d’Honoré, Edmond, Hubert Thomas âgé de 23 ans, cultivateur et d’Alice, Célina Ribanneau âgée de 18 ans. Son père (né le 8 mars 1887 à Saint-Clair) fut mobilisé le 3 août 1914 pour la première guerre mondiale. Cité à l’ordre du régiment pour son courage le 22 octobre 1918, il fut grièvement blessé le 30 octobre 1918 et mourut des suites de ses blessures à l’hôpital d’Arcis-sur-Aube (Aube) le 10 novembre 1918 à la veille de l’armistice. Guy Thomas orphelin de guerre à 7 ans, fut adopté comme pupille de la Nation par jugement du Tribunal civil de Loudun le 1er mars 1919. Il se maria à Châtellerault (Vienne) le 29 novembre 1930 avec Alice, Désirée, Marcelle Vaslin (née en 1913). Ils eurent six enfants tous nés entre 1931 et 1941 à Châtellerault, Hubert en 1931, Guy en 1933, Yves en 1935, Marcel en 1936, Josette en 1938 et Jean rené en 1941. Au début des années 40, Guy Thomas, résidait à Châtellerault 10 rue des Moulins. Il exerçait la profession de manœuvre spécialisé à l’usine Rocher de Cenon-sur-Vienne (Vienne), commune limitrophe de Châtellerault. La coutellerie avait été rachetée en 1939 par Maurice Rocher, industriel spécialisé dans la mécanique, pour y fabriquer des moteurs industriels, des tracteurs, des machines à coudre et à écrire, des lampes électriques. L’entreprise fut réquisitionnée par l’occupant allemand, en même temps que la Manufacture d’Armes de Châtellerault dès le 23 juin 1940 et travailla dès lors pour l’industrie de guerre allemande (Maurice Rocher fut condamné après guerre et ses usines saisies). A elles seules les deux entreprises regroupaient pendant la guerre les 2/3 des ouvriers du secteur.
Guy Thomas s’engagea dans la Résistance rejoignant les FTPF de Châtellerault. Le dossier d’homologation du groupe FTPF de Châtellerault (SHD Vincennes op. cit.) dans sa fiche sur l’état nominatif pour activité du 18 octobre 1940 au 31 décembre 1942 le mentionne dans la liste comme sous-chef du 2ème groupe FTPF secteur Nord (avec André Susdorf). Il est également indiqué dans l’État major comme responsable adjoint pour Cenon. Il distribua des tracts, hébergea et ravitailla plusieurs militants FTPF dont des responsables connus sous les pseudonymes de « Pierre » et « René » de passage à Châtellerault. Il transporta des armes, sabota les outils de production à l’usine Rocher de Cenon-sur-Vienne et assura les liaisons avec Robert Gaillard et André Susdorf, tous deux fusillés respectivement au champ de tir de Biard le 19 juin 1943 et le 15 janvier 1944.
L’évasion de la Pierre Levée, instrumentalisée par les Allemands, d’un résistant FTP leur permit de remonter la filière des planques des résistants communistes. Cette trahison provoqua des arrestations en cascade. Une rafle menée par les policiers de la Section des affaires politiques (SAP) de Poitiers dirigée par le commissaire Rousselet, fut conduite le 8 juillet à Saint-Clair (Vienne). Guy Thomas fut arrêté à son tour par les agents de la SAP, le 11 juillet 1943 à Châtellerault. Il fut interné à la prison de la Pierre-Levée et le tribunal militaire allemand de la Felkommandantur 677 à Poitiers le condamna à mort. Il a été fusillé le 4 octobre 1943 sur le champ de tir de Biard avec son camarade Firmin Sapin. Son corps fut inhumé dans le cimetière de Fontaine-le-Comte.
Il obtint la mention Mort pour la France et le statut Interné-Résistant (DIR). Il reçut à titre posthume la Médaille de la Résistance par décret du 29 juin 1956. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Saint-Clair. Il figure également sur le monument érigé à la mémoire des 128 fusillés sur le champ de tir de Biard, inauguré le 8 mai 1949, sur le monument des martyrs de la Résistance à Châtellerault ainsi que sur le monument commémoratif 1939 – 1945 de l’usine Rocher à Cenon-sur-Vienne dédié "à la mémoire des membres du personnel de l’établissement (en tout 15 personnes) victimes des nazis et de leurs complices".
Sources

SOURCES : SHD Vincennes GR 16 P 569481 et SHD AVCC, Caen Cote AC 21 P 543930 (nc) — Mémoire des hommes, dossiers d’homologation des formations FFI, groupe FTPF Châtellerault GR 19 P 86/44 — Arch. Dép. Vienne 1921 W 8 et état civil, registre matricule, recensements.— Marie-Claude Albert, Châtellerault sous l’Occupation, La Crèche, Geste Éd., 2005. — Marie Claude Albert et David Hamelin L’épuration économique dans le département de la Vienne au prisme de deux procès d’industriels Presses Universitaires de Rennes. 2008 — Au nom de la Résistance, hommage aux 128 fusillés, coll. Centre régional « Résistance & Liberté » et MIMC Office national des anciens combattants Vienne, Poitiers, 2013. — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb.

Virginie Daudin, Michel Thébault

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